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Le refroidissement franco-allemand

Depuis l'avènement de Jacques Chirac, les relations entre les deux poids lourds de l'Union européenne ne sont plus marquées du sentiment d'affection partagé par le chancelier Helmut Kohl et le président François Mitterrand. L'arrivée de Gerhard Schröder va-t-elle changer la donne ?

Un certain nombre de mesures prises par la France sous le gouvernement Juppé dès l'été 1995 – telle la reprise provisoire des essais nucléaires ou, plus tard, la réorganisation de l'armée française, qui ont été décidées sans concertation – ont choqué l'opinion publique allemande. D'autant que celles-ci ont été accompagnées du retour de la prose gaullienne qui est souvent vécue outre-Rhin comme un nouveau prurit de nationalisme dont la « Grande Nation » ne se guérit jamais vraiment. L'arrivée de Lionel Jospin aux rênes du gouvernement n'a pas réchauffé les relations.

La crise de Bruxelles

En effet, le nouveau Premier ministre socialiste n'a pas escompté, dans le « droit d'inventaire de l'héritage Mitterrand », reprendre la chaleur des relations entre les deux anciens compagnons de Verdun. Le principal « couac » depuis 1995 a lieu au printemps 1998 avec la polémique – aux accents parfois rocambolesques – sur la direction de la future Banque européenne basée à Francfort-sur-le-Main. L'obstination française à obtenir la place de direction du symbole de l'Europe du xxie siècle ravive les sentiments critiques, voire de plus en plus condescendants à rencontre d'un personnel politique plus soucieux de gouverner par des mesures symboliques que sensible aux réalités économiques. La « mascarade » de la nomination Duisenberg-Trichet na fait que raviver l'hostilité envers la France. Au-delà de son caractère anecdotique, cet incident constitue tout de même un mauvais coup pour le chancelier Kohl dans la perspective des élections de septembre.

Très en retard dans les sondages depuis plusieurs mois, le leader chrétien-démocrate a besoin de bilans positifs pour lever les inquiétudes de son opinion publique devant le futur effacement du mark face à l'euro. Dans ce contexte, l'affaire Duisenberg-Trichet a été ressentie par l'administration chrétienne-démocrate comme un camouflet, car l'opposition l'accuse de faiblesse devant les exigences de Paris. M. Kohl sera assez touché par cette affaire en congédiant le 25 mai son porte-parole Peter Haussmann pour avoir mal géré la crise de Bruxelles.

Une situation dont le futur chancelier social-démocrate, Gerhard Schröder, a su profiter avec adresse. Alors qu'il sait pâtir d'un déficit d'image en matière européenne – notamment dans le domaine des relations franco-allemandes –, il a nommé une Française, Brigitte Sauzay, interprète successive de trois présidents français, Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, au poste d'« ambassadrice pour les relations franco-allemandes ». Le choix d'une Française et d'une non-politique est à lui seul la marque d'une volonté de sortir des sentiers battus la relation fondatrice de l'Europe moderne.

S.C.

Les divorces franco-allemands

La construction de l'Europe se fait aussi par l'amour. La multiplication des contacts est une des raisons de l'augmentation des unions matrimoniales, symbole ô combien positif du rapprochement des peuples. Mais, quand l'amour se transforme en séparations plus ou moins bien vécues, les différences juridiques apparaissent au grand jour. Les jurisprudences allemande et française sont très opposées sur la question de la garde des enfants et les jugements ont souvent conduit les parents déboutés à recourir à des enlèvements. L'Europe du divorce est à réformer. En mai, les ministres de la Justice des deux pays ont décidé de détacher un magistrat chargé de suivre les dossiers chauds dont la publicité régulière dans la presse fait tache sur les relations franco-allemandes.

Les travaillistes : un an au pouvoir

Après dix-huit ans dans l'opposition, Tony Blair devait, ayant obtenu une majorité impressionnante des sièges, mener le Parti travailliste au pouvoir lors des élections législatives du 1er mai 1997. Fort d'une importante majorité, le nouveau gouvernement dispose d'une importante marge de manœuvre pour mettre en pratique les idées du nouveau travaillisme. Où en est-on un an après ce triomphe ?