Lassitude diplomatique ou épuisement réel, I. Peron prend à la mi-septembre un mois de congé maladie, laissant l'intérim au président du Sénat, Italo Luder, qui se comporte en véritable chef de l'État.

Est-ce une manière pour Isabelita de préparer sa sortie ? On le croit à l'époque mais, lorsqu'elle revient, c'est pour affirmer qu'elle reprend les rênes. Son autorité, déjà sérieusement entamée, subit toutefois de nouvelles attaques : des accusations de corruption sont portées contre son entourage : elle-même est soupçonnée de détournement de fonds ; les leaders péronistes qui, jusque-là, en dépit de ses faiblesses ou de ses erreurs, l'avaient soutenue, commencent à mettre publiquement en doute ses capacités. Enfin, les opérations et les offensives des guérilleros argentins (50 morts à Tormosa en octobre) ont pris une envergure nécessitant pour la première fois l'intervention de la marine et de l'aviation. La situation se dégrade de jour en jour, et l'armée apparaît de plus en plus impatiente.

Rébellion

Le 18 décembre, des officiers de l'armée de l'air, qui se déclarent « nationalistes et chrétiens », entrent en rébellion ouverte contre le régime et demandent la démission immédiate de la présidente. Ils contrôlent plusieurs bases aériennes importantes, mais ne peuvent rien faire sans l'armée de terre. Or, celle-ci, sans cacher sa sympathie, décide de demeurer dans la légalité, à la demande du commandant en chef, le général Videla. Dans la nuit du 23 au 24 décembre, les guérilleros de l'ERP et les Monteneros lancent une attaque combinée contre l'arsenal de Buenos Aires. C'est la première fois que les révolutionnaires s'attaquent à la capitale, et il faudra plusieurs heures aux forces de l'ordre pour les déloger.

De Tucuman, l'un des foyers de la rébellion, le général Videla lance alors un appel solennel au gouvernement. Dénonçant la corruption et la faiblesse du pouvoir face aux terroristes, il déclare : « Nous observons avec la colère et la tristesse de vrais soldats les difficultés qui affligent la nation et pour lesquelles aucune solution n'est en vue. » C'est presque un ultimatum.

Dès lors, le sort d'Isabelita Peron est scellé. D'autant plus que les diverses mesures qu'elle prend (éloignement des ministres libéraux, ajournement des élections, annonce d'une révision de la Constitution, mise en congé du Parlement, rappel du Parlement deux jours plus tard...) témoignent d'un affolement proche de l'incohérence.

Le pouvoir n'est plus à conquérir, il est à ramasser. Et quand, quatre-vingt-dix jours après son appel, le général Videla s'installe à la tête de l'État, personne n'est étonné et aucune résistance sérieuse ne se manifeste.

Maîtres absolus, mais pour l'instant du moins assez peu triomphalistes et soucieux d'exercer leur autorité avec une certaine modération, les militaires argentins se sont donné un triple objectif : la « réorganisation nationale » (le péronisme est démantelé et la plupart des institutions démocratiques suspendues sine die), le redressement de l'économie (retour à une économie libérale et appel aux capitaux étrangers) et la lutte contre les guérilleros.

La violence et l'insécurité ne cessent de croître en Argentine. Le général Juan José Torres, ancien président de la Bolivie, en exil à Buenos Aires, est assassiné dans la capitale argentine, le 2 juin, seulement dix jours après l'assassinat de deux parlementaires uruguayens, Guttierez Ruiz et Zehmar Michelini.

Le gouvernement Videla durcit sa position le 4 juin en décidant la dissolution de quarante-sept organisations de gauche (politiques, syndicales et étudiantes).

Bahamas

Nassan. 200 000. 14. 4,2 %.
Économie. Énerg. (*73) : 4 922.
Transports. (*73) : 40 000 + 4 700.  : 153 000 tjb.
Information. (71) : 3 quotidiens ; tirage global : 30 000. (73) : *85 000. (71) : 4 100 fauteuils. (73) : 54 000.
Santé. (72) : 158. Mté inf. (73) : 32,6.
Éducation. (71). Prim. : 34 097. Sec. et techn. : 21 609.
Institutions. État indépendant le 10 juillet 1973. Constitution de 1969. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : sir Milo B. Butler. Premier ministre : Lynden O. Pindling.

Barbade (La)

Bridgetown. 240 000. 557. 0,8 %.
Économie. PNB (72) : 850. Énerg. (*73) : 1 152. C.E. (72) : 22 %.
Transports. (72) : 21 700 + 4 100.
Information. (72) : 1 quotidien ; tirage global : 27 000. (72) : *110 000. (73) : *35 000. (72) : 4 700 fauteuils ; fréquentation : 1,8 M. (73) : 39 000.
Santé. (73) : 160. Mté inf. (72) : 30,9.
Éducation. Prim. (69) : 40 338. Sec. et techn. (69) : 26 987. Sup. (70) : 689.
Institutions. État indépendant le 30 novembre 1966. Constitution de 1966. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : sir Winston Scott. Premier ministre : Errol Walton Barrow.

Bolivie

La Paz. 5 470 000. 5. 2,6 %.
Économie. PNB (72) : 221. Production : G(72) 109 + A(73) 156 + I(71) *113. Énerg. (*73) : 214. C.E. (72) : 18 %.
Transports. (71) : 270 M pass./km, 440 M t/km. (70) : *19 200 + *28 800. (73) : 90 M pass./km.
Information. (72) : 17 quotidiens ; tirage global : 194 000. (68) : *1 350 000. (72) : *11 000. (73) : 49 000.
Santé. (72) : 2 143. Mté inf. (66) : 77,3.
Éducation. Prim. (71) : 694 416. Sec. et techn. (71) : 99 751. Sup. (69) : 27 352.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1947. Président de la République : général Hugo Banzer Suarez, auteur du coup d'État militaire qui renverse, le 22 août 1971, le général Juan José Torrès Gonzales.

Fragilité

Face à une agitation croissante, le général Banzer maintient son pouvoir absolu, mais c'est au prix d'un isolement qui, apparemment, rend sa position plus fragile que les années passées.