Onze femmes en 1967 et neuf en 1968 siégeaient au Palais-Bourbon.

Une malencontreuse coquille nous a fait dire que le gouvernement avait été formé le 6 avril 1972. C'est bien évidemment le 6 avril 1973 qu'il faut lire :

Diplomatie

Dans le domaine religieux, deux initiatives des hiérarchies suscitent également des mouvements divers. Dans une déclaration solennelle, l'épiscopat et la fédération protestante de France condamnent le commerce des armes, qui fait de notre pays le troisième fournisseur au monde des belligérants, des régimes autoritaires et des révolutionnaires de tous les camps. Cette situation déjà était âprement dénoncée par des manifestants gauchistes ou chrétiens, non-violents, défenseurs de l'objection de conscience, hostiles à l'agrandissement des camps militaires, notamment au Larzac, aux installations stratégiques, aux expériences nucléaires et, finalement, au service militaire. La perspective d'essais nucléaires français dans le Pacifique, au début de l'été, devait d'ailleurs rencontrer de nombreuses oppositions en France et plus encore en Océanie, où les gouvernements – australien et néo-zélandais en particulier – multipliaient en vain les démarches pressantes à Paris, les plaintes devant les instances internationales.

Par un second biais, l'épiscopat français devait bientôt relancer une autre discussion de politique extérieure. Le 16 avril, en effet, il publiait une déclaration de son Comité pour les relations avec le judaïsme qui évoquait le droit du peuple juif « à une existence politique propre ». Ce texte soulève des remous dans l'opinion, engendre de vives protestations des gouvernements arabes et provoque le rappel par le Vatican de ses positions, plus nuancées.

Ce sont là, on le voit, des préoccupations bien éloignées de ce que Malraux nommait jadis « la politique politicienne ». Tandis que le Parlement laisse paraître son essoufflement, son inadéquation – malgré les efforts du nouveau président de l'Assemblée –, les soucis des Français demeurent plus que jamais en relation avec leur quête du bonheur ou leur recherche malaisée, confuse, délicate, d'un nouvel équilibre de vie et de pensée. Ils semblent se soucier assez peu, malgré les initiatives de l'épiscopat, de ce qui se passe hors de leurs frontières.

Si le conflit du Proche-Orient donne lieu à des épisodes violents et contrastés, si les pro-Israéliens se heurtent parfois aux pro-Palestiniens, la guerre du Viêt-nam s'achemine, non sans rebondissements, vers une paix fragile et dangereuse. Mis à part l'aspect spectaculaire de telle agression, comme celle dont sont victimes les athlètes israéliens aux Jeux de Munich en août 1972, ou bien les chefs palestiniens abattus en plein cœur de Beyrouth par un commando juif au mois d'avril 1973, les échos des conflits qui déchirent le monde ne parviennent qu'assourdis dans une France plutôt prospère et assez heureuse.

Soulèvement

L'année 1973, pourtant, apparaît comme une année clef pour l'Europe et peut-être pour le monde. Le rapprochement américano-soviétique s'accentue de semaine en semaine, couronné par la visite en juin de L. Brejnev aux États-Unis. Le « modus vivendi » sino-américain, les accords germano-soviétiques puis interallemands, le rapprochement sino-japonais et, pour notre continent, l'entrée enfin réalisée au 1er janvier de trois nouveaux partenaires (dont la Grande-Bretagne) dans le Marché commun, tous ces événements de première grandeur témoignent des rapides changements en cours sur la planète.

Au milieu de cette effervescence, la France semble se tenir sur la réserve, un peu à l'écart. Son président rencontre tour à tour, à diverses reprises au cours de ces douze mois, Nixon, Heath, Brandt, Brejnev. Il se prépare à visiter la Chine à l'automne, puis le Japon. Paris est le cadre des conférences de paix au Viêt-nam. Dans les grandes rencontres internationales, à la conférence d'Helsinki, à l'ONU, la France est présente sans paraître très active. La crise monétaire l'alarme sans l'accabler autant que tel ou tel de ses partenaires. Tout spécialement préparée à prendre sa part du courant nationaliste qui reparaît un peu partout, elle l'est moins, semble-t-il, à jouer un rôle important dans les grandes confrontations (pétrolière, monétaire et commerciale) qui dominent l'activité diplomatique mondiale.