paresseux (argument)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Trad. du grec argos logos.

Philosophie Antique, Logique

Argument forgé par les adversaires du nécessitarisme afin de tourner en dérision la notion de destin : si une chose doit arriver, à quoi bon agir pour la faire advenir ou pour l'éviter ?

Chrysippe, dont le propos est rapporté par Cicéron(1), a vu dans cet argument une manière de nier toute possibilité d'agir : « Si ton destin est de guérir de cette maladie, tu guériras, que tu aies ou non appelé ton médecin [...] ». Cet argument méconnaît une distinction élaborée par Chrysippe entre les assertions « isolées », qui ont un sens quelles que soient les interactions causales entre agents d'un même monde (« Socrate mourra »), et les assertions « liées », qui mettent en rapport deux agents (« Milon luttera »). Les propositions qui portent sur le devenir lié de deux causalités sont dites « confatales ». Ainsi, le destin n'implique pas, selon Chrysippe, la privation de toute faculté d'agir.

Leibniz, proche de la tradition ouverte ici par Chrysippe, assimile l'argument paresseux à l'une des formes originaires du fatalisme(2).

Fabien Chareix

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Cicéron, Traité du destin, in Les Stoïciens, I, Gallimard, Paris, 1962, pp. 484 et suiv.
  • 2 ↑ Leibniz, G. W., Essais de théodicée, Garnier-Flammarion, Paris, 1969, § 55, p. 134.

→ action, fatalisme, prudence, stoïcisme, théorie