Chrono. : 15/02, 11/03, 29/03, 7/06.

Rwanda

Le Rwanda continue à vivre des heures difficiles. Là aussi, la réconciliation nationale entre Tutsis et Hutus reste problématique et le retour des réfugiés (deux millions en tout) est à peine amorcé. Pourtant, en janvier, la communauté internationale débloque 600 millions de dollars d'aide au gouvernement rwandais, et Paris reprend sa coopération avec le Rwanda. En mars, le Comité international de la Croix-Rouge dénonce le taux de mortalité élevé parmi les quelque 30 000 personnes détenues pour leur participation au génocide, en attente de jugement et entassées dans les prisons rwandaises.

En avril, le gouvernement décide de fermer les camps de réfugiés hutus installés dans le sud du pays lors de l'opération française « Turquoise ». L'armée rwandaise ouvre le feu lors de la fermeture du camp de Kibeho, faisant plusieurs milliers de victimes parmi les réfugiés. En signe de réprobation, l'Union européenne suspend son aide, qu'elle ne reprend qu'en août. En août également, le Zaïre décide, après la décision de l'ONU de suspendre l'embargo sur les armes à destination du Rwanda, d'expulser les réfugiés rwandais, qui craignent des représailles s'ils regagnent leur pays. Devant les réserves exprimées par plusieurs pays, dont la France, le Zaïre arrête les expulsions mais exige le départ des réfugiés à la fin de l'année, dans le cadre d'un accord conclu avec le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés.

Fin août, le Premier ministre rwandais, Faustin Twagiramungu, un Hutu modéré, et trois autres ministres hutus sont contraints à la démission, à la suite d'un désaccord avec le vice-président tutsi, Paul Kagame, « l'homme fort » du régime, ancien chef du Front patriotique rwandais (FPR) et de son armée. Contrairement à ce que prévoient les accords d'Arusha (1993), le nouveau Premier ministre, Pierre-Célestin Rwigema, n'est pas choisi par le Mouvement démocratique rwandais (MDR, hutu). Le remaniement ministériel qui suit confirme la « radicalisation » du pouvoir aux mains du FPR majoritairement tutsi. Il risque de compromettre la réconciliation nationale. Au mois de novembre, le Tribunal pénal international, chargé de juger les responsables du génocide, commence ses travaux à Arusha, en Tanzanie.

Chrono. : 22/04, 16/08, 28/08, 12/09, 5/11.

Guinée-Bissau

La Guinée-Bissau se réconcilie avec la république du Cap-Vert, qui avait mené conjointement avec elle le combat contre le colonisateur portugais, sous la direction d'un même parti, le PAIGC (parti africain de l'Indépendance de la Guinée portugaise et du Cap-Vert). Les relations entre les deux pays s'étaient distendues avec le renversement, en novembre 1980, du président Luis de Almeida Cabral par le général João Bernardo Vieira, toujours au pouvoir à Bissau.

São Tomé et Principe

Le président Miguel Trovoada est déposé par l'armée le 15 août 1995, puis rétabli dans ses fonctions le 22, grâce à une médiation extérieure dirigée par l'Angola. Ce coup d'État du sous-lieutenant Manuel Quintas de Almeida exprimait autant le mécontentement des militaires santoméens quant à leur situation matérielle (ils sont mal équipés et peu payés) que leur inquiétude face à la situation générale du pays. Le rétablissement de la légalité conduit à maintenir un système où le gouvernement est dominé par l'opposition au chef de l'État.

Chrono. : 15/08.

Guinée

Des élections législatives se tiennent le 11 juin 1995. Vingt et un partis politiques y participent. Ce sont les premières élections pluralistes depuis 1957. Le PUP (parti de l'Unité et du Progrès) du président Lansana Conté obtient ainsi 71 sièges sur 114 à l'Assemblée, mais l'opposition estime que les résultats ont été manipulés par la commission électorale dirigée par le secrétaire général du ministère de l'Intérieur, Moussa Solano, membre du bureau exécutif du PUP.

Chrono. : 11/06.

Sierra Leone

La rébellion du RUF (Revolutionary United Front), commencée en mai 1991, se renforce au début de l'année, malgré une offensive gouvernementale dans le sud-est du pays et un encadrement sud-africain de l'armée nationale. Dix Européens sont enlevés par les rebelles et libérés en avril. Une médiation des Nations unies et de l'OUA (Organisation de l'unité africaine) échoue le mois suivant. Fin mars, un gouvernement à dominante civile est constitué pour la première fois depuis le coup d'État du capitaine Valentine Strasser, qui, en avril, à l'occasion du troisième anniversaire de sa prise de pouvoir, annonce la convocation d'une conférence nationale consultative.