États-Unis

La campagne présidentielle, qui a permis le renouvellement du mandat de Bill Clinton, a marqué l'année 1996. Du point de vue intérieur, elle a paradoxalement adouci l'affrontement entre le président et le Congrès. Malgré des résultats moins spectaculaires qu'en 1995, la politique extérieure des États-Unis n'en continue pas moins à affirmer la domination américaine dans le monde.

Une campagne sur fond de redressement économique

Rarement la conjoncture économique américaine aura paru, à court terme, aussi favorable. La croissance se maintient sans que l'inflation n'en modifie les effets positifs. Du coup, les statistiques donnent l'impression d'un redressement de la situation des catégories les plus défavorisées, apparemment plus favorable aux Noirs qu'aux Hispaniques. Mais la multiplication d'incendies d'églises noires dans les États du Sud (en juin, on en compte une trentaine depuis le début de l'année 1995) rappelle que les problèmes de cohabitation raciale constituent encore une véritable bombe à retardement pour la société américaine. Aucun des indicateurs, si volontiers sollicités en période électorale, n'est en mesure de fournir les preuves de l'existence d'une tendance au redressement longue et profonde, d'autant plus qu'à la veille de l'élection la fiabilité des statistiques gouvernementales est fortement mise en cause.

M. Clinton bénéficie néanmoins d'un climat économique exceptionnellement favorable, du soutien d'une partie importante des milieux d'affaires et de la sympathie de la grande presse, avec laquelle les républicains connaissent toujours de fortes difficultés. Après les oppositions brutales entre le Congrès et le président sur le budget de la Défense et les dossiers sociaux, suivies du blocage des institutions (mise au chômage technique d'une partie de l'Administration fédérale faute d'un accord sur le budget et l'aide sociale), l'année 1995 s'est achevée dans un climat de tension. Au fur et à mesure de l'avancement de la campagne, la majorité républicaine du Congrès juge préférable de modérer l'agressivité de ses critiques. Les compromis législatifs se multiplient alors, chaque camp désirant séduire l'électorat du centre plutôt que de l'offusquer par un radicalisme intempestif.

La préoccupation dominante des Américains reste le crime. En adoptant une posture musclée sur ce dossier, le président coupe l'herbe sous le pied de ses adversaires conservateurs et rallie à lui la majorité de l'opinion, qui espère voir se confirmer la baisse des crimes enregistrée durant l'année. Les activités dangereuses de sectes extrémistes, constituées en milices plus ou moins armées, incitent en effet l'État fédéral à la vigilance. Cependant, les efforts pour réduire les entreprises terroristes achoppent sur les principes contradictoires de la société américaine oscillant, comme toujours, entre la répression et la préoccupation obsessionnelle de la préservation des droits de l'individu-citoyen.

Accusé de laxisme en matière de répression de l'usage de la drogue, le président Clinton réplique en développant une campagne contre la consommation de tabac. Il concentre aussi ses efforts sur le soutien à la jeunesse du pays, crée une bourse fédérale pour les étudiants qui prolongent leurs études universitaires et peut se prévaloir de l'action de son épouse, Hillary Clinton, la « First Lady », en faveur de l'enfance. Soucieux de s'ériger en protecteur des plus défavorisés, tout en rejetant un interventionnisme excessif de l'État, M. Clinton réussit à gérer au mieux de ses intérêts de candidat-président la question sociale. À la fin du mois de juillet, le projet de loi du Sénat sur la réforme de l'aide sociale reçoit l'approbation du président, qui s'engage dans la voie d'une réforme du Welfare State tel que les États-Unis le connaissent depuis Lyndon Johnson et Franklin Roosevelt : sur six ans, le budget fédéral de l'aide sociale sera amputé de 55 milliards de dollars, l'assistance financière aux démunis sera limitée dans le temps, et les États bénéficieront d'une grande latitude de gestion de leur budget social.