Il n'en sera rien. François, mineur de moins de seize ans, ne risque qu'une peine de dix à vingt ans de prison.

La « Minerve » disparaît au large de Toulon

Le sous-marin Minerve a disparu le samedi 27 janvier 1968 au large de Toulon, alors qu'il manœuvrait. C'est un drame humain — l'équipage comptait 52 hommes. Mais c'est aussi — et ce sera toujours — un mystère. Comment un des plus modernes de nos bâtiments de plongée a-t-il pu être ainsi subitement englouti ? Les navires de la Marine nationale, le Télénaute du commandant Cousteau, l'aviation, avec l'aide de techniciens britanniques armés des sonars les plus perfectionnés, ont pendant plusieurs jours opéré des recherches, mais n'ont pu ni retrouver des survivants ni découvrir le moindre morceau d'épave pour résoudre l'énigme. « La Minerve était en parfait état de marche », ont déclaré les autorités.

Il ne restait plus qu'à s'incliner devant les disparus. C'est ce que fit le chef de l'État. Le général de Gaulle, le 8 février, s'embarque à Toulon, à bord de l'Eurydice, frère jumeau de la Minerve. Il y passe une heure en plongée, puis jette une gerbe dans la mer... C'était la première fois qu'un président de la République descendait sous la mer depuis Emile Loubet, en 1901.

Des notaires indélicats

Au mois de novembre 1967, le tribunal de grande instance de Grasse inflige deux ans de prison à un notaire de Cannes, Me Jean Traissac, tandis que celui de Nice condamne à trois ans de prison avec sursis Me Georges Léger, notaire à Menton. Au début du mois de décembre, la cour d'assises de Bordeaux condamne à cinq ans de prison un autre notaire, Me Pierre Dubusset. Une semaine plus tard, la cour d'assises des Alpes-Maritimes voit comparaître encore un notaire, Me Amiel, d'Antibes, et le frappe d'une peine de huit ans de réclusion. Quatre jours plus tôt, elle a jugé un cinquième notaire, Me Paul Saol, qui récolta trois ans de prison et le sursis.

Cela fait beaucoup de notaires traduits en justice — même si la profession comprend plus de 6 000 membres en France. D'autant plus que les exemples cités font suite à d'autres scandales : l'affaire Boyancé, à Six-Fours ; l'affaire Girard-Dehaussy, dans le Nord, qui remontent à 1966.

Les notaires indélicats — dont la plupart résident sur la Côte d'Azur — ont presque toujours cédé à la même tentation : prêter de l'argent à des promoteurs de la construction et en tirer de gros bénéfices. De trou en trou, ils se trouvent conduits à des abus de confiance, à la confection de faux, à l'émission ou à l'acceptation de chèques sans provision, à des escroqueries.

Certes, en principe, la caisse de garantie des notaires indemnise les victimes. Mais, au début de 1968, il restait encore 30 millions à verser pour couvrir les dettes de Me Boyancé, de Six-Fours.

Le plus grave, dans ce genre d'affaire, est que ce sont surtout des petits épargnants qui sont lésés. Et c'est aussi une des institutions les plus traditionnelles de la France ancienne qui se trouve entachée de suspicion.

Travers et la « banque de Litra »

Comment faire fortune, quand on part de rien ? Pierre Travers avait trouvé le meilleur moyen : fonder une banque. À vrai dire, il s'agissait d'une banque clandestine, ce qui rapporte gros, mais a aussi l'inconvénient d'être illégal.

Pierre Travers avait pourtant imaginé une couverture d'apparence très officielle. Il avait même pignon sur rue : la société de Litra et Cie dont le siège se trouvait 17, avenue Victor-Hugo, à Paris. Ses activités déclarées ? Le commerce des métaux précieux, notamment de l'or — ce qui est parfaitement autorisé. En fait, les clients — on en découvrira près de 5 000 — signaient bien, en confiant leur argent, des ordres d'achat d'or. Mais il était convenu que cet or resterait en dépôt au siège de la société. Bien entendu, Pierre Travers ne convertissait qu'une partie de la somme en métal.

Avec l'accord de ses mandants (en principe) il faisait fructifier le reste. L'intérêt versé était de 9 %, libre évidemment de tout impôt. Quelles étaient les opérations qui permettaient de verser un si gros pourcentage ? On ne le sait pas très bien au juste : en tout cas, parmi elles, on a constaté des spéculations sur des terrains de la Côte d'Azur.

De beaux jours

La commission de contrôle des banques avait fini par porter plainte. Verser des intérêts à des clients pour des dépôts est une opération bancaire, et Pierre Travers faisait en quelque sorte une concurrence illégale aux établissements de crédit. Voilà pourquoi, au milieu d'octobre 1967, une perquisition eut lieu au siège de la société de Litra et dans le luxueux appartement que son PDG occupait 1, avenue Ingres.