Le ton est donné. Tous les gestes de détente accomplis prédécemment sont en quelque sorte inversés. La censure de presse, qui avait été relâchée, redevient plus rigoureuse ; les relations avec l'Église, qui s'étaient quelque peu améliorées, se détériorent à nouveau (plusieurs évêques élèvent de violentes protestations contre la politique du régime et ses méthodes) ; le dialogue avec l'opposition est interrompu (le 22 octobre, le MDB est traité de « mystificateur ») ; enfin, des dirigeants communistes ou parfois même des sympathisants sont arrêtés et torturés.

La mort sous la torture, le 28 octobre, dans les locaux de la sécurité militaire de São Paulo, d'un journaliste connu, Wladimir Herzog, et l'arrestation de plusieurs centaines de personnes soulèvent dans le pays une vague de peur et d'indignation au point que certains observateurs se demandent si le général Geisel est encore maître de la situation et s'il n'est pas obligé de céder, malgré lui peut-être, aux généraux durs, hostiles à toute politique de détente. Cette dernière hypothèse semble la plus vraisemblable, surtout à partir du début de janvier 1976, lorsque les attaques du gouvernement visent alors directement les membres de l'opposition.

Deux députés de São Paulo sont privés, le 5 janvier, de leur mandat et suspendus de leurs droits politiques pour dix ans : ils étaient accusés par la police d'avoir des liens avec le parti communiste. Les 21 et 22 février, 5 parlementaires appartenant eux aussi au MDB sont arrêtés à Aracuju. Le 29 mars, deux autres députés de l'opposition sont encore cassés et privés de leurs droits, pour avoir dénoncé « l'aristocratie en uniforme qui domine le pays ». Enfin, deux jours plus tard, c'est un des leaders du MDB, le député de Rio, Lysaneas Maciel, qui est à son tour victime de la même mesure. La veille, lors d'un débat au Parlement, il avait attaqué le gouvernement en des termes particulièrement sévères.

L'objectif du pouvoir est manifestement de désorganiser l'opposition avant les élections municipales de novembre 1976. En effet, les gains qu'elle avait acquis lors des législatives ainsi que la crise économique et sociale (recrudescence de l'inflation, augmentation des prix, déficit croissant de la balance commerciale et enfin, autorisation aux capitaux étrangers d'exploiter le pétrole brésilien) lui donnent de sérieuses chances de remporter, sinon la victoire, tout au moins des succès qui apparaîtraient comme la condamnation ou la remise en cause du régime actuel. Or celui-ci n'est pas près d'accepter l'alternance.

La visite en France du général Geisel, à la fin du mois d'avril, marque un resserrement des liens entre Paris et Brasilia, déjà ébauchés par les deux ministres des Affaires étrangères Da Silveira et Sauvagnargues. Cependant ce séjour officiel suscite de violentes protestations notamment de religieux et d'évêques dénonçant la politique qualifiée de totalitaire et de répressive du gouvernement, soi-disant fondée sur les principes chrétiens.

Chili

Santiago. 10 410 000. 14. 1,7 %.
Économie. PNB (72) : 649. Production : G(72) 109 + A(73) 106 + I(73) 100. Énerg. (*73) : 1 458. C.E. (72) : 13 %.
Transports. (*73) : 3 475 M pass./km, 2 616 M t/km. (*73) : 225 200 + 161 700.  : 364 000 tjb. (73) : 553 M pass./km.
Information. (72) : 128 quotidiens. (72) : *1 500 000. (72) : *500 000. (71) : 245 700 fauteuils ; fréquentation : 44,6 M. (73) : 433 000.
Santé. (73) : 5 572. Mté inf. (71) : 70,9.
Éducation. Prim. (72) : 2 200 160. Sec. et techn. (71) : 366 099. Sup. (70) : 78 430.
Institutions. Une junte militaire gouverne par décrets depuis le coup d'État (11 sept. 1973) qui renverse le régime démocratique institué par la Constitution de 1925. Le chef de la junte, Augusto Pinochet, prend, le 17 décembre 1974, le titre de président de la République et chef de l'exécutif. Constitution en préparation.

Pinochet : déroute économique et isolement grandissant

L'isolement du Chili sur la scène internationale et la situation peu reluisante de son économie continuent à être les deux principaux sujets de préoccupation des dirigeants de Santiago. Ces derniers, réprimant toujours aussi sévèrement les activités subversives de l'opposition clandestine de gauche, demeurent l'objet de multiples accusations des organisations les plus diverses.