Le lendemain, le « banquier » avait disparu en abandonnant sa Rolls-Royce à Orly. Il fallut un mois pour retrouver sa trace... au Paraguay, où il s'était enfui en emportant 750 000 F. Les autorités locales l'arrêtèrent. Pas pour longtemps. Comme il n'y a pas de traité d'extradition entre Asuncion et Paris, Travers a été relâché et son argent, qui avait été confisqué, lui a été restitué. Il coule désormais de beaux jours en Amérique du Sud.

Pendant ce temps, à Paris, les clients portaient plainte (timidement), car ils craignaient aussi d'être inquiétés par le fisc. Au total, c'est 250 millions qu'ils avaient confiés à Travers. La société de Litra a été mise en état de règlement judiciaire. Les propriétés du banquier (tableaux de maître, un yacht, des propriétés, de l'or) ont été mises dans la masse commune.

Enfants intoxiqués par de la viande hachée

Cinq tonnes de viande sont volées chaque nuit aux Halles, révélait au mois de novembre 1967 A. Drugbert, président de la confédération française de la boucherie. Or, certains consommateurs l'ont appris à leurs dépens, un tel trafic ne brave pas seulement l'honnêteté : il met aussi en péril la santé publique. La viande dérobée est souvent transportée et entreposée dans des conditions d'hygiène douteuses. Quelques jours avant l'intervention de A. Drugbert, un scandale avait éclaté à Créteil. Plusieurs enfants avaient été intoxiqués par de la viande hachée à laquelle un boucher, Jean-Pierre Cohort, mêlait des morceaux de cheval avariés, chair qui, lorsqu'elle commence à se décomposer, est particulièrement propre à transmettre une maladie redoutable, la salmonellose. Mais le trafic des viandes d'origine et de qualité douteuses n'est pas limité à l'hippophagie. D'autres affaires l'ont montré avec l'arrestation de plusieurs bouchers de la région parisienne.

Rosbif malsain

Le mal existe aussi en province. À Nice, en octobre, le directeur d'un supermarché a été condamné pour avoir vendu à de nombreux clients des viandes et spécialement du rosbif malsains.

À Toulouse, un charcutier a subi, lui aussi, une condamnation pour avoir saupoudré au sulfite de soude les morceaux proposés à la clientèle. Le sulfite de soude, en effet, présente l'avantage de redonner à la viande avancée un aspect appétissant...

En France, quinze délits de ce genre sont relevés mensuellement par les inspecteurs du service de la répression des fraudes. Résultat : au début de novembre, on constatait alors qu'une « véritable psychose de la viande » était en train de se développer dans tout le pays.

Tornades et tremblements de terre

Deux cataclysmes, l'un au nord, l'autre au sud de la France, ont été durement ressentis.

Au début de l'été, le 24 juin 1967, une tornade d'une violence inouïe a ravagé une dizaine de localités du Nord et du Pas-de-Calais. Deux villages ont été particulièrement éprouvés : Fontaine-au-Bois et Pommereuil.

Le vent, qui put arracher les arbres dans une forêt, vider une rivière de son eau et de ses poissons, pousser des wagons sur une distance de 5 km, souleva également les toitures, ébranla les murs, jeta à bas des maisons. Huit cent cinquante demeures furent atteintes. Mais il y eut surtout des morts — 8 — et 70 blessés.

Moins de deux mois plus tard, au milieu du mois d'août, Arette, bourg de 1 000 habitants dans les Basses-Pyrénées, était ravagé par un tremblement de terre, qui secoua aussi beaucoup de localités environnantes.

Le séisme — qui fit un mort et, cette fois encore, de nombreux blessés — jeta à bas des habitations, lézarda les autres. Mille familles se trouvèrent sans abri. Le clocher d'Arette, datant de 1692, ne reposait plus que sur un pan de mur : il dut être abattu.

Sous les décombres

Les catastrophes de Pommereuil et d'Arette allaient amener devant l'opinion publique un problème nouveau : comment et dans quelle mesure l'État doit-il secourir et indemniser les victimes des cataclysmes naturels ? Les pouvoirs publics ont estimé qu'il s'agissait là d'un devoir, mais non d'un droit pour les sinistrés. Il est juste d'ajouter que ce devoir a été rempli à peu près convenablement.