La peine de mort (très fréquemment appliquée contre les Noirs au temps de l'apartheid) est abolie en juin. Le gouvernement institue un peu plus tard une commission (dite « commission Vérité ») chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'homme, en particulier par les forces de sécurité, sous le précédent régime. En août, les autorités engagent une campagne contre la criminalité, laquelle a pris des proportions inquiétantes. Le nombre des étrangers résidant illégalement en Afrique du Sud s'est considérablement accru et atteindrait plusieurs millions.

Le budget sud-africain voté en mars prévoit l'augmentation des dépenses pour le logement, la santé et l'éducation, et une réduction des crédits pour la défense. Certaines charges pesant sur les entreprises sont allégées, mais un projet de loi sur la libre concurrence inquiète les grands conglomérats industriels et financiers blancs qui y voient une tentative de décartellisation destinée à favoriser l'émergence d'entreprises noires. Des négociations sont entamées avec l'Union européenne pour associer l'Afrique du Sud à la convention de Lomé qui régit les relations économiques entre l'Europe des Quinze et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). L'Afrique du Sud, qui n'a pu obtenir d'être admise comme membre à part entière des pays ACP, devrait cependant bénéficier de certains des avantages, douaniers notamment, dont ils jouissent.

Chrono. : 20/01, 6/06, 1/11.

Madagascar

Le premier semestre est dominé par la montée de l'affrontement entre le Premier ministre Francisque Ravony et le président Albert Zafy, ce qui gêne considérablement le fonctionnement de l'État. L'une des raisons de cette tension vient d'une divergence sur la politique économique et financière : face au problème de la dette, F. Ravony souhaite un accord rapide avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, tandis que le chef de l'État et le président de l'Assemblée nationale conservent un penchant pour ce que l'on a nommé les « financements parallèles », proposés par des intervenants extérieurs privés, à des conditions plus ou moins douteuses. Le chef du gouvernement triomphe tout d'abord d'une motion de censure en juillet et remanie en août son cabinet en se séparant des ministres proches du président. Mais celui-ci réplique en organisant en septembre un référendum constitutionnel. Grâce à 63 % de « oui », avec cependant une participation limitée à 65 % (3,8 millions de votants pour 5,8 millions d'inscrits), le chef de l'État peut modifier la Constitution de la IIIe République. Celle-ci, adoptée en 1992, était d'orientation parlementaire, pour réagir contre le pouvoir autoritaire de l'ancien président Ratsiraka. Désormais, c'est à nouveau le président de la République et non plus l'Assemblée nationale qui nomme le Premier ministre ; si ce dernier reste responsable devant le Parlement, une majorité des deux tiers (au lieu d'une majorité simple) est désormais nécessaire pour le renverser.

F. Ravony présente sa démission en octobre, dès la proclamation officielle des résultats du référendum. Il est remplacé quelques jours après par Emmanuel Rakotovahiny, ancien ministre de l'Agriculture.

Chrono. : 17/09.

Comores

En septembre, le Français Bob Denard et une trentaine de mercenaires renversent le président Mohamed Djohar. Un comité militaire avec à sa tête le capitaine Combo (délivré de prison par Bob Denard) est mis en place. Le Premier ministre Caabi el-Yachroutu (en poste depuis avril), réfugié à l'ambassade de France à Moroni, demande officiellement l'aide de la France au titre des accords de défense de 1979. Une intervention française, l'opération Azalée, délivre le chef de l'État comorien dans la nuit du 3 au 4 octobre.

Le Premier ministre constitue alors un nouveau gouvernement, aussitôt désavoué par le président Djohar, exilé à la Réunion. On s'interroge sur les causes de l'entreprise de Bob Denard, qui, après un premier coup d'État réussi en 1978, possédait la nationalité comorienne et des intérêts financiers dans l'archipel. Il avait dû le quitter en 1989 à la suite d'une intervention militaire franco-sud-africaine, organisée après l'assassinat du président Ahmed Abdallah, dont il commandait la garde présidentielle. Le président avait été tué par l'un des lieutenants français de Bob Denard.