Alliée fidèle, pour ne pas dire inconditionnelle, des Américains et des Sud-Vietnamiens, la Corée du Sud se trouve paradoxalement pâtir de ses alliances. Tout au long de l'année, le président de la République, Park Chung Hee, a fait face à trois séries de difficultés.

– Les infiltrations nord-coréennes. Elles se multiplient à un rythme accéléré. Alors qu'en 1966 on n'avait enregistré que 37 incidents significatifs entre les deux Corées, en 1967 on en a compté 423. À ce chiffre, il faut ajouter 120 « incursions violentes » de commandos nord-coréens. Le 22 janvier 1968, l'un de ces commandos, dont le but, affirma Séoul, était d'assassiner Park Chung Hee, fut découvert aux abords mêmes du quartier gouvernemental.

– L'opposition intérieure. Elle se manifeste notamment chez les étudiants et les intellectuels, anti-américains et partisans d'un rapprochement avec la Corée du Nord. Séoul a réagi en faisant enlever, l'été dernier, dans les capitales européennes, une centaine d'intellectuels sud-coréens, soupçonnés ou accusés de complot et de contacts avec la Corée du Nord. Trois d'entre eux sont condamnés à mort en avril 1967. Il s'agit du professeur Chung Ha Yong, docteur ès sciences politiques de l'université de Paris, de Chung Kyu Myong, physicien de l'université de Francfort, et de Lim Suk Hoon, lycéen de Berlin-Ouest.

– La pression des États-Unis. Washington ne veut pas d'une nouvelle guerre de Corée et est constamment amené à calmer l'ardeur de Park Chung Hee, qui serait prêt à riposter avec violence aux incursions nord-coréennes.

Menacée de l'extérieur et de l'intérieur, la Corée du Sud se trouve ainsi dans une situation d'autant plus inconfortable que les États-Unis la tiennent en laisse et qu'elle ne pourrait répondre aux « attaques » nord-coréennes qu'en récupérant une bonne partie des 40 000 hommes qu'elle a envoyés combattre au Viêt-nam du Sud aux côtés des Américains.

Formose

12 791 000. 346. 3,4 %. Consomm. énergie (*65) : 654 kg e.c.
Transports. Rail (*65) : 4 470 M pass./km, 2 415 M t/km. Parc autos (*65) : 15 100 + 17 500. Mar. march. : 770 000 tjb. Aviat. civ. (*65) : 176 444 000 pass./km.
Information. Journaux (63) : 32 quotidiens ; tirage global : 750 000. Récepteurs radio : *1 270 000. Téléviseurs (64) : 33 000. Cinéma : 626 salles ; fréquentation (59) : 66,9 M. Postes téléphone : 166 709.
Santé (64). 4 983 médecins.
Éducation (64). Prim. : 2 202 867. Sec. et techn. : 594 432. Sup. : 64 010.
Institutions. République nationaliste de Chang Kaï-chek, réfugié dans l'île de Taiwan (Formose) après la victoire communiste de 1949. Président de la République : Chang Kaï-chek (1er mars 1950). Premier ministre : Dr Yen Chia-kan.

Inde

495 M. 163. 2,3 %. Consomm. énergie (*65) : 172 kg e.c.
Transports. Rail (64) : 93 947 M pass./km, 88 818 M t/km. Parc autos (*65) : 415 700 + 314 500. Mar. march. :1 795 000 tjb. Aviat. civ. (*65) : 2 057 962 000 pass./km.
Information. Journaux (64) : 514 quotidiens ; tirage global : 5 693 000. Récepteurs radio (64) : 4 315 000. Téléviseurs : *800. Cinéma (64) : 3 843 salles ; fréquentation : *1 825 M. Postes téléphone : 860 896.
Santé (62). :77 780 médecins.
Éducation (63) : Prim. : 42 280 000. Sec. et techn. : 15 050 000. Sup. : 1 310 000.
Institutions. République fédérale, indépendante le 26 janvier 1950. Constitution de 1950. Président de la République : Dr Zakir Hussein, qui succède au Dr Sarvepalli Radhakrishnan, président sortant. Premier ministre : Indira Gandhi.

Quelques signes de progrès économique

L'opposition est saisissante entre la turbulence politique et le progrès économique. D'un côté, des violences et des crises ; de l'autre, des chiffres encourageants, une récolte record, un espoir de voir enfin le démarrage de l'économie indienne.

La turbulence politique n'a pas atteint, il est vrai, le gouvernement central, mais les États de l'Union. Indira Gandhi conserve les rênes du pouvoir plus solidement qu'on ne le prévoyait peut-être, mais quatorze des dix-sept gouvernements régionaux changent de mains. La plupart d'entre eux n'étaient, certes, que de fragiles coalitions, alliant des extrêmes inconciliables et cimentées par le seul souci d'éliminer le parti du Congrès après les élections de 1967.

Placés sous administration directe

Leur effondrement prévisible n'en est pas moins inquiétant. Ces crises locales ont eu une résonance nationale. Elles se sont — en particulier à Calcutta — déroulées dans une atmosphère de tension aiguë, étalant au grand jour la décadence des mœurs parlementaires. Mais, plus grave, elles ont ébranlé des structures, compromis le bon fonctionnement d'un État déjà écartelé par les différences de races, de langues et de religions.