La mode Cuba

Les chiffres le prouvent, Cuba est devenue, en quelques années, une destination à la mode. 750 000 touristes en 1995, 1 million en 1996 (avec un apport en devises équivalent à 1,3 milliard de dollars). Une progression de 20 % environ est prévue pour 1997. Cette expansion spectaculaire a une explication avant tout politico-économique. La chute du mur de Berlin, en 1990, a levé, comme le disent joliment les Cubains, le rideau de canne à sucre, qui comme l'autre, celui de fer, séparait le monde de l'Est du monde occidental. Car même si Cuba est la plus grande des îles antillaises, elle faisait figure, jusqu'alors, de cousine, pas si lointaine en esprit, de l'Albanie ou de la Roumanie.

Aujourd'hui, Italiens, Canadiens, Espagnols, Allemands, Français et Sud-Américains abordent sans crainte l'île dont Christophe Colomb, la découvrant en 1492, s'est écrié « C'est la plus belle ». Le développement du tourisme représente une priorité nationale et une grande part d'investissements étrangers. Parallèlement à l'infrastructure cubaine – 60 000 Cubains travaillent pour le tourisme –, l'Espagne et la France occupent une bonne part de l'industrie hôtelière. Avec, comme symbole d'ouverture, la présence du Club Med qui a inauguré son premier village cubain à Varadero en 1996.

« Essayez Cuba, ça vous changera », tel pourrait être le slogan des agences de voyage. En effet, l'île offre une multitude de tourismes possibles. Plages exotiquement sauvages et préservées aux palmiers royaux, dentelles d'architecture coloniale, réserves naturelles, musées, jardins tropicaux flamboyants. À Cuba, on peut tout faire. De l'écotourisme « loin des sentiers battus », du farniente total, du trekking, de la spéléologie, de la randonnée, du rafting ou de la plongée. Ou alors préférer observer les oiseaux ou suivre les traces du géant Hemingway. Et puis il y a le soleil, la vie et les gens, les métissages chaleureux, la cuisine créole, la, ou plutôt les musiques – de la rumba à la salsa, en passant par le boléro et le mambo –, les superstars des cigares et l'art de varier les plaisirs avec le meilleur rhum des Caraïbes, Daiquiri, Mojito ou Cuba Libre.

Cuba-repères express

1959 : la révolution socialiste de Fidel Castro est instaurée.

1962 : Kennedy décrète un blocus politique et économique à l'encontre de Cuba.

1990 : légalisation du dollar US. Les Cubains peuvent manipuler “le sang vert”, ce qui réduit le marché noir et détend les échanges avec les étrangers. Le tourisme et l'apport des devises sont à l'ordre du jour depuis la chute du COMECON et l'arrêt des relations économiques avec le bloc de l'Est.

1996 : les États-Unis ajoutent une loi au blocus de 1962 dans le but de gêner les investissements et le commerce cubains, loi désavouée par l'Union européenne.

22 % : proportion des métis dans la population.

66 % : Cubains d'origine européenne. Majorité d'Espagnols et de Français.

12 % : Noirs.

4,5 millions de tonnes : production de canne à sucre dont Cuba est un des leaders mondiaux pour l'année 1996.

260 : nombre des entreprises européennes et sud-américaines ayant investi à Cuba afin 1996.

Itinéraires

Longue de 1 250 km, avec des largeurs allant de 32 à 145 km, Cuba a une population de 11 millions d'habitants, dont 2 à La Havane. Son climat tropical, avec une saison sèche de novembre à mai et une saison humide de juin à octobre donne une température de mer idéale le long des 2 600 km de plages, entre 24 et 30 °C.

Bien sûr, il faut commencer, longuement, par La Havane. La capitale de Cuba, fondée en 1511, est l'une des plus anciennes cités d'Amérique latine. La Habana Vieja, la vieille ville, a été classée patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Dédales de ruelles et de places, de palais et de demeures coloniales baroques et néoclassiques, patios andalous, perspectives d'arcades, vitraux, ferronneries des balcons, tout y raconte l'art de vivre d'un Sud éternel et mythique. Parmi les musées : ceux de l'art colonial, de la céramique cubaine, de Che Guevara, la maison d'Hemingway de Finca Vigia (à 15 km). Sans oublier le Jardin botanique aux orchidées rares, et le Tropicana, le plus grand cabaret en plein air du monde, temple de la salsa.