Devant les parlementaires bretons, venus exprimer leurs doléances à Paris, le président Chirac s'est engagé à ce que chaque emploi perdu du fait des restructurations militaires soit compensé et a confirmé qu'il n'y aurait pas de licenciement sec.

Centre

La coupure entre le Nord bénéficiant de nouvelles implantations et le Sud touché par la crise est-elle rédhibitoire ? Qu'on en juge. Des créations d'emplois sont annoncées par Valéo à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), par IBM à Boigny-Saint-Jean-de-Braye (Loiret). Enfin et surtout, le gouvernement suit les recommandations du rapport Douffiagues en faveur du site de Beauvilliers (Eure-et-Loir), à 80 kilomètres au sud-ouest de Paris, pour implanter le troisième aéroport du Bassin parisien. Le Commissariat au Plan aurait préféré une implantation au sud de la Loire.

En comparaison, la moitié sud fait figure de région sinistrée. C'est d'abord la restructuration de GIAT-Industries qui désarme la ville de Bourges (Cher) : 2 569 emplois supprimés (sur 11 128) avant 1998. Ce sont aussi tous ces plans de réduction d'effectifs en Sologne ou dans le Berry : les équipementiers Nacam à Vendôme, l'imprimerie de presse Cino del Duca à Blois...

Ces faits risquent de rallumer le contentieux entre « nordistes » et « sudistes », les seconds reprochant aux premiers de se désintéresser de la partie la plus fragile de la Région.

Champagne-Ardenne

Pour le quinzième centenaire du baptême de Clovis, expositions, colloques et spectacles (« Clovis et la naissance de la France ») se sont tenus à Reims... au moment de la venue de Jean-Paul II. Mais, devant une assistance de 200 000 personnes, le pape a souligné que le baptême de Clovis avait eu « le même sens que tout autre baptême ». Sans plus. La polémique sur la laïcité et sur le financement du voyage pontifical perdait du coup sa virulence.

Coincée entre Lorraine et Belgique, la vallée industrielle de la Meuse, à peine remise des restructurations des années 70 et 80, a failli sombrer pour de bon dans la terrible crue de 1995. Un an après, responsables économiques et élus tirent le bilan de l'action déployée. Le chômage dans le département des Ardennes demeure certes supérieur à la moyenne nationale, mais il passe sous la barre des 15 % : 14,9 %, au début de 1996, contre 15,6 % à la fin de 1994.

Beaucoup a été fait pour protéger les installations industrielles contre de nouvelles crues. Le calibrage et la dérivation de la Meuse à Charleville-Mézières ont coûté près de 17 millions de francs, dont 10 millions de fonds européens. Au total, c'est près de 60 millions de francs qui ont été engagés pour des travaux de réparation et de protection. Beaucoup reste à faire : c'est ce qu'ont dit les élus à Alain Juppé, venu dans la Région, début avril.

Corse

L'économie de l'île est à l'agonie. Aux faiblesses structurelles sont venus s'ajouter les effets d'une conjoncture difficile liée à la violence et aux attentats. Le secteur tertiaire représente 80 % des emplois ; les transferts sociaux comptent pour 50 % des revenus des ménages ; 90 % des 8 300 entreprises privées ont moins de 10 salariés. Aucun investissement nouveau n'est venu sur l'île depuis plus de dix ans. Le taux de recouvrement de l'impôt dans les délais n'atteint pas 75 %. La Corse avait reçu 1,8 million de touristes en 1992 ; moins de 1,3 million sont venus en 1996 : le manque à gagner avoisine le milliard de francs. Les dettes des agriculteurs corses atteignent 2 milliards de francs.

Pour donner une nouvelle impulsion à l'économie de l'île (et/ou pour obtenir une trêve durable de la part des poseurs de bombes ?), le gouvernement d'Alain Juppé propose, le 27 mars, de transformer la Corse en une zone franche. Le feu vert a été donné par la Commission de Bruxelles sept mois après. La zone franche entre en vigueur le 1er janvier 1997 pour une durée de cinq ans. Elle permet l'exonération des charges sociales patronales, de la taxe professionnelle et de l'impôt sur les bénéfices. Coût de l'opération : 600 millions par an. S'y ajoutent 75 millions de francs pour l'aide à la restructuration des PME en difficulté. Bruxelles annonce la reprise des versements de la prime à la vache allaitante qui avaient été suspendus pour sanctionner les éleveurs corses d'avoir fraudé en surestimant largement leurs effectifs bovins.

Franche-Comté

En 1975, Jacques Chirac, Premier ministre, avait annoncé la réalisation du canal Rhin-Rhône. Vingt et un ans après, le président de la République, en voyage en Franche-Comté, retrouve la question au même point. Les 230 kilomètres du chaînon manquant, en territoire franc-comtois, devront être équipés de dix-sept écluses pour compenser une dénivellation de 160 mètres. Il en coûtera 28 milliards de francs à la SORÉLIF (Société pour la réalisation de la liaison fluviale Saône-Rhône), filiale commune d'EDF et de la CNR (Compagnie nationale du Rhône). Alors que le début des travaux paraît imminent (?), les opposants au projet se mobilisent : ils sont 10 000 à défiler dans les rues de Besançon le 9 juin à l'appel des associations de défense de l'environnement, des fédérations de pêcheurs, des partis de gauche et des syndicats. Outre le peu d'enthousiasme d'EDF et du ministère des Finances et l'hostilité de la SNCF, le projet doit affronter des élus locaux, qui ne sont plus unanimes. Par ailleurs, le conseil régional semble disposé à financer un TGV Rhin-Rhône, défendu avec ardeur par Jean-Pierre Chevènement, maire de Belfort.