Journal de l'année Édition 2002 2002Éd. 2002

– Grand Prix du jury : la Pianiste, de Michael Hanecke (Autriche-France)

– Prix de la mise en scène ex-æquo : Joel Coen pour The Barber (États-Unis) et David Lynch pour Mulholland Drive (États-Unis)

– Prix d'interprétation féminine : Isabelle Huppert, dans la Pianiste

– Prix d'interprétation masculine : Benoît Magimel, dans la Pianiste

– Prix du scénario : No Man's Land, de Danis Tanovic (Bosnie-France-Italie)

– Prix du jury à un technicien : Tu Duu-chih, pour Millenium Mambo de Hou Hsiao-sien et Et là-bas, quelle heure est-il ? de Tsai Ming-liang (deux films taïwanais)

Courts-métrages

– Palme d'or : Bean Cake, de David Greenspan (Japon)

– Prix spécial du jury : Daddy's Girl, de Irvin Allan (Grande-Bretagne)

– Prix du jury : Pizza Passionate, de Karl Juusonen (Finlande)

Les Césars 2001

– Meilleure première œuvre de fiction : Ressources humaines, de Laurent Cantet

– Meilleur second rôle masculin : Gérard Lanvin, pour le Goût des autres

– Meilleur espoir féminin : Sylvie Testud, pour les Blessures assassines

– Meilleure musique de film : Tomatito, Sheikh Ahmad Al Tuni, La Caita et Tony Gatlif, pour Vengo

– Meilleur espoir masculin : Jalil Lespert, pour Ressources humaines

– Meilleure photo : Agnès Godard, pour Beau Travail

– Meilleur son : François Maurel, Gérard Lamps et Gérard Hardy, pour Harry, un ami qui vous veut du bien

– Meilleur décor : Jean Rabasse, pour Vatel

– Meilleur film étranger : In the Mood for Love, de Wong Kar Waï

– Meilleur court-métrage : ex-æquo Salam, de Souad El Bouhat, et Un petit air de fête, de Eric Guirado

– Meilleur second rôle féminin : Anne Alvarro, pour le Goût des autres

– Meilleur acteur : Sergi Lopez, pour Harry, un ami qui vous veut du bien

– Meilleur costume : Édith Vesperini et Jean-Daniel Vuillermoz, pour Saint-Cyr

– Meilleur montage : Yannick Kergoat, pour Harry, un ami qui vous veut du bien

– Meilleur réalisateur : Dominik Moll, pour Harry, un ami qui vous veut du bien

– Meilleur scénario original ou meilleure adaptation : Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, pour le Goût des autres

– Meilleure actrice : Dominique Blanc, pour Stand by de Roch Stépanik

– Meilleur film : le Goût des autres, d'Agnès Jaoui

– Césars d'honneurs pour Charlotte Rampling, Darry Cowl et Agnès Varda

Aux États-Unis

The Pledge, un thriller de Sean Penn sans courses ni poursuite

Andrew Adamson et Vicky Jenson, en remplaçant l'animation traditionnelle par l'image de synthèse, arrivent à créer un ton nouveau en narrant les aventures d'un ogre qui se veut un prince charmant. Les clins d'œil à l'époque actuelle ne manquent pas et l'ensemble arrive à contenter grands et petits. Enfin, l'œuvre la plus achevée en ce domaine sort des studios nippons et porte la signature de Hironobu Sakaguchi et Motonori Sakakibara, Final Fantasy, une œuvre de science-fiction où les personnages sont si parfaitement reproduits qu'on dirait de vrais acteurs. Néanmoins, nous sommes encore dans la préhistoire de ce nouvel art, de même qu'en 1930, face au début du sonore, on se contentait de produire des films musicaux destinés à étonner le chaland. Plus tard, Sternberg ou Welles donneront toute sa maturité au film parlant. Pour le cinéma numérique – qui n'est rien d'autre qu'une technique – les Sternberg et les Welles sont encore à venir.

On ne note pas, par ailleurs, l'apparition de nouveaux cinéastes prometteurs cette année aux États-Unis, mais la continuation de carrières bien assises de cinéastes qui travaillent dans le film de genre qu'ils pervertissent de l'intérieur. C'est patent chez David Lynch et son extraordinaire Mulholland Drive qui, sous le couvert d'un thriller et d'un film d'apprentissage, fait une critique très acerbe des mœurs hollywoodiennes. Avec Traffic, le talentueux Steven Soderbergh, promeut un film novateur sur les milieux de la drogue en faisant se télescoper trois histoires : brillant, fluide, remarquable ; même ironie distanciatoire chez John Boorman qui adapte, dans The Tailor of Panama (une coproduction avec l'Irlande), un ouvrage de John Le Carré offrant une vision cynique et désabusée des agents secrets qui ont perdu leurs repères depuis la fin de la guerre froide. Mike Figgis réussit un exercice périlleux avec Time Code, film qui décortique quatre drames affectifs, en présentant en permanence un écran partagé en quatre qui oblige le spectateur à suivre toutes les histoires en même temps. L'auteur réussit son exploit en nous donnant une œuvre d'un rare raffinement.