On estime que 40 % des ménages sud-africains ne disposent pas d'un revenu suffisant pour trouver un logement décent. En juillet, le groupe minier Anglo-American licencie 17 000 mineurs après une grève sauvage dans la mine de platine de Rustenburg, la plus grande du monde. Le même groupe cède en août une de ses filiales à un consortium d'hommes d'affaires noirs.

L'Afrique du Sud tente d'exorciser le passé, et la commission « Vérité et Réconciliation », chargée d'enquêter sur les exactions commises au temps de l'apartheid, et présidée par l'archevêque anglican Desmond Tutu, prix Nobel de la paix, commence ses travaux en janvier. En octobre, la Cour suprême de Durban acquitte le général Magnus Malan, ancien ministre de la Défense, accusé d'avoir commandité le meurtre en 1987 de 13 Africains proches de l'ANC.

M. Mandela tente de donner à son pays une politique étrangère indépendante. Les visites en Afrique du Sud, en janvier, du leader musulman noir américain Louis Farrakhan, en septembre, du président iranien Rafsandjani, ajoutées à la déclaration du président Mandela indiquant qu'il était prêt à accueillir Fidel Castro et le colonel Muammar Al-Kadhafi, indisposent les États-Unis. En octobre, M. Mandela se montre réticent face à la proposition américaine d'une force interafricaine et maintient son appui à la candidature de Boutros Boutros-Ghali pour un second mandat à la tête de l'ONU. Le Maroc s'inquiète en outre de l'intention prêtée à Pretoria de reconnaître la République arabe sahraouie démocratique. N. Mandela réaffirme en août que son pays ne veut pas choisir entre les deux Chines, ce qui ne satisfait ni Taipei (avec qui Pretoria entretient des relations diplomatiques depuis 1976), ni Pékin, où le ministre des Affaires étrangères Alfred Nzo s'est rendu en avril. Quant aux négociations avec l'Union européenne pour un accord de libre-échange, elles traînent en longueur, malgré la visite à Paris, en juillet, du président sud-africain.

Chrono. : 8/05, 21/08.

Zimbabwe

Seul en lice, le président Robert Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance, en 1980, est réélu en mars à la tête de l'État, les deux autres candidats, Ndabaningi Sithole et l'évêque anglican Abel Muzorewa, ayant renoncé à se présenter. Le problème de l'expropriation (contre indemnité) des fermiers blancs (4 500 environ, qui possèdent 30 % des terres arables) pour redistribuer les terres aux paysans noirs reste d'actualité. Jusqu'à maintenant, 65 000 familles noires, sur les 160 000 prévues, ont bénéficié du plan de redistribution des terres que le président demande à la Grande-Bretagne de continuer à financer. En septembre, des milliers de fonctionnaires ont observé une grève de plusieurs jours pour obtenir une augmentation de salaire.

Zambie

La réforme de la Constitution envisagée par le président Frederick Chiluba vise très précisément, notamment par des conditions d'âge, à écarter la candidature à la présidence de l'ancien président Kenneth Kaunda, âgé de plus de soixante-dix ans. Ce projet de réforme continue à se heurter aux critiques des organisations de défense des droits de l'homme et à celles des Églises. Cela n'empêche pas le parti du président de remporter les élections législatives en octobre et M. Chiluba lui-même d'être réélu en novembre.

Malawi

L'ex-président Hastings Kamuzu Banda, sa compagne officielle Cecilia Kadzamira et son ancien bras droit John Tembo, jugés pour le meurtre – camouflé en accident de la route – de 4 politiciens en 1983, sont acquittés en décembre 1995, faute de preuves. En juin, le procureur de la République fait appel. En septembre, M. Tembo et Mme Kadzamira sont à nouveau arrêtés.

L'un des deux partis d'opposition, l'Alliance pour la démocratie (AFORD), quitte en juin la coalition gouvernementale formée avec le Front démocratique uni (UDF) du président Bakili Muluzi. Cependant, 5 ministres de l'AFORD conservent leurs ministères. Dans une lettre pastorale, les 7 évêques catholiques du Malawi accusent le gouvernement de « corruption rampante ».

Namibie et Botswana

En mai, la Namibie et le Botswana portent leur différend, à propos d'une petite île du fleuve Chobe (un site touristique à la frontière des deux pays), devant la Cour internationale de justice. Mais, en juin, la Namibie (qui a conclu en mai un accord de coopération militaire avec la Russie) accuse le Botswana de provoquer une « course aux armements » par ses achats d'armes à des pays occidentaux.