Marseille est le dernier port français à ne pas appliquer la loi Le Drian-Josselin (1992) sur la réforme du statut des dockers, visant à la mensualisation de la profession et à la disparition du régime de l'intermittence. Secoué par des grèves a répétition, le port autonome de Marseille (PAM) voit une partie de son trafic lui échapper au profit d'autres ports européens. La Spezia, Algésiras et Barcelone dépassent Marseille pour le trafic de conteneurs.

La cité phocéenne s'enfonce dans la crise : 20 % de chômeurs (30 % dans certains quartiers), 10 % des habitants en dessous du seuil de pauvreté, déménagements d'usines vers Fos, Vitroles ou Martigues. Comme ailleurs, on mise sur la high-tech : avec 3 500 chercheurs, Marseille s'affirme la deuxième ville de France après Paris. On mise aussi sur le port (quand il n'est pas en grève) et sur sa vocation de « carrefour du monde ». Le projet Euroméditerranée va dans ce sens.

Rhône-Alpes

Pour la deuxième année consécutive, la Savoie publie une étude sur l'impact des jeux Olympiques de 1992 organisés à Albertville. La fête olympique a fait faire à la Savoie un bond de quinze ans en matière d'infrastructures ; Albertville a bénéficié d'un « ravalement de façade » ; certains équipements ont été reconvertis en logements, en bureaux ; et, à plus long terme, de nombreux dossiers ont été débloqués : l'autoroute de Maurienne en construction ou la décision d'un TGV France-Italie.

Par contre, le volet économique et financier est plus mitigé. Le chômage s'est accru de 10 % depuis les Jeux en Savoie (et de 66 % dans le secteur d'Albertville depuis 1991). Des 14 000 emplois « utilisés » pour la préparation des Jeux, il n'en subsiste que 1 000. Le secteur des BTP est naturellement le plus touché. Les RMIstes sont passés de 355 à 780 dans la vallée de la Tarentaise entre avril 1992 et octobre 1993. Les chantiers ont provoqué une surchauffe de 1988 à 1992 mais ont épuisé les carnets de commandes pour longtemps.

La Région dispose depuis le 3 juillet d'une plate-forme multimodale autoroute-TGV-aéroport international (la première en Europe), grâce à la mise en service de la gare SNCF dans la zone aéroportuaire de Lyon-Satolas. Charles Millon, président (UDF-PR) du conseil régional, voulait faire de cette mise en service le point fort de son mandat. Mais la nouvelle gare ne fait pas l'unanimité : l'œuvre monumentale de Santiago Calatrava Valls a coûté trois fois plus que prévu, sans compter les dépenses engagées par la SNCF, par le conseil général du Rhône et par la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Lyon, concessionnaire de l'aéroport. Cela en vaut-il la peine ? L'aéroport de Satolas voit passer plus de quatre millions de personnes par an. Un milliard d'investissements sont prévus d'ici l'an 2000 pour agrandir l'aérogare. De grandes entreprises sont venues dans les zones industrielles alentour : Hewlett-Packard, Ikea, Valéo... L'aéroport est desservi par 30 compagnies.

Cependant, la nouvelle gare, bien reliée aux différentes villes de la région par autoroute, manque encore de transports en commun pour desservir Lyon. Pour l'instant, de 100 à 150 personnes par jour seulement prennent le TGV à Satolas. Mais le tronçon Satolas-Montmélian (Savoie) est en chantier, en attendant le franchissement des Alpes vers Turin, via Modane.

Les Grenoblois attendaient un nouveau musée depuis plusieurs décennies. Le musée d'intérêt national (MIN), inscrit sur la liste des « grands projets » de province dès 1982, est construit au bord de l'Isère. Il présente, sur 10 000 mètres carrés, une des plus belles collections de peintures de France, en particulier des œuvres du début du xxe siècle. L'investissement total s'élève à 204 millions de francs, répartis entre l'État (39,6 %), le conseil régional (13,7 %), le conseil général de l'Isère (20,2 %) et la ville de Grenoble (26,5 %). On compte sur 200 000 visiteurs par an. Le Premier ministre Édouard Balladur est venu inaugurer cet outil culturel de première importance, en présence d'Alain Carignon, maire de Grenoble, et. à l'époque, ministre de la Communication, mais Jacques Toubon, ministre de la Culture, était absent.