Salvador de Bahia a conservé son titre de capitale pendant deux siècles. La prospérité de ses habitants a longtemps reposé sur la culture de la canne à sucre du Nordeste et sur le trafic des esclaves, dont le port avait le monopole de l'importation. Au milieu du xviiie siècle, la découverte des mines d'or dans l'État de Minas Gerais a provoqué son déclin. Plus personne ne voulait rester travailler sur les plantations. Afin de contrôler la circulation du précieux métal, la Couronne portugaise fit transférer la capitale de Bahia à Rio en 1763.

Malgré cette destitution politique, la ville a su préserver son patrimoine historique et culturel. Si alentour, le cacao et le tabac se sont substitués à la canne à sucre, les somptueuses demeures des seigneurs du sucre et leurs églises nous sont parvenues intactes. Autour de la place du Pilori s'élève le vieux quartier résidentiel, c'est un magnifique fleuron de l'architecture coloniale : toutes les maisons ont été classées et restaurées. Aujourd'hui, elles offrent à l'admiration des passants leurs belles façades bleues, ocres et rouges.

Face à l'église Saint-François, de l'autre côté de la place, se dresse, impérieuse, la cathédrale de Salvador. C'était autrefois l'église de l'ordre des Jésuites. Elle fut construite de 1657 à 1672. Sur des fonds habillés de marbres rares, les autels revêtus d'or brillent de tous leurs feux grâce à de subtils jeux de lumière. Aussi conseille-ton de la visiter de préférence en soirée.

Autre joyau du baroquisme : Notre-Dame de la Conception de la Plage. Cette église a été apportée pierre par pierre du Portugal. Le transport des pierres a, paraît-il, été gratuit : les pierres taillées servant de lest aux bateaux qui partaient vides de Lisbonne et retournaient les cales chargées d'or et de sucre de la colonie.

Le calendrier des fêtes de Bahia est bien sûr très riche. Mais, de toutes les fêtes proposées, deux sont à ne pas manquer : la procession de Notre Seigneur des Navigateurs qui a lieu le jour de l'An et au cours de laquelle la baie est remplie de milliers de bateaux, et le fameux carnaval qui connaît à Bahia une ferveur populaire plus grande qu'à Rio et au cours duquel on danse la « capoeira », une danse inspirée par une ancienne lutte très violente exécutée à coups de pied et pratiquée par les Noirs des plantations.

Une myriade de clochers

Un dicton prétend qu'il y a 365 églises à Bahia, une pour chaque jour. Il n'en est rien, mais chaque fois qu'on lève le nez vers le ciel, on aperçoit toujours, au-dessus des toits de tuiles rouges, une myriade de clochers. Parmi les nombreuses églises que compte la ville, une est la fierté des Bahiannais, celle de Saint-François d'Assise, édifiée en 1712 sur la place Terreiro de Jesus. Ici, celui qui a passé son existence à fuir honneurs et richesses, le « petit père des pauvres », a été couvert d'or et de gloire ! L'exubérance de l'art baroque brésilien a atteint son apogée en édifiant à Bahia une église tout en or afin de donner à ses fidèles un reflet féerique du paradis céleste. Le petit peuple bahiannais y accourt tous les mardis pour y vénérer saint Antoine, le patron des causes désespérées, le protecteur des faibles, le saint qui aide à trouver les objets perdus et qui exauce les vœux des jeunes filles en fleurs.

Rio de Janeiro et la baie de Guanabara

Ce qui compte le plus à Rio de nos jours, ce sont les plages. Certaines sont légendaires comme la plage de sable blanc de Copacabana. Les rythmes de la rumba, puis de la samba, les ont fait connaître au monde entier. Ces plages sont nombreuses, étendues, de sable fin et par bonheur pour les Cariocas – ainsi appelle-t-on les habitants de Rio –, juste de l'autre côté de la rue.

Tôt, chaque matin, le citadin carioca y vient courir, sauter, s'assouplir le corps, suivre une rééducation physique ou encore faire du yoga et de la méditation transcendantale. Après la vague de l'aérobic qui a fait fureur dans les années 80, celle du culturisme et de la musculation s'est emparée, à la veille de l'an 2000, des adeptes du bronzage au pays le plus métissé de la planète. Ici personne ne craint les ultraviolets !