Année de transition et de consolidation. Devenu le maître d'un pays, le général Suharto a poursuivi méthodiquement — mais non sans difficulté — la grande reconversion.

Jusqu'alors président par intérim, le 27 mars 1968, le général Suharto est élu président de la République par le Congrès. Consécration du pouvoir de l'armée et de son chef. Les derniers mois qui ont précédé cette élection ont encore été marqués par des épisodes sanglants : découverte d'un complot au sein de l'armée, procès et exécutions des partisans de Sukarno ou de dirigeants communistes, rébellion à Bornéo, agitation à Java, chasse aux sorcières à Sumatra, regain de manifestations d'étudiants... Mais l'opposition est chaque fois rapidement jugulée.

Sur le terrain économique, le général Suharto a engagé la bataille dont dépendra son régime. Il a hérité d'une situation catastrophique : inflation galopante (65 % par an) ; dette extérieure écrasante (plus de 5 milliards de francs), dont les intérêts absorbent 70 % des recettes budgétaires ; production paralysée. Sans abandonner encore toutes les structures socialistes, le nouveau président a amorcé un retour au libéralisme : pour juguler l'inflation, il a pris de sévères mesures d'économie et arrêté les investissements ; pour soulager les finances extérieures, il a obtenu des grandes puissances du groupe de La Haye un moratoire, et des États-Unis, en particulier, une aide en dollars ; pour relancer la production, il a fait appel aux capitaux étrangers, annulant certaines nationalisations. La France a largement participé à cette rentrée des Occidentaux dans l'économie indonésienne, participation qu'est venue illustrer l'inauguration par un ministre français, Olivier Guichard, du barrage de Djatiluhur. Mais le pays le plus en flèche dans cette collaboration économique est le Japon, dont l'influence est de plus en plus importante. Ce rapprochement nippo-indonésien a été consacré par une visite du général Suharto à Tōkyō.

Conséquence de l'établissement de l'ordre nouveau, la rupture avec la Chine communiste : elle a été effective dès le mois d'octobre et s'est accompagnée de mesures très sévères contre les 3 millions de Chinois d'Indonésie.

Irak

8 338 000. 18. 3,3 %. Consomm. énergie (*65) : 581 kg e.c.
Transports. Rail (62) : 530 M pass./km, 722 M t/km. Parc autos (*65) : 62 900 + 24 000. Aviat. civ. (*65) : 58 013 000 pass./km.
Information. Journaux (63) : 8 quotidiens ; tirage global : 85 000. Récepteurs radio (64) : *700 000. Téléviseurs (64) : *150 000. Cinéma : 84 salles ; fréquentation : 8,3 M. Postes téléphone : *65 000.
Santé (64). 1 470 médecins.
Éducation (64). Prim. : 957 841. Sec. et techn. : 239 313. Sup. (63) : 19 811.
Institutions. État indépendant le 4 octobre 1923. République, proclamé le 14 juillet 1958. Constitution provisoire de 1964. Président de la République : général Abdel Rahman Aref, qui succède, le 17 avril 1966, à son frère Salam Aref, décédé. Premier ministre : Taher Yehia.

Iran

25 500 000. 15. 2,5 %. Consomm. énergie (*65) : 391 kg e.c.
Transports. Rail (*65) : 1 091 M pass./km, 2 311 M t//km. Parc autos (64) : *105 900 + 44 100. Aviat. civ. (*65) :170 484 000 pass./km.
Information. Journaux (61) : 27 quotidiens ; tirage global : 312 000. Récepteurs radio (63) : 160 000. Téléviseurs : *110 000. Cinéma (64) : 280 salles ; fréquentation (61) : 52 M. Postes téléphone : 207 530.
Santé (64). 7 090 médecins.
Éducation. Prim. : 2 130 000. Sec. et techn. : 499 000. Sup. : 26 000.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1906. Souverain : Mohammed Reza Pahlavi, depuis l'abdication de son père en 1941. Premier ministre : Amir Abbas Hoveida.

L'année est marquée par les fêtes somptueuses du couronnement du chah, le 26 octobre 1967. L'impératrice Farah est, en 2 513 ans d'histoire perse, la première femme à ceindre la couronne. Une Assemblée constituante l'avait nommée, le 7 septembre, « régente d'empire » ; elle présiderait le Conseil de régence en cas de décès du chah.