« Je ferai un peu moins de prestige et un peu plus de proximité » : le Premier ministre veut remettre Bordeaux à flot et y « restaurer une démocratie formelle », selon les termes de l'opposition socialiste. La cour régionale des comptes avait épingle Bordeaux et la CUB sur deux dossiers de l'ère Chaban : le projet de métro VAL, mal maîtrisé, imprécis et qui aurait été insupportable pour la fiscalité locale, et le traité de concession de service de l'eau, jugé trop avantageux pour la Lyonnaise des Eaux.

Les sylviculteurs du Sud-Ouest se rebiffent contre la loi sur la protection de l'environnement entrée en vigueur le 3 février : ils soupçonnent l'État de vouloir se réapproprier la forêt via les nouvelles dispositions sur la lutte contre les incendies. Pourtant, les forestiers gèrent un domaine qui fait vivre 30 000 personnes.

Auvergne

La réélection de Roger Quilliot (PS) à la mairie de Clermont-Ferrand sonne le glas des ambitions municipales de Valéry Giscard d'Estaing, peut-être handicapé, en la circonstance, par le soutien encombrant du Front national.

L'Auvergne commence à être équipée des voies de communication dont elle avait besoin. La section auvergnate de l'autoroute A 75 Paris-Béziers est achevée, et la Méditerranée sera atteinte entre 2001 et 2005. La transversale Bordeaux - Clermont-Ferrand - Lyon - Turin suivra peu après. D'autre part, l'axe Paris-Méditerranée doit croiser, à Moulins, l'axe Nantes-Genève. Le Massif central et l'Auvergne pourront jouer leur rôle de plaque tournante.

Depuis la réforme de la législation de l'attribution des appellations d'origine contrôlée (AOC) en 1990, en dehors des fromages et des vins, seules les olives de Nyons avaient été concernées. Désormais, les lentilles vertes du Puy le sont aussi. Mais, en passant du rang de spécialité à celui d'AOC, la lentille du Puy hérite d'un cahier des charges restrictif : dates précises de semis et de récolte, délimitation stricte du territoire de culture, limitation des herbicides et pesticides...

Cerrilly, tomachoun et chambelat ont failli disparaître à jamais du paysage fromager français. Le renouveau vient de Domerat (Allier), où l'on relance ces productions locales.

Bourgogne

Beaune avait failli recevoir un institut viticole en 1898. Ce fut finalement Dijon qui fut élue pour recevoir, en janvier 1995, l'Institut universitaire de la vigne et du vin, en plein cœur du campus universitaire. Une dizaine de formations de 2e et 3e cycles d'œnologie et d'ampélologie (la science de la vigne) sont proposées aux étudiants. L'Institut a vocation de faire autorité pour les vignobles de Bourgogne, bien sûr, mais aussi de Champagne, d'Alsace, et il pourrait même étendre ses activités aux Pays de la Loire, au Jura, voire à la Suisse et à l'Allemagne.

L'Yonne produit bon an mal an 4 600 tonnes de cornichons, soit la moitié de la récolte nationale. Les 240 producteurs du département, regroupés au sein d'une société d'intérêt collectif agricole (SICA), n'apprécient pas du tout la concurrence des cornichons importés de Hongrie et de Turquie, et l'ont fait savoir en déversant 30 tonnes de ces condiments dans les rues d'Auxerre : ils réclament une réglementation des importations.

De tous les départements français, la Saône-et-Loire fut le mieux doté par le Fonds de gestion de l'espace rural : 9,5 millions de francs en 1995 sur un total de 500 millions de francs pour la France entière : ce département devient ainsi la référence pour les initiatives de mise en valeur intelligente du territoire et du paysage rural.

Bretagne

Le record de pluie du siècle à Rennes ; Redon transformée en presqu'île et reliée au reste du monde par la seule route de Rennes ; Quimper prenant des allures de Venise bretonne, le pittoresque en moins : la Bretagne a été touchée en janvier 1995 par des précipitations et des crues d'une rare intensité. Et les agriculteurs et les écologistes de s'opposer à nouveau sur les conséquences de l'arasement du bocage et celles de la disparition de 140 000 kilomètres de talus depuis quarante ans. Le conseil général du Finistère préconise une politique de reconstruction de haies à partir de feuillus et d'espèces autochtones. Des subventions de 6 francs au mètre linéaire sont allouées au bénéfice d'agriculteurs regroupés par communes.