La plus retentissante de ces crises a été celle du Bengale occidental. Pendant quatre mois, Calcutta est le théâtre de grèves et d'émeutes populaires. Lâché par un de ses ministres, Gosh, et 15 députés qui lui assuraient la majorité, le président du Conseil, Mukherfee, refuse de réunir le Parlement et de démissionner.

Révoqué par le gouverneur, il est remplacé par Gosh lui-même, mais l'Assemblée refuse de voter l'investiture. Faute de députés, Gosh fait appel aux juges, qui lui donnent ce que les premiers lui refusent : la légitimité. Mais c'est la rue, cette fois, qui la récuse. Le gouvernement central intervient alors, renvoie les opposants dos à dos, suspend la constitution et institue le « régime présidentiel ».

Deux autres États. l'Uttar Pradesh (le plus peuplé de l'Inde) et l'Haryana, ont été ainsi — faute d'une issue légale à la crise — placés sous l'administration directe du président de la République, c'est-à-dire du gouvernement central. À eux trois, ces États représentent le quart de la population.

Les langues régionales et l'anglais

C'est sans doute un autre enjeu qui a le plus profondément remué les masses indiennes : la querelle linguistique. Rappelons-en brièvement les éléments : 40 % de la population indienne, en majorité dans le Nord, parle l'hindi, qui est inscrit dans la constitution comme « langue officielle de l'Union indienne ». Une forte proportion des Indiens, et en particulier les habitants du Sud, l'ignore et la refuse, soupçonnant les « gens du Nord » de vouloir en faire un tremplin pour assurer leur prédominance dans la nation.

La solution provisoire adoptée par Nehru était assez paradoxale, puisqu'elle faisait de l'anglais (parlé par 5 % environ) la langue officielle, pendant 15 ans. Elle permit d'apaiser les esprits. Un projet de loi du gouvernement prévoyant le maintien de ce privilège de l'anglais pendant encore dix à quinze ans, ainsi que le respect de toutes les langues régionales, rouvre brutalement la querelle, provoquant une explosion de violences et suscitant la démission du ministre des Affaires étrangères, Chagla.

En dépit de toutes les secousses et de toutes les menaces qui planent sur son unité, c'est finalement un bilan assez réconfortant que l'Inde a offert aux centaines de délégués venus en mars à Delhi participer à la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

En tête de ce bilan, deux faits : l'augmentation du revenu national brut de 10 % ; une récolte sans précédent, due aussi bien aux faveurs de la mousson qu'à un effort considérable pour améliorer méthodes et rendements : 95 millions de tonnes de céréales (presque le but fixé par le plan), 20 millions de plus que l'année précédente. Pour assurer la soudure, l'Inde n'aura besoin d'importer que 5 millions de tonnes de céréales, succès d'une importance capitale dans un pays toujours menacé par la famine.

Légère baisse du taux de la natalité

Sans doute ces progrès ont-ils des limites, dont la première est l'augmentation démographique galopante. Evoquant les ambitions du 4e plan quinquennal, le ministre du Travail ne reconnaissait-il pas que, compte tenu de la création de 19 millions d'emplois nouveaux, il y aura néanmoins, dans 5 ans, 5 millions de nouveaux chômeurs qui viendront s'ajouter aux 10 millions actuels, la population active devant s'accroître de 23 millions de personnes.

D'où l'énorme effort accompli pour ralentir la natalité. Effort qui prend parfois des formes curieuses — libération anticipée des condamnés acceptant de se faire stériliser — ou choquantes pour certains, tel ce projet de loi visant à rendre obligatoire la stérilisation des pères de trois enfants, projet d'ailleurs abandonné. Il semble, néanmoins, que sur ce terrain aussi des résultats sont près d'être acquis : pour la première fois, le taux de natalité (40 p. 1 000) a accusé une légère baisse. C'est là, sans aucun doute, un des chiffres qui conditionnent tout l'avenir de l'Inde.

Indonésie

107 M. 72. 2,2 %. Consomm. énergie (*65) : 111 kg e.c.
Transports. Rail (63) : 6 262 M pass./km, 951 M t/km. Parc autos (*65) : *151 000 + *108 400. Mar. march. : 582 000 tjb. Aviat. civ. (*65) : 545 823 000 pass./km.
Information. Journaux : 85 quotidiens ; tirage global : 709 000. Récepteurs radio (49) : 125 000. Téléviseurs : *45 000. Cinéma (57) : 655 salles ; fréquentation : 257 M. Postes téléphone : 172 097.
Santé (62). 2 400 médecins.
Éducation (61). Prim. : 9 642 886. Sec. et techn. : 883 849. Sup. : 65 635.
Institutions. République indépendante, proclamée le 17 août 1945. Constitution de 1945. Président de la République et président du Conseil : général Suharto.