Les ventes d'hélicoptères de l'Aérospatiale ont traversé une période difficile, après les nombreuses commandes engrangées les deux années précédentes. Là aussi, le marché mondial civil est en récession, les conséquences étant cependant moins graves pour le constructeur français grâce aux qualités de sa gamme d'appareils, entièrement renouvelée (Écureuil, Dauphin, Super-Puma).

Turbomeca a poursuivi la mise au point de son nouveau turbomoteur de 1 000 ch, le TM 333, auquel s'intéresse l'industrie US, et le développement d'un turbomoteur de 500 ch, tout en commençant les essais d'un générateur de gaz destiné à un futur moteur de 2 000 ch.

Dans le domaine militaire, Dassault a enfin enregistré un certain dégel du marché vis-à-vis du Mirage 2000, dont le premier exemplaire de série a volé à Istres le 20 novembre. Après l'Égypte (20 appareils commandés ferme) et l'Inde (40 appareils), le Pérou a commandé, fin décembre, 26 Mirage 2000, compensant ainsi partiellement la décision du gouvernement français d'annuler les commandes prévues sur le budget de 1982.

Dassault a, par ailleurs, surpris le monde de l'aviation en commençant, le 21 décembre, les essais en vol d'un Mirage III, modernisé et bénéficiant des technologies de pointe déjà développées pour le Mirage 2000 : le Mirage III NG (Nouvelle Génération), qui a été réalisé en secret en un an seulement.

Au total, et malgré un très bon niveau des prises de commandes à l'exportation (mais très étalées dans le temps), le plan de charge de l'industrie aéronautique française s'est détérioré au cours de l'année 1982 ; les conséquences pratiques (licenciement de personnels d'études et de production) se feront sentir à partir de la mi-83, les sous-traitants étant déjà touchés. La crise mondiale du transport aérien (exsangues, les compagnies commandent peu d'avions) et l'offensive de l'industrie US dans le domaine de l'aviation militaire expliquent en bonne partie cette situation difficile, qui a été sérieusement aggravée par la forte réduction des commandes françaises.

Armement

Le vent en poupe, malgré les rigueurs budgétaires

L'industrie de l'armement est un des rares secteurs d'activité qui continue d'avoir le vent en poupe. Travaillant à 40 % pour l'exportation, elle ne manque pas de sujets de satisfactions puisque, rien qu'au premier semestre 1982, ses livraisons à l'étranger ont atteint 26 milliards de F, soit 30 % de plus que l'année précédente à la même époque. Sur ces 26 milliards, près de 20 concernent le matériel aéronautique (Mirage 2000 et Alpha Jet pour l'Égypte, missiles Crotale et Exocet pour l'Arabie Saoudite).

Au total, 83 % des exportations françaises d'armement se font à destination du Maghreb et du Proche-Orient. Cette concentration géographique n'est pas saine ; il suffirait d'un incident diplomatique pour réduire à peu de chose les débouchés français. Mais c'est là un handicap qui ne date pas d'aujourd'hui.

Tiers monde

La vocation exportatrice de l'industrie française de l'armement est ancienne. Elle a été renforcée et focalisée vers les pays du tiers monde avec la politique du général de Gaulle, qui souhaitait lutter contre l'hégémonie des deux blocs. Depuis une vingtaine d'années, en effet, les nations qui refusent de se lier trop étroitement avec les États-Unis ou l'URSS s'adressent tout naturellement à la France en matière d'équipement militaire.

Mais cette tendance s'est ralentie depuis l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement socialiste et surtout d'un chef de l'État jugé trop pro-israélien au moins pendant la première année, car la politique s'est infléchie ensuite. Globalement, les meilleurs clients de la France restent et resteront les pays en voie de développement, qu'il s'agisse des pays arabes, de l'Inde ou de l'Amérique du Sud.

La France n'a d'ailleurs pas le choix de ses débouchés puisque la plupart des marchés sont fermés, soit qu'ils s'autofournissent, soit que, par OTAN interposée, ils dépendent du Pentagone, ou bien encore qu'ils appartiennent au camp soviétique. De plus, les besoins des armées françaises ne sont pas tels qu'ils puissent à eux seuls alimenter les plans de charge et les profits des marchands de canons français.