futur contingent

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».

Logique, Métaphysique

Problème, discuté par Aristote, de savoir si un énoncé au sujet d'un événement futur contingent est présentement vrai ou faux.

Dans les Catégories 9, Aristote(1) considère le cas d'une bataille navale. Il est nécessaire qu'elle aura lieu ou qu'elle n'aura pas lieu. Mais s'il est vrai maintenant qu'elle aura lieu, comment peut-elle ne pas se produire, et comment éviter le fatalisme ? Diodore Cronos, avec son argument dominateur, endossait cette conclusion. Aristote semble dire que ce qui est vrai est qu'elle aura lieu ou pas, le résultat dépendant des choix humains. Mais, en ce cas, il faut renoncer au principe de bivalence et admettre que les propositions au futur ne sont ni vraies ni fausses. Le problème est discuté par les stoïciens, qui invoquent la notion de destin, et il reparaît dans les discussions de la théologie médiévale sur la scientia media et l'omniscience divine (si les futurs sont contingents, Dieu ne les connaît pas, et s'ils sont nécessaires, la liberté est impossible), ainsi que chez Leibniz(2) avec le choix divin des possibles : si Dieu connaît l'ensemble des mondes possibles, et si tous les événements possibles sont contenus dans les substances, comment échapper au déterminisme ? Leibniz distingue nécessité métaphysique et nécessité morale, qui incline sans nécessiter.

La question des futurs contingents est reprise dans la logique modale et la logique temporelle contemporaines. Prior(3) soutient que le principe de bivalence ne s'applique pas aux énoncés singuliers au futur, qui acquièrent une valeur de vérité seulement quand les états de choses correspondants ont lieu. D'autres logiciens défendent une conception anticipée par Occam, qui distingue les énoncés dont la vérité dépend de l'existence de quelque chose qui n'est pas le cas et peut ne jamais advenir, et des énoncés dont la vérité dépend entièrement de ce qui s'est passé.

Pascal Engel

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Aristote, De l'Interprétation, 9, tr. J. Tricot, Vrin, Paris, 1989, pp. 102-103.
  • 2 ↑ Leibniz, G. W., Théodicée, I, § § 36-46, édition J. Brunschwicg, GF, Paris, 1969, pp. 124-130.
  • 3 ↑ Prior, Past, Present and Future, Oxford, 1967.
  • Voir aussi : Vuillemin, J., Nécessité ou contingence, Minuit, Paris, 1985.

→ bivalence, dominateur (argument), fatalisme, nécessité, paresseux (argument), possibilité