paresseux (argument)
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Trad. du grec argos logos.
Philosophie Antique, Logique
Argument forgé par les adversaires du nécessitarisme afin de tourner en dérision la notion de destin : si une chose doit arriver, à quoi bon agir pour la faire advenir ou pour l'éviter ?
Chrysippe, dont le propos est rapporté par Cicéron(1), a vu dans cet argument une manière de nier toute possibilité d'agir : « Si ton destin est de guérir de cette maladie, tu guériras, que tu aies ou non appelé ton médecin [...] ». Cet argument méconnaît une distinction élaborée par Chrysippe entre les assertions « isolées », qui ont un sens quelles que soient les interactions causales entre agents d'un même monde (« Socrate mourra »), et les assertions « liées », qui mettent en rapport deux agents (« Milon luttera »). Les propositions qui portent sur le devenir lié de deux causalités sont dites « confatales ». Ainsi, le destin n'implique pas, selon Chrysippe, la privation de toute faculté d'agir.
Leibniz, proche de la tradition ouverte ici par Chrysippe, assimile l'argument paresseux à l'une des formes originaires du fatalisme(2).
Fabien Chareix
Notes bibliographiques