Outre l'hommage à Pierre Boulez, le Festival d'Aix-en-Provence proposait, au Théâtre du Grand Saint-Jean, Cenerentola, version d'après Rossini dans un décor de commedia dell'arte signé Pierre-André Weiz et cadre des débuts de chef d'orchestre de Laurence Équilbey, chef du chœur Accentus et directrice désignée de la prochaine Académie européenne de musique. La manifestation aixoise s'est également dotée d'un nouveau lieu, le Théâtre du Jeu de Paume, charmante bonbonnière Louis XV qui a reçu pour l'occasion une nouvelle production du Retour d'Ulysse en sa patrie de Monteverdi confiée à William Christie et Adrian Noble.

Voué au seul culte de Richard Wagner, le Festival de Bayreuth célébrait l'an 2000 avec une nouvelle production de l'Anneau du Nibelung, conduite avec fougue par le compositeur Giuseppe Sinopoli, premier chef italien à diriger le cycle dans la fosse mythique, mais la mise en scène aura laissé dubitatif. Quant au Festival de Salzbourg, après les menaces de démission de son directeur, Gérard Mortier, vite reprises malgré l'atmosphère pesante qui régnait dans la ville natale de Mozart, il aura vu la création mondiale du premier opéra de la Finlandaise Kaija Saariaho, mêlant musique médiévale et musique électroacoustique, et tout un cycle consacré à la mythologie troyenne dont le moment-phare a été l'entrée au répertoire du Festival des Troyens de Berlioz, donnés par l'Orchestre de Paris, qui se produisait également pour la première fois dans le cadre de cette manifestation.

Qu'en sera-t-il de 2001 ?... Cette première année du xxie siècle sera largement placée sous le signe de l'opéra, puisque le monde musical célèbre le centenaire de la disparition de l'une de ses figures emblématiques, l'Italien Giuseppe Verdi...

Pierre Boulez sur tous les fronts

C'est le porte-drapeau de la création musicale française dans le monde, Pierre Boulez, qui aura été le musicien de l'an 2000, puisque ses soixante-quinze ans ont été fetés par toute une série d'événements internationaux. La veille de son anniversaire, qu'il célébrait à Londres le 26 mars, Boulez offrait aux Parisiens deux exécutions de Pli selon pli (1957-1962) d'après Mallarmé. Programme judicieusement choisi pour l'occasion, le Livre mallarméen et le concept d'« œuvre ouverte » qui en découle ayant eu une influence considérable sur le compositeur. L'exécution de cette grande page devant un parterre d'amis et de confrères du compositeur, parmi lesquels les Hongrois György Ligeti et György Kurtag, a permis dégoûter à satiété la richesse inouïe de cette admirable partition, l'opulence des sonorités, le sensuel éclat des timbres, la diversité et le lyrisme de la ligne de chant qui broie volontairement le texte.

Bruno Serrou
Critique musical