Chrono. : 19/02.

Burundi

Les affrontements entre l'armée, presque exclusivement tutsie, et les rebelles hutus, regroupés au sein d'un Conseil national pour la défense de la démocratie (CNDD), amènent le secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali, à lancer un cri d'alarme au mois de janvier. La cohabitation entre le président hutu Sylvestre Ntibantunganya (membre du Front démocratique du Burundi, FRODEBU, majoritairement hutu) et le Premier ministre tutsi Antoine Nduwayo (membre de l'Union pour le progrès national, UPRONA, ex-parti unique, dominé par les Tutsis) s'avère en effet de plus en plus malaisée. Cependant, faute de consensus, le Conseil de sécurité de l'ONU renonce à l'idée de créer une force de sécurité internationale pour préserver la paix dans le pays. Finalement, c'est le Burundi lui-même qui finit par demander aux chefs des États voisins (Kenya, Ouganda, Zaïre, Rwanda, Tanzanie), réunis à Arusha, en Tanzanie, la création d'une force interafricaine. Ce projet est interrompu par le coup d'État qui porte au pouvoir l'ex-président tutsi, le major Pierre Buyoya, l'homme qui avait rétabli le multipartisme et organisé les premières élections démocratiques en 1993. M. Ntibantunganya se réfugie alors à l'ambassade des États-Unis, tandis que le major Buyoya met son veto à toute intervention étrangère. Lors d'un second sommet, en août, à Arusha, les États voisins du Burundi décident la mise en place d'une série de sanctions économiques contre le pays. En août, un rapport de l'ONU estimant que des milliers de Hutus ont été massacrés par les militaires, le Conseil de sécurité presse le régime burundais d'entamer des pourparlers avec l'opposition. En septembre, peu après l'assassinat de l'archevêque (tutsi) de Gitega, le major Buyoya autorise les partis politiques à reprendre leurs activités et le Parlement (où le FRODEBU, hutu, est majoritaire) à se réunir, remplissant ainsi deux des conditions posées pour la levée des sanctions. En octobre, sous la pression des pays d'Afrique orientale, M. Buyoya et Léonard Nyangoma, le chef hutu du CNDD, s'engagent à entamer des négociations, mais le Burundi exige dans un deuxième temps la levée de l'embargo comme préalable à l'ouverture des discussions.

Chrono. : 9/06, 25/07.

Soudan

Le régime islamiste de Khartoum, dont l'« homme fort » reste Hassan al-Tourabi, le chef du Front national islamique (NIF), est confronté à l'hostilité de la plupart de ses voisins ainsi qu'à celle de la communauté internationale. En outre, il doit faire face à une guérilla menée par divers mouvements d'opposition. En février, le Conseil de sécurité de l'ONU condamne le Soudan pour son soutien au terrorisme et le somme d'extrader 3 islamistes soupçonnés d'être responsables de la tentative d'assassinat du président égyptien Hosni Moubarak, à Addis-Abeba, lors du sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) en 1995. Le gouvernement érythréen (qui a rompu ses relations diplomatiques avec Khartoum en 1994) aide les partis d'opposition soudanais, regroupés au sein de l'Alliance démocratique nationale (NDA), en les installant dans l'ancienne ambassade du Soudan à Asmara. En mars, les partisans du président Umar Hasan al-Bachir (qui promet le maintien de la charia et de l'interdiction des partis politiques) remportent des élections boycottées par l'opposition.

L'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) de John Garang conquiert la ville de Pochala, dans le sud du pays, avec l'appui de l'armée éthiopienne. Le SPLA subit cependant deux revers importants : en avril, la faction des rebelles sudistes dirigée par Riek Machar (pourtant réconciliée l'an dernier avec J. Garang) signe un accord avec le gouvernement soudanais ; en septembre, l'Ouganda (qui soutenait le SPLA, avec la collaboration de la CIA américaine) signe avec le Soudan (qui, de son côté, appuyait les rebelles ougandais de l'Armée de résistance du Seigneur ou LRA) un accord prévoyant la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays. Cet accord a été négocié grâce aux bons offices du président iranien Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, lors de son périple en Afrique durant l'automne 1996.