En théorie, la durée de vie d'un havane est assurée pour 15 ans, mais ses inconditionnels recommandent de le consommer dans les 15 jours, pour mieux apprécier sa prime saveur. Quant au culte, il est savamment entretenu par les « vitophiles », collectionneurs de vitoles, les bagues de cigares.

Le son cubain : salsa, rumba et cha-cha-cha

La musique de Cuba, cocktail explosif de cultures et d'origines diverses, pourrait donner lieu à des tas de thèses savantes, mais la meilleure manière de la savourer, c'est encore de se laisser envahir par ses rythmes, vifs, vivaces et quotidiens.

Dans les rues, les cafés, pendant les fêtes, elle ne s'arrête jamais. Il y a toujours une radio qui s'échauffe, un guitariste inspiré ou des danseurs spontanés qui se mettent à bouger comme on respire.

Le premier son cubain, apparu au xviiie siècle, a donné la salsa, alliage africain, espagnol et caraïbe, qu'on retrouve aussi en Colombie, à Porto Rico, au Venezuela et à Panama. À partir d'une chanson et de percussions africaines, le son salsa s'est enrichi au fil du temps, tout en influençant la musique populaire globale, le jazz, les variétés, le rock et même la musique de chambre. Ses variations sont, à elles seules, trépidantes. Bongo, guaracha, sucu-sucu, zapateo...

La rumba, dont le nom vient de la macumba africaine, était à l'origine la musique de danse des fêtes. Son évolution, de guaguanco en columbia, a été universelle.

La cancion trovadoresca, issue du folklore, s'apparente à la tradition médiévale européenne. Le troubadour entonne sa chanson au gré des fantaisies – les siennes ou celles des passants –, et cela donne les fameux habaneras, criollas, boleros, guajiras, célébrant l'âme de Cuba, ses campagnes, ses villes, ses rêves et ses peines.

Le style danzon a des racines françaises et haïtiennes, remontant à la contredanse et au quadrille. Il a donné l'inénarrable cha-cha-cha, créé par Enrique Jorrin, et le mambo.

Inutile de préciser que, dans la réalité, tous ces genres s'interactivent, s'enchevêtrent et s'amusent, pour la plus grande joie de l'amateur de musiques musclées.

Bernard Morin