Les Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire, ont livré à l'armateur norvégien Royal Caribbean Cruise Lines le Legend of the Seas, dixième paquebot de croisière lancé par les chantiers, conçu dans le sillage du Sovereign of the Seas, livré en 1987. Son frère jumeau, le Splendor of the Seas, en cours de construction, prendra la mer en 1996. Le dernier grand chantier naval occupe encore 4 200 salariés. La concurrence est vive avec les autres chantiers, et elle est accentuée par les désordres monétaires.

Sur le marché international, les entreprises des pays à monnaie dévaluée profitent d'un avantage déterminant : c'est justement le cas de la Finlande et de l'Italie, les principaux concurrents.

Les industriels de Saint-Nazaire espèrent que la Commission européenne mettra en place un système de montants compensatoires pour corriger ces mouvements monétaires. Les Chantiers de l'Atlantique ont encore du travail jusqu'en 1997.

Picardie

La situation géographique de la Picardie n'est pas le moindre de ses atouts. En une journée de camion, les produits de la Région peuvent parvenir à 200 millions de consommateurs. La section Paris-Amiens de l'autoroute A 16 est ouverte depuis l'automne 1994, et la section Amiens-Calais le sera en 1998 ; l'A 29 traversera bientôt la Région d'ouest en est, entre Le Havre et Saint-Quentin, où elle se raccordera à l'axe Calais-sillon rhodanien.

La Compagnie de grandes glaces, créée par Colbert, était venue s'installer à Saint-Gobain en 1693. La société Saint-Gobain-produits industriels (SGPI) déménage en février 1996 la dernière activité industrielle liée au verre de la petite ville picarde, son berceau historique, pour l'implanter sur le site voisin de Condren. La concentration géographique des activités est justifiée par des considérations économiques, mais représente un manque à gagner énorme pour la commune de Saint-Gobain (2 300 habitants).

De nombreux agriculteurs picards, et de l'Aisne en particulier, mettent beaucoup d'espoir dans la culture du ginseng, une plante asiatique, mais qui est apparue dans le département à la suite de contacts noués avec des agriculteurs canadiens de la région des Grands Lacs. Le prix de vente est élevé (400 à 600 francs le kilo), car la plante exige beaucoup de soins. Le coût de plantation aussi : 700 000 francs à l'hectare.

Poitou-Charentes

Pour beaucoup, Poitou-Charentes c'est avant tout le Futuroscope, dont la fréquentation augmente d'année en année : 2,4 millions de visiteurs en 1994, près de 3 millions en 1995. Le département de la Vienne est devenu plus touristique que la très balnéaire Charente-Maritime, en termes de nuitées. L'aéroport de Poitiers-Biard profite de l'engouement pour le Futuroscope et bénéficie de la multiplication des vols charters et des liaisons biquotidiennes Poitiers-Lyon, Poitiers-Toulouse et Poitiers-La Rochelle. Le trafic était de 26 600 passagers en 1992, il frôle les 70 000 en 1995.

L'industrie régionale est le fait de PME, même si elles dépendent de grands groupes. Avant même que le président du conseil régional, Jean-Pierre Raffarin (UDF-PR), ne devienne ministre des PME et de l'Artisanat dans le gouvernement d'Alain Juppé, la Région a entrepris une politique d'aide à la création de petites unités, les « pépites ».

Depuis deux ans, la production de cognac (600 000 hectolitres par an) dépasse largement la demande (400 000 hectolitres par an). Les principaux clients, États-Unis et Japon, achètent moins. On ne le dit pas trop fort, mais on pense que 10 000 viticulteurs sur 80 000 hectares, c'est beaucoup trop. Le négoce préférerait travailler avec 3 000 viticulteurs sur 50 000 hectares.

Provence-Alpes-Côte d'Azur

Pour Jean-Claude Gaudin, à Marseille, la troisième tentative a été la bonne. Il met fin à quarante-deux années de domination de la gauche (avec, souvent, l'alliance des centristes) sur la ville de Marseille ; mais, pour se mettre en conformité avec la loi sur le cumul des mandats, il abandonne la présidence de la Région. Le fait marquant dans la Région PACA demeure pourtant la victoire de listes du Front national à Orange, Toulon, Marignane. Pour y mener quelle politique ? Celle de la préférence nationale, dans la deuxième Région en France pour le solde migratoire ?