Finances internationales

Tourmentes monétaires

Au cours de l'année 1992, les marchés financiers (notamment celui des actions) comme ceux des changes ont été violemment secoués à des dates quelque peu rapprochées (autour du 20 septembre et le 5 octobre) par deux sortes de crises : l'une à dominante monétaire, l'autre boursière avec des répercussions monétaires. La première a été appelée « tourmente » parce qu'elle a frappé plusieurs monnaies du système monétaire européen dont le franc : à la veille et au lendemain du référendum du 20 septembre sur le traité de Maastricht (soit du 17 au 24), le franc a pu résister victorieusement aux assauts répétés de la spéculation, grâce au soutien de la Banque de France et au concours de la Bundesbank. Le lien entre le franc et le mark est ainsi sorti par la suite renforcé de la tourmente monétaire.

Tempête boursière

Quant à la seconde crise, elle a davantage ressemblé à une soudaine « tempête », dans la mesure où les différents intervenants du marché (exportateurs, multinationales, grandes banques, investissements institutionnels comme les compagnies d'assurances et les caisses de retraite et, enfin, les banques centrales) prévoyaient et redoutaient, en l'absence de toute relance de l'activité économique, une chute brutale et profonde des cours des actions sur les différentes places financières internationales ; aussi ces intervenants n'ont-ils pas été tellement surpris par la baisse du 5 octobre, suivie naturellement d'un retour au calme. Mais, dans la mesure où les inquiétudes et les incertitudes ont subsisté, les marchés financiers mais aussi monétaires ont continué à être instables.

Les leçons de 1987 et 1989

Les marchés financiers ont pu être qualifiés de vulnérables (ou de fragiles) dans la mesure où ils accusent, en les amplifiant ou en les atténuant, les moindres difficultés, les chocs majeurs ou surtout les incertitudes durables tant au point de vue économique que politique.

Au cours des années 1980, cette vulnérabilité des marchés financiers s'est fortement accrue. En effet, leurs conditions de fonctionnement ont été profondément affectées par des réformes : informatisation, déréglementation (ou libéralisation), innovations financières. Du côté des opérateurs, elles ont introduit de nouvelles pratiques responsables des crises plus ou moins graves et répétitives sur le marché des actions ou sur celui des changes. En premier lieu, la rénovation technologique apportée par l'informatique et les télécommunications a facilité l'unification mondiale (ou globalisation) des marchés financiers : avec les nouvelles techniques de cotations électroniques, n'importe quel opérateur peut saisir presque instantanément une occasion de profit immédiat en n'importe quel point du globe. En second lieu, l'informatisation a contribué à abaisser le coût de transaction : les banques ont, en conséquence, réduit les commissions qu'elles réclamaient, si bien que des transactions ont été rendues avantageuses du fait de l'importance des sommes engagées pour une rémunération très faible, par l'effet de levier et par la répétition de ce genre d'opérations en très peu de temps. En troisième lieu, avec la déréglementation, la suppression des contrôles des changes, les capitaux peuvent librement circuler à travers le monde à la recherche de la rémunération immédiate la plus élevée. En dernier lieu, des innovations financières ont été proposées, de telle façon que les entreprises disposant d'importantes liquidités les placent temporairement (à très court terme) en attendant de les affecter définitivement à l'investissement productif. Dans ces conditions, la vulnérabilité des marchés financiers tient à la rapidité des réactions et du dénouement mettant fin aux incertitudes du moment.

Scénario obligé

En raison des changements observés, les crises monétaires ou financières qui ont pu survenir au cours des années 1980 ont obéi en quelque sorte à un processus obligé. Dans un premier temps, il s'est produit un mouvement de hausse des cours des actions, suivi souvent d'une variation des changes. Les sommes mises en jeu s'élevant continuellement dans la même journée, on assiste au gonflement de ce qui a été appelé « la bulle financière ». Dans un deuxième temps, il arrive un moment où, face à une conjonction exceptionnelle d'inquiétudes et d'incertitudes, les opérateurs sont amenés à vendre leurs titres, afin de ne pas trop perdre. Comme beaucoup agissent ainsi sur différentes places financières internationales, l'effondrement des cours ne peut pas être évité : le krach peut alors être regardé comme l'explosion de la bulle financière.