La cote populaire de Nixon, qui avait été au plus haut jusqu'au printemps 1973, s'effondre (il est vrai que la persistance de l'inflation, puis la crise de l'énergie n'y sont pas étrangères).

De temps à autre, on peut croire que le chef de l'exécutif va réussir à remonter le courant. Mais chaque fois que les Américains semblent reprendre un peu confiance en leur président, de nouvelles révélations viennent réduire à néant les efforts de ce dernier.

En butte, dès le départ, aux attaques des libéraux et des démocrates, Nixon est abandonné au fil des mois par ceux qui, naguère, figuraient encore au nombre de ses partisans les plus chaleureux, tels le sénateur conservateur James Buckley, le sénateur Hugh Scott, figure de proue du Grand Old Party, ou le patron de presse Randolph Hearst. Certains d'entre eux n'hésitent pas à lui demander de démissionner. Nixon écarte à maintes reprises cette éventualité, mais, à partir d'octobre, la menace d'une destitution du président par le Congrès se précise de façon, semble-t-il, irréversible. Le camp républicain, déjà ébranlé en août par l'affaire Agnew, craint de subir aux élections législatives de novembre 1974 le contrecoup du discrédit dont Nixon est l'objet. Quatre échecs à des consultations partielles, notamment celui qui est essuyé le 16 avril dans le Michigan où Nixon est allé faire personnellement campagne en faveur du représentant de son parti, viennent d'ailleurs justifier amplement ces angoisses.

Énergie

Jusqu'au début de l'été, la crise de l'énergie était restée, en règle générale, un sujet de discussion pour spécialistes et une menace toute théorique. Cependant, si l'essence ne fait pas défaut, des distributeurs ont de plus en plus souvent recours à un rationnement volontaire, à titre de précaution. Les raffineries tournent à leur pleine capacité, mais les stocks du pays ne dépassent pas une trentaine de jours.

C'est alors qu'éclate, en octobre, la guerre du Proche-Orient. Les pays arabes producteurs de pétrole annoncent, le 17, une réduction de leurs livraisons aux États-Unis par mesure de représailles contre l'aide que ceux-ci apportent à Israël.

Le 18 octobre, les membres du Congrès, répondant aux vœux du gouvernement, se mettent d'accord sur un texte de loi qui balaie les obstacles à la mise en chantier immédiate de l'oléoduc de l'Alaska.

Le 7 novembre, le président Nixon expose à la nation un plan tendant à économiser l'énergie : « Nous allons, dit-il, devoir faire face à la plus grave pénurie qui se soit produite depuis la Seconde Guerre mondiale. » Il précise que les approvisionnements du pays en pétrole vont être réduits « d'au moins 10 %, peut-être de 17 % ». Il propose donc l'adoption d'une législation d'urgence, prévoyant notamment le retour immédiat à l'heure d'été, une certaine marge de tolérance en matière de pollution, la réduction des heures d'ouverture dans les centres commerciaux et la limitation de la vitesse sur les routes à 50 miles (80 km) à l'heure. Il invite les Américains à ramener la température à 18-20 °C dans les locaux administratifs et les logements.

Restrictions

Nixon évoque par ailleurs un projet, baptisé Independence, qui doit permettre aux États-Unis d'acquérir d'ici à 1980 leur autonomie en matière d'énergie, grâce à l'exploitation intensive du charbon, du pétrole, du gaz naturel et de l'énergie atomique.

Le 19, une loi est votée par le Sénat, qui accorde des pouvoirs exceptionnels au président en vue de réduire d'un quart la consommation des produits pétroliers.

Le 21, Henry Kissinger (qui a été nommé secrétaire d'État le 22 août en remplacement de William Rogers) met les pays arabes en garde contre des pressions économiques prolongées et évoque la possibilité de contre-mesures.

Le 25, Nixon, désireux d'éviter un rationnement autoritaire, recommande la fermeture des pompes le dimanche, une réduction des livraisons de fuel (10 % pour l'industrie, 15 % pour les habitations, 25 % pour les magasins), l'interdiction des illuminations et une amputation d'un quart sur les dotations en carburant pour les transports aériens.