Chrono. : 24/11.

Géorgie

Brillamment réélu président de la République en novembre 1995 avec environ 74 % des voix, Edouard Chevardnadze peut compter sur l'appui de la très forte majorité que son parti, l'Union des citoyens de Géorgie, a en même temps acquise au Parlement. Poursuivant sa politique de présence sur la scène internationale, l'ancien ministre des Affaires étrangères de Mikhaïl Gorbatchev cultive les bonnes relations de son pays avec la Turquie et avec l'Occident. Au printemps, la Géorgie signe, en même temps que l'Azerbaïdjan et l'Arménie, d'importants accords de partenariat avec l'Union européenne. Il continue de ménager Moscou, qui, depuis que l'Abkhazie est entrée en sécession, conduit un jeu de bascule subtil entre les autorités géorgiennes et les séparatistes. Aussi, en visite à Moscou le 19 mars, M. Chevardnadze estime-t-il « totalement acceptables » les principes fondant le futur traité d'intégration entre la Biélorussie, le Kirghizistan et la Fédération de Russie. La présence de forces d'interposition russes sur la ligne de démarcation avec l'Abkhazie, le blocus du port abkhaze de Soukhoumi par la flotte russe et la condamnation de principe de la sécession abkhaze lors du sommet de la CEI réuni le 19 janvier à Moscou éclairent la position réaliste du président géorgien. Au cours de l'été, le président Chevardnadze engage également des discussions avec le dirigeant ossète Ludvig Chibirov afin de tenter de dégager un accord concernant le statut disputé de l'Ossétie du Sud, située en territoire géorgien.

Très affaiblie sur le plan économique par la sécession abkhaze, le flux de réfugiés, la crise énergétique, l'inflation et le chômage, la Géorgie espère que le soutien du FMI et de la Banque mondiale lui permettra de stabiliser sa monnaie. Elle compte beaucoup sur le transit par son territoire du pétrole de la mer Caspienne.

Arménie

La réélection contestée du président Levon Ter-Petrossian, le 22 septembre, attire l'attention de l'opinion mondiale sur l'Arménie. Dans un contexte dominé par la persistance de l'émigration massive, en dépit d'une reprise des activités économiques (l'Arménie peut se targuer d'un des taux de croissance les plus élevés de la CEI), le président sortant affrontait le candidat de l'opposition nationaliste Vazguen Manoukian. Celui-ci, jadis allié à son rival d'aujourd'hui dans la lutte pour l'indépendance, axe sa campagne sur la dénonciation de l'économie parallèle, de la corruption, de la persistance de la répression politique et du rapprochement avec la Russie et la Turquie. Avant même la proclamation des résultats définitifs, le président sortant se déclare vainqueur au premier tour, par 56 % des suffrages. Ce résultat est immédiatement contesté par les partisans de M. Manoukian. Selon des sources convergentes, en effet, le candidat de l'opposition avait obtenu 57 % des suffrages dans la capitale. Les accusations de manipulation ont été confirmées par les observateurs de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Mais, la contestation s'amplifiant au fil des jours, avec notamment de violentes manifestations à Erevan, le président opte, quatre jours après l'élection disputée, pour la manière forte : Erevan est investie par les chars. Sept députés de l'opposition sont arrêtés avec des dizaines d'opposants. Tandis que M. Manoukian rejoint la clandestinité, détenteur des « preuves irréfutables » du trucage des élections, M. Ter-Petrossian inaugure son second mandat en instaurant l'état d'urgence dans la capitale arménienne.

Chrono. : 22/09.

Azerbaïdjan

L'Azerbaïdjan continue à occuper une place à part dans la CEI. Il refuse les accords de portée politique ou militaire, s'en tenant à la coopération économique. Dans cette perspective, Bakou signe avec Moscou, le 18 janvier, un accord sur le transit, à travers la Tchétchénie, du pétrole brut d'Azerbaïdjan.

En avril 1996, le président Gueïdar Aliev signe également un accord de partenariat entre son pays et l'Union européenne. La tournure autoritaire du pouvoir azerbaïdjanais se confirme tout au long de l'année. En janvier, la Cour suprême d'Azerbaïdjan condamne à la peine capitale l'ex-ministre de la Sécurité nationale et l'ancien vice-ministre de la Défense, tous deux accusés d'avoir préparé un coup d'État en octobre 1994. En avril, l'ex-ministre de la Défense R. Gaziev, réfugié à Moscou, est livré aux autorités de Bakou.