Apparemment, le chômage est réduit : pour une population active de 70 000 personnes, on comptait, en août 1970, 627 chômeurs seulement, dont plus de la moitié âgés de plus de soixante ans ; à la même époque, il y avait 1 184 demandes d'emploi (émanant pour la moitié de femmes) et plus de 800 offres d'emploi.

Mais l'inadaptation de la demande à l'offre complique les choses : sur les 1 500 jeunes qui quittent chaque année l'enseignement technique, la moitié se destinent à des emplois tertiaires. Par ailleurs, le chômage partiel conduit de nombreuses entreprises à diminuer les horaires, qui atteignent parfois 32 heures hebdomadaires, et les licenciements aggravent l'inquiétude des travailleurs. D'après les statistiques de la direction de la main-d'œuvre, les Ardennes ont perdu environ 1 600 personnes chaque année de 1962 à 1968.

Cette évolution est d'autant plus inquiétante que la population du département a diminué de 3,2 % pendant cette période en raison des migrations. Un siècle auparavant, on constate que les Ardennes étalent plus peuplées qu'en 1968... Après la défection de Ford, la région attend de nouveaux sauveurs.

Franche-Comté

Feu vert donné, au début de 1971, à l'autoroute A 36 : partant de l'autoroute de la rive droite du Rhin, l'Hafraba (Hambourg-Francfort-Bâle), elle doit rejoindre l'autoroute A 6 à Beaune, en passant par Mulhouse, Belfort, Montbéliard, Besançon et Dôle. C'est un événement pour cette région enclavée entre la Bourgogne, la Lorraine et la vallée du Rhin, où le problème des transports a toujours pris une très grande importance et où Besançon a dû attendre 1970 pour accueillir son premier train électrique.

Tous les responsables de la région avaient donné la priorité absolue à cette liaison autoroutière, qui doit replacer la Franche-Comté dans les grands courants d'échanges européens, sur les autres infrastructures espérées depuis des années ; et, notamment, sur le canal à grand gabarit Rhin-Rhône. La voie autoroutière passe désormais avant la voie d'eau.

Languedoc-Roussillon

Les déclarations, en août 1970, d'Albin Chalandon, ministre de l'Équipement, selon lesquelles l'opération touristique d'aménagement du Languedoc-Roussillon (700 000 lits répartis en six unités touristiques sur 200 km de plages) devait être freinée, ont eu d'importantes répercussions sur la vie de la région. Le gouvernement a aussitôt précisé qu'il n'était pas question de revenir en arrière et encore moins d'arrêter une opération considérée comme irréversible.

Mais la déclaration fracassante de A. Chalandon a eu le mérite de révéler la sous-industrialisation d'une région que de toute évidence l'industrie du tourisme seule ne parviendrait pas, il s'en faut de beaucoup, à faire vivre.

Le secteur industriel emploie 16 % de la population active, contre 28 % pour la France entière, et un rapport rédigé à la demande du Premier ministre révélait un taux d'activité plus bas que partout ailleurs, une baisse accélérée du nombre des emplois agricoles, un sous-emploi important et un défaut flagrant de formation professionnelle.

La Chambre régionale de commerce et d'industrie, tout en souhaitant la poursuite de l'opération touristique (indispensable, notamment, pour la survie des entreprises du bâtiment et des travaux publics et l'activité de leurs 70 000 employés), se montre d'accord avec A. Chalandon sur la nécessité d'un plan plus ambitieux : équipement des zones de montagne et de l'arrière-pays, installation d'industries dites propres (électronique, matières plastiques, mécanique légère, bureaux d'études, bureaux d'administrations, etc.).

Limousin

Limoges, métropole régionale du Limousin, est une ville qui bouge : le plan d'urbanisme, adopté le 22 décembre 1970 par le Conseil municipal, trace les grandes lignes de son développement. Le territoire communal comprendra trois zones : une zone industrielle, une zone rurale comprenant un secteur forestier, qui sera sauvegardé, et une zone où l'habitat traditionnel dominera.

Ces diverses parties de l'agglomération seront reliées par des voies rapides qui traverseront les localités de la banlieue. Une déviation de la RN 141 permettra de desservir, à l'ouest, le nouvel aéroport de Bellegarde, tandis qu'à l'est elle sera raccordée à la RN 20.