L'introduction, en juillet 1994, de la nouvelle monnaie, le soum, ne produit pas les effets escomptés : mis en circulation au taux de six soums pour un dollar, il s'échange, en janvier 1995, au taux parallèle, à 40 pour un dollar. Début 1995, l'Ouzbékistan reçoit la première tranche d'un crédit de 900 millions de dollars accordé par le FMI. Mais la poursuite de cette aide est conditionnée par celle des réformes lentement engagées et par un plus grand respect des droits de l'homme. L'Ouzbékistan s'oriente vers une extraction accrue de gaz naturel, dont il espère devenir l'un des plus importants producteurs mondiaux. Avec quatre millions de tonnes de coton par an, l'Ouzbékistan continue d'assurer un cinquième de la production mondiale. Le coton est sa principale source de devises.

Kirghizistan

Élève modèle du FMI en Asie centrale, le président Askar Akaïev s'oriente vers un programme de privatisations massives, notamment de la terre cultivable. Cette orientation vaut au Kirghizistan l'attribution de nombreux crédits : après les 104 millions de dollars accordés par le FMI, la Banque mondiale promet un milliard de dollars jusqu'en 1997. Les investisseurs étrangers s'intéressent à l'or kirghiz, sa ressource naturelle la plus attractive. Leur engagement pourrait faire passer la production de deux millions de tonnes en 1994 à vingt en 1998.

Après le référendum de janvier 1994, qui l'avait confirmé dans ses pouvoirs jusqu'en 1996, les élections législatives de février 1995, entachées de nombreux cas de fraude et de pressions diverses, permettent au président Akaïev de consolider un pouvoir semi-autocratique. Fort de l'appui des instances internationales, d'une inflation contenue au niveau de 20 à 30 % en 1995 et de l'enrayement de la chute de la production (− 40 % de biens de consommation en 1994), il gouverne désormais par décrets et applique une rigoureuse « thérapie de choc » libérale. En conséquence, la majorité de la population du pays vit actuellement en dessous du seuil de pauvreté, tandis que prospère la production incontrôlée du pavot au point que certains observateurs parlent de « colombianisation » de l'économie kirghize.

Turkménistan

Les élections législatives de décembre 1994 et le référendum du début de l'année 1995 sont l'occasion pour le président Saparmourad Niazov de faire reconduire son mandat jusqu'en l'an 2002. Il se fait désormais appeler « Père des Turkmènes » et s'efforce de tirer parti d'une certaine reprise de la croissance après deux ans de récession. Important producteur de gaz naturel, le pays est créditeur auprès de plusieurs États de la CEI. Le président fait miroiter auprès d'une population appauvrie (le PIB par habitant est l'un des plus faibles des États de la CEI) la perspective de faire du Turkménistan un « Koweït » à l'horizon de l'an 2000 : les réserves du pays en hydrocarbures permettent en effet d'escompter une production de 28 millions de tonnes par an à la fin du siècle. Au plan des relations régionales, le Turkménistan continue d'occuper une position originale en se tenant en retrait à l'intérieur de la CEI, en privilégiant les relations bilatérales, notamment avec la Russie, et en renforçant ses relations avec l'Iran, qui lui a assuré un débouché maritime dans le golfe Persique (port de Bandar Abbas, relié par voie ferroviaire au territoire turkmène).

Tadjikistan

La guerre civile opposant les néocommunistes, soutenus par Moscou, aux islamo-démocrates tadjiks sur fond d'atavismes claniques se poursuit en 1995, bloquant toute perspective de réforme économique et décourageant les investisseurs potentiels. Plus de vingt mille soldats russes sont stationnés dans le pays, engagés dans des affrontements armés avec l'opposition, notamment dans le Haut-Badakhchan, région frontalière avec l'Afghanistan. La capitale, Douchanbe, est elle-même le théâtre de combats début 1995. Des élections législatives tenues en février 1995 et entachées de nombreuses irrégularités donnent la majorité au pouvoir en place, mais le rapport de forces demeure fragile. L'éventualité de l'installation d'une république islamique au Tadjikistan préoccupe autant Moscou et les ex-républiques soviétiques en Asie centrale que les instances internationales. Mais les diverses médiations tentées au cours de l'année 1995 échouent à imposer un cessez-le-feu ouvrant la voie à la reconnaissance des droits de l'opposition et à la tenue d'élections libres. Depuis le début de la guerre civile (1992), qui a fait 100 000 morts, le PIB a diminué de moitié. La population du pays ne survit que grâce à l'aide humanitaire.

Arménie

Entre pénuries persistantes et tensions politiques internes, l'Arménie continue de traîner le boulet du conflit qui, depuis quatre ans, l'oppose à l'Azerbaïdjan à propos du Haut-Karabakh. Le blocus imposé par l'Azerbaïdjan crée, en dépit du cessez-le-feu signé en mai 1994, les conditions d'une grave crise énergétique et de difficultés économiques insurmontables : les habitants d'Erevan ne sont alimentés en électricité que quelques heures par jour ; en septembre 1995, l'inflation du dram, mis en circulation en 1993, se maintient à hauteur de 1 500 %. La dette extérieure du pays est de dix millions de dollars, le taux de chômage s'élève à 6,2 %. Le salaire moyen est de 3 000 drams (35 francs) par mois (le plus bas niveau de toute la CEI). Une partie importante de la population continue de vivre soit de subsides fournis par la diaspora arménienne, soit des revenus acquis par les centaines de milliers d'Arméniens contraints de travailler une partie de l'année à l'étranger (en Russie, notamment).