Dans le centre-ville, entre la gare Saint-Charles et le Vieux-Port, le projet Euroméditerranée se précise. 1995 avait été l'année de la création de l'établissement public. 1996 a été celle des grands choix économiques (créer 16 000 emplois tertiaires). 1997 sera celle des travaux de démolition. 1998, enfin, verra les premiers bâtiments sortir de terre. Il s'agit de réorganiser, à l'horizon 2015, le centre urbain d'une métropole désireuse de jouer un rôle de premier plan dans la nouvelle politique méditerranéenne de l'Union européenne.

Depuis le lundi 16 septembre 1996, à 0 heure, les missiles nucléaires du plateau d'Albion ne sont plus opérationnels.

Malgré ses vingt-six ans d'âge, le technopole Sophia-Antipolis se porte bien : il vient de dépasser la barre des 16 000 emplois.

Rhône-Alpes

À la veille du second tour des élections municipales de juin 1995, Jacques Chirac avait annoncé que Lyon recevrait le G 7 de l'année suivante : un cadeau à Raymond Barre, candidat à Lyon et qui avait soutenu le maire de Paris à l'élection présidentielle ? Quoi qu'il en soit, la venue dans la capitale des Gaules des principaux chefs d'État de la planète, suivis par quelque 3 000 journalistes, fut l'occasion pour Raymond Barre de « vendre » l'image de sa ville au monde entier et de lui donner une stature de grande ville internationale. Écartée de la sélection olympique au profit de Lille, Lyon tient sa revanche avec le G 7.

Les tunnels routiers du Mont-Blanc (inauguré en 1965) et du Fréjus (1981) voient passer de 750 000 à 800 000 poids lourds par an. Ils sont sur le point d'être saturés ; l'air des vallées est aussi pollué que celui des grandes métropoles. Comme la Suisse et, dans une moindre mesure, l'Autriche entament des politiques draconiennes pour limiter la circulation des poids lourds sur leur territoire, c'est sur les routes françaises et les tunnels susdits que le trafic transalpin risque de se reporter. La saturation totale est annoncée pour l'échéance de 2010. La solution ? Celle que les Suisses ont retenue : charger les camions sur des trains et leur faire traverser la chaîne alpine sur de véritables autoroutes ferroviaires : c'est le ferroutage.

Rhône-Alpes figure parmi les Régions les plus touchées par le grand chantier gouvernemental restructurant les activités de défense. Déjà touché par les crises des houillères, de la sidérurgie, de Manufrance, de Creusot-Loire, le département de la Loire est aujourd'hui confronté aux réductions d'effectifs annoncées par GIAT-Industries : sur les 5 000 emplois de Saint-Chamond, Roanne et Saint-Étienne, 1 100 vont être supprimés avant la fin de 1998. Si on ajoute à cela la relégation en deuxième division de la glorieuse équipe des « Verts » et la fermeture du prestigieux restaurant de Pierre Gagnaire, on se dira que vraiment la cité stéphanoise connaît des heures difficiles.

La Région, présidée par Charles Millon, ministre de la Défense, a signé avec l'État une convention « armement » visant à atténuer les effets de la restructuration en favorisant la diversification du tissu industriel et la création d'emplois de remplacement. Déjà la Région a reçu près de 14 millions de francs, dans le cadre du programme Konver : une grande partie sera utilisée pour la réaffectation des sites jusque-là détenus par l'armée à Roanne et à Saint-Étienne.

Après des décennies d'ignorance réciproque, les deux capitales régionales, Lyon et Grenoble, envisagent leur proximité comme un atout économique et culturel. Les universitaires avaient commencé au début des années 90 en créant le schéma « Université 2000 ». Les élections municipales de 1995 et la candidature (non retenue) de la Région aux jeux Olympiques de 2004 ont précipité le mouvement. Trois réunions au sommet ont eu lieu en 1996, avec les maires de Lyon et Grenoble, mais aussi de Saint-Étienne, Valence, Bourg-en-Bresse, Annecy, Chambéry et Privas. Le développement économique y est à l'ordre du jour : transferts de technologie, promotion sur les marchés extérieurs, renforcement du tissu industriel. Le volet culturel vise à renforcer les relations déjà anciennes entre les centres culturels et scientifiques, les écoles d'art, les musées.