Les conséquences de la crise ne tardent pas à se faire sentir : à la Bourse de New York, les valeurs accusent une baisse impressionnante. La General Motors, qui constate une chute sensible de ses ventes d'automobiles, décide de fermer 16 de ses usines pendant une semaine. Des camionneurs barrent les routes pour protester à la fois contre la limitation de vitesse et l'augmentation du prix du carburant (un mouvement de grève suivra, qui se prolongera jusqu'en février). Les constructeurs de Detroit sont amenés à faire porter leurs efforts sur la fabrication de petites voitures. À partir de la fin décembre, de longues files se forment devant les stations-service. Sur les lignes aériennes, la suppression de dizaines de vols quotidiens entraîne des milliers de licenciements.

Programme

Entre-temps, le président a créé, le 4 décembre, un Bureau fédéral de l'énergie, à la tête duquel il a nommé le secrétaire adjoint au Trésor, William Simon (ce dernier sera nommé secrétaire au Trésor le 17 avril, en remplacement de George Shultz, démissionnaire). Le Sénat a voté, le 7, un programme décennal de développement de l'énergie (20 milliards de dollars) et, le 10, une loi sur les économies de carburant.

Le 9 janvier, Nixon prend l'initiative d'une conférence sur l'énergie qui réunirait à Washington les représentants de huit pays industrialisés et permettrait de mettre sur pied un programme d'action à l'usage des grands consommateurs de pétrole. Cette conférence a lieu un mois plus tard. Elle laisse apparaître, les 11 et 12 février, de sérieuses divergences entre la France, favorable à des accords bilatéraux, et les États-Unis, qui, soutenus par les autres participants, préconisent une large coopération internationale, mais semblent viser en fait à reconstituer sous leur autorité l'unité politique (et militaire) du monde atlantique, auquel se joint désormais le Japon.

Le 18 mars, les pays arabes (à l'exception de la Libye, de la Syrie et de l'Irak) décident de lever l'embargo sur les livraisons de pétrole à destination des États-Unis. À partir de janvier cependant, des voix se sont élevées pour critiquer le rôle des grandes compagnies pétrolières dans la crise. Une sous-commission est ainsi chargée par le Sénat d'enquêter sur le fait que ces dernières auraient, en 1973, majoré leurs bénéfices de 40 à 45 %, alors que leurs ventes n'ont progressé que de 6 %. Le sénateur Henry Jackson, président de la sous-commission, déclarera notamment, à l'adresse des sept principales firmes pétrolières : « Je ne puis pas prouver que vous ayez été les instigatrices de la crise, mais il est évident que vous en avez largement tiré profit. » Les compagnies se défendront en achetant des pages entières de journaux pour exposer leur situation et souligner que l'essentiel de leurs bénéfices a été tiré de leurs activités hors des États-Unis. En outre, précisent-elles, les résultats ont été gonflés par la réévaluation des stocks à la suite de la hausse des prix.

Économie

Inflation et hausse des prix : tels ont été les deux principaux soucis des responsables de l'économie américaine tout au long d'une année jalonnée de records impressionnants. C'est ainsi qu'en août l'explosion des prix des produits alimentaires et agricoles provoque une augmentation de 6,2 % de l'indice des prix de gros. Ce taux dépasse toutes les progressions enregistrées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En janvier, le même indice grimpe de 3,1 %, l'augmentation brutale des produits pétroliers expliquant en partie cette nouvelle flambée.

À la fin du premier trimestre de 1974, le taux d'inflation annuel s'établit à 13,6 % et, par rapport à mars 1973, la hausse ressort à 10,2 %. Simultanément, la production industrielle tend à fléchir, et le produit national brut, qui s'était accru de façon satisfaisante durant le dernier trimestre de 1973 (+ 1,6 %), accuse une baisse de 5,8 % au cours du premier trimestre de 1974. C'est la première baisse du PNB depuis 1970 et la plus importante des seize années écoulées.