En renchérissant massivement le prix des dérivés du pétrole et en provoquant la récession mondiale de 1975, le premier choc pétrolier a cassé ce processus. Mais, dès 1976, les industriels de la chimie se sont remis à échafauder d'ambitieux programmes d'investissements, qui sont sortis de terre au moment précis où intervenait le deuxième choc pétrolier de 1979-80. Résultat : la croissance s'est envolée, mais les capacités de production subsistent tandis que, face à une concurrence effrénée (qui provient à la fois des pays développés puis, désormais, du bloc soviétique et du monde arabe), les prix se sont effondrés. Les vapocraqueurs des années 70 sont devenus des cathédrales abandonnées, et l'industrie pétrochimique, fleuron de l'ère d'abondance, une zone sinistrée.

Les superprofits des années 60 et 70 se sont envolés en fumée, et dorénavant c'est un vaste mouvement de repli qui s'opère. Les uns se retirent du jeu, les autres cèdent ce qui fit leur gloire à des groupes pétroliers, les seuls à maîtriser les matières premières et à dégager des cash-flows nécessaires pour supporter une stagnation qui promet d'être durable. L'épopée de la grande industrie chimique s'achève au moment où commence celle de l'électronique.

Transport

Fléchissement des trafics de marchandises

Pas de miracle : quand la machine économique est prise par le gel, ça ne chauffe pas fort du côté des transports. Triste bilan 1982, donc, pour les transporteurs de marchandises. Tous les trafics ont chuté : de près de 3 % chez les routiers, de 5 % pour le rail, de 13 % pour l'eau. Et cette baisse d'activité s'est accompagnée de bien d'autres maux.

À la SNCF, la situation financière atteint des niveaux catastrophiques, avec un déficit d'exploitation de 5 milliards de F et un endettement qui frise les 50 milliards. Les transporteurs routiers, notamment du fait de l'amélioration des conditions de travail, voient leurs charges salariales s'alourdir de 17 %, ce qui pèse dangereusement sur les résultats des entreprises.

Climat nettement meilleur dans les transports de personnes. La SNCF enregistre là une augmentation de 2 % de son trafic, notamment grâce au TGV et à une politique commerciale adaptée. Celle que pratique Air Inter n'est pas pour rien non plus dans l'expansion continue du trafic aérien, de 5 % encore au cours de cette année.

Ainsi se trouvent confirmées les tendances à long terme des trafics de transports. Les voyageurs ont considérablement accru leurs déplacements au cours de la dernière décennie, l'accroissement le plus spectaculaire s'étant produit dans le transport aérien : de 1972 à 1982, le nombre de passagers transitant par les aéroports français aura doublé. L'expansion est certes moins brillante pour la SNCF, mais elle est constante, d'année en année, depuis le premier choc pétrolier.

Le tableau est davantage contrasté pour les marchandises. Le rail et l'eau, souffrant du recul des pondéreux (provoqué par les difficultés des industries extractives, la sidérurgie ou les BTP), enregistrent un recul global, reconduit d'exercice en exercice : traduit-il un inéluctable déclin ? Toujours est-il que la décennie 1970 aura connu un moment historique : celui où le trafic routier a pour la première fois dépassé celui du rail. Il est aujourd'hui loin devant, mais marque un sérieux fléchissement depuis 1981.

Peut-être cette décennie commençante est-elle en effet en train de changer la donne, une fois de plus : la SNCF, qui sera dotée d'un nouveau statut et transformée le 1er janvier 1983 en établissement public industriel et commercial (comme Renault), jouit manifestement de la faveur de la nouvelle politique des transports, alors que les transporteurs y perdront certainement de leur compétitivité. Mais la crise risque cependant de n'accorder sa préférence ni à l'une, ni à l'autre partie et de mettre tout le monde sur la pente descendante.

Agriculture

Le revenu des exploitants s'améliore

Avec l'été, la récolte bat son plein : c'est la saison des grands travaux pour les agriculteurs. Leurs représentants, en ces premiers jours de juillet 1982, n'en demeurent pas moins à Paris : ils sont conviés chez le Premier ministre pour la conclusion, le 9, de la conférence annuelle 1982.