L'indépendance du Somaliland (le nord du pays, qui a fait sécession en mai 1991) n'est encore reconnu par aucun pays. Le président Mohamed Ibrahim Egal maintient un ordre précaire menacé par les combats violents entre milices rivales.

Chrono. : 2/03, 8/07.

Kenya

Le gouvernement du président Daniel Arap Moi poursuit sa politique de « régionalisation ethnique » au détriment des Kikuyus (l'ethnie de l'ancien président Kenyatta), qui sont chassés de la Rift Valley par les Kalenjins (ethnie du chef de l'État) et les Masais. Les affrontements interethniques font plusieurs milliers de morts. En juillet 1995, la Grande-Bretagne suspend son aide au Kenya, à qui elle reproche de ne pas respecter les droits de l'homme. Au début de l'année, comme le Kenya accuse l'Ouganda de soutenir le mouvement rebelle dit « du 18 février », dirigé par John Odongo, celui-ci est expulsé par les autorités ougandaises dans un souci d'apaisement. La création, en juin, d'un nouveau parti d'opposition, la Safina (« l'arche de Noé ») par le paléontologue Richard Leakey, un Blanc de nationalité kenyane, déchaîne la colère du président Moi. La Safina entend lutter contre la corruption du régime. Contre toute vraisemblance, Moi accuse Leakey d'être soutenu par le Ku Klux Klan américain. En octobre, le président Moi s'oppose à l'entrée des enquêteurs du tribunal international, mis en place par les Nations unies pour rechercher et juger les responsables présumés du génocide rwandais de 1994. Certains d'entre eux se sont en effet réfugiés au Kenya.

Tanzanie

L'ancien parti unique, le Chama Cha Mapinduzi (CCM, parti de la Révolution) remporte en octobre et novembre les premières élections multipartites (législatives et présidentielle) depuis l'indépendance. Son candidat, Benjamin Mkapa, est élu président de la République. Chrétien, originaire du continent, il succède à Ali Hassan Mwinyi, musulman, né dans l'île de Zanzibar. La campagne électorale a accentué le clivage entre chrétiens et musulmans, tout particulièrement à Zanzibar (majoritairement musulmane), où une partie de l'opinion est favorable à une sécession de l'île.

Ces résultats sont contestés : à Dar es-Salaam, la principale ville du pays, un second scrutin doit être organisé pour cause d'irrégularités.

Ouganda

Le pays se porte bien avec une croissance de 10 % et un taux d'inflation tombé à 3 %. Le président Yoweri Museveni reste hostile au multipartisme, et la nouvelle Constitution, adoptée en septembre, maintient pour cinq ans l'hégémonie de son Mouvement de résistance nationale, qui fonctionne comme un parti unique. Aux élections présidentielle et législatives de 1996, seules les candidatures individuelles sans étiquette politique seront autorisées. L'importante ethnie des Bagandas réclame un système fédéral qui leur garantirait l'autonomie.

Les relations sont amicales avec le Rwanda. En visite en août à Kigali, Museveni appelle Hutus et Tutsis à dépasser leurs divisions. Les rapports avec le Soudan restent tendus. Le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie, qui ont formé jusqu'en 1978 la Communauté économique de l'Est africain, concluent en septembre un accord de convertibilité réciproque entre leurs trois monnaies.

Burundi

Le partage du pouvoir entre le Front pour la démocratie au Burundi (FRODEBU) majoritairement hutu, vainqueur des élections de juin 1993, et l'Union pour le progrès national (UPRONA, ex-parti unique) majoritairement tutsi, se révèle difficile à maintenir. Les deux communautés ne cessent de s'affronter. En décembre 1994, l'UPRONA (qu'appuie l'armée presque entièrement tutsie) obtient le limogeage du président hutu de l'Assemblée nationale, puis, en février, la démission du Premier ministre tutsi, qui venait d'être exclu de l'UPRONA. Il est remplacé à la tête du gouvernement par Antoine Nduwayo, tutsi et membre de l'UPRONA. En mars, les affrontements entre les milices hutues et l'armée font plusieurs centaines de morts. En septembre, l'ambassadeur américain dénonce les exactions des militaires : onze ministres hutus l'assurent de leur soutien, tandis que les ministres tutsis boycottent le Conseil des ministres pour protester contre ces propos. Pour résoudre cette crise politique, le président Sylvestre Ntibantunganya et le Premier ministre procèdent à un remaniement ministériel qui donne la majorité des portefeuilles aux partis d'opposition.