Des deux côtés, les oppositions ont dénoncé les concessions faites à la partie adverse. Une partie des 160 000 colons et l'extrême droite israélienne déplorent que l'armée doive évacuer 12,1 % de la Cisjordanie, même si le quart de cette superficie est décrété zone non aedificandi. De nombreux Palestiniens redoutent, quant à eux, que l'Autorité palestinienne ne devienne l'instrument du maintien de l'ordre pour le compte d'Israël. Elle aura fort à faire car de nouveaux attentats anti-israéliens se sont produits en fin d'année. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou en tire argument pour différer l'application intégrale du mémorandum de Wye Plantation sous l'œil résigné ou complaisant de l'administration américaine. Tout se passe en effet aux yeux de cette dernière comme si, dans sa conception d'un processus de paix à l'agonie, le processus importait plus que la paix... En entretenant chez les Palestiniens le faible espoir d'un règlement honorable, il permet en tout cas à Israël de réaliser ses objectifs en douceur, sans déclencher de déflagration populaire, certes imprévisible mais aujourd'hui improbable.

L.-J. D.

Wye Plantation et le découpage territorial de la Cisjordanie

– La zone A (autonomie administrative palestinienne) passe de 3 % à 4 %.

– La zone B (affaires civiles aux Palestiniens, supervision israélienne en matière de sécurité générale et de lutte contre le terrorisme) passe de 24 % à 36,1 %.

– La zone C (responsabilité exclusive israélienne) passe de 73 % à 50,9 %.

Le FMI en question

Les crises économiques et financières en Asie, en Russie et en Amérique latine ont fait au moins une victime : le Fonds monétaire international. Celui-ci n'a pas cessé d'être l'objet de critiques véhémentes : institution opaque, non démocratique, inféodée à l'idéologie ultralibérale, figée dans un mode d'intervention en décalage par rapport aux situations nouvelles.

Le FMI aurait cherché à intégrer à marche forcée les pays « émergents » dans le système financier mondial sans tenir compte de leur impréparation structurelle, puis, quand les problèmes sont apparus, il aurait brutalement appliqué des thérapies économiques drastiques qui ont enfoncé encore un peu plus ces pays dans le marasme. Ainsi, les capitaux ont afflué pendant des années vers la Thaïlande, la Corée du Sud, l'Indonésie, alors que les systèmes bancaires de ces nations n'étaient pas assez organisés pour gérer convenablement de telles masses d'argent. Résultat : la spéculation et les investissements hasardeux se sont multipliés jusqu'à ce que le château de cartes s'effondre. À ce moment-là, le FMI a imposé une cure drastique passant par des restrictions monétaires brutales, des politiques fiscales et budgétaires sévères, précipitant de nombreuses entreprises de ces pays vers la faillite et abandonnant les populations dans une misère accrue.

Les responsables du FMI ont une réponse à plusieurs niveaux : premièrement, les pays « émergents » ont connu, pendant plus de dix ans, une période faste, dont leurs populations ont bénéficié ; deuxièmement, le Fonds a toujours averti les responsables politiques de la fragilité des systèmes bancaires de ces pays ; troisièmement, il existe, en effet, un décalage de plus en plus fort entre un système financier mondial fondé sur des institutions qui ont souvent près d'un siècle (banques centrales, organismes internationaux) et une circulation des capitaux à l'échelle de la planète qui s'est accélérée avec une vitesse sans précédent. Comme le dit le président du Fonds, Michel Camdessus* : « Nous entrons dans le xxie siècle, celui de Bill Gates et de George Soros, avec un marché régi comme au temps de Balzac. »

Les propositions de réforme du système monétaire international, dont les principes datent de la conférence de Bretton Woods de 1944, abondent. Certains, disciples du monétariste Milton Friedman, préconisent une disparition pure et simple du FMI, laissant au marché le soin de réguler au mieux les mouvements de capitaux. D'autres, comme le Premier ministre britannique Tony Blair*, souhaitent un rapprochement entre le FMI et la Banque mondiale, chargée de financer les projets de développement et de lutte contre la pauvreté, afin de mieux coordonner les politiques financières globales et les politiques concrètes d'aide aux entreprises et aux actions sociales. D'autres enfin, comme les responsables politiques français, militent pour sa transformation en véritable gouvernement économique du monde, doté de pouvoirs et de ressources accrus (ce que les Américains ont toujours refusé). Une telle transformation impliquerait que le Fonds soit flanqué d'un « conseil politique » représentant directement les nations, sur le modèle du Conseil de sécurité de l'ONU. En tout état de cause, la mondialisation accélérée de l'économie implique, à terme, une réforme importante du grand régulateur mondial qu'est le FMI.