dominateur (argument)
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
En grec : kureion logos, ou « maître argument ».
Philosophie Antique
Argument du mégarique Diodore Cronos en faveur du fatalisme logique, qui a joué un rôle essentiel en philosophie, notamment quant à la nature de la liberté.
Le Dominateur consiste à nier la compatibilité de 4 prémisses : (1) le passé est nécessaire, (2) l'impossible ne peut suivre du possible, (3) il y a des possibles qui ne se réaliseront jamais, (4) ce qui est ne peut pas ne pas être pendant qu'il est. Diodore nie (3), ce qui conduit au fatalisme logique : seul ce qui est réel est possible. L'argument joue un rôle essentiel dans l'Antiquité. Aristote, dans son examen du problème des futurs contingents, au chap. IX du De interpretatione, rejette le tiers exclu pour les propositions au futur. Chez les stoïciens, Cléanthe nie (1) et admet le temps cyclique ; Chrysippe, au nom du destin, nie (2), et Épicure admet la réalité du hasard. Le problème ressurgit au Moyen Âge avec la question de l'omniscience divine, et chez Leibniz avec l'affirmation de la réalité des possibles.
J. Vuillemin(1) a soutenu que l'argument dominateur était une matrice de toutes les positions philosophiques, soit qu'il commande une conception des modalités, soit qu'il détermine la classification a priori de tous les systèmes.
Pascal Engel
Notes bibliographiques
- 1 ↑ Vuillemin, J., Nécessité ou contingence, Minuit, Paris, 1985.
→ déterminisme, fatalisme, futur contingent, liberté, mégariques, nécessité, possible