Dépôts de bilan et licenciements se succèdent dans les vallées textiles vosgiennes, qui assurent encore 38 % de la filature et 42 % du tissage du coton en France, avec 120 000 salariés. Les Héritiers de Georges Perrin (HGP) – 650 salariés – ont déposé leur bilan en avril. Boussac, qui avait 17 000 salariés à la fin des années 60, n'en a plus que 373 dans l'unité de Nomexy, dont la survie dépend du plan de sauvegarde de VEV (Vitos Établissements Vitoux). La vulnérabilité du textile vosgien tient à sa spécialisation dans les fils et tissus de coton écru – produit semi-fini à faible valeur ajoutée –, qui représentent 70 % d'une activité concurrencée par les pays à bas salaires. À l'heure où la sidérurgie mondiale marque le pas, Usinor-Sacilor ferme les deux hauts-fourneaux d'Uckange (330 emplois) en Moselle et la mine de fer de Mairy-Mainville (280 emplois) en Meurthe-et-Moselle.

Midi-Pyrénées

La Découverte de Carmaux produit le charbon le plus cher de France. La tonne extraite revenant à 730 F est vendue 300 F, tandis que le charbon importé arrive au port de Bordeaux à 250 F. Ce qui n'empêche pas la mobilisation des Carmaussins contre la mise en place par les Charbonnages de France du plan de restructuration et du plan social qui l'accompagne. L'exploitation devrait se poursuivre, à partir de 1992, avec 289 salariés (au lieu de 629) pour une production annuelle maintenue à 140 000 tonnes, contre 400 000 tonnes selon les plans initialement prévus. Albi accueillera la sixième école des Mines et l'État augmentera de 50 % pendant trois ans le soutien financier qu'il accorde à la reconversion du site.

Paris ne fait plus la pluie et le beau temps : depuis le 10 septembre 1991, le service central de l'exploitation de la météorologie, c'est-à-dire le cœur de Météo-France, s'est décentralisé sur le Météopole du Mirail à Toulouse, auprès de l'École nationale de la météorologie et du Centre national de la recherche météorologique.

Un nouveau Capitole pour Toulouse : le projet d'urbanisme de la Porte Marengo, confié à l'architecte Jean-Pierre Buffi, doit être achevé en 1995. Le nouveau quartier sera occupé par des logements, par l'ensemble des services municipaux et par des sièges sociaux et des services en provenance du centre-ville, voire de Paris.

Nord-Pas-de-Calais

De restructurations en ajustements, l'industrie textile de la Région n'en finit pas de craindre pour ses emplois. Troisième Région textile derrière l'Île-de-France et les Pays de la Loire, le Nord-Pas-de-Calais concentre à lui seul 100 % de la filature du lin, 95 % du peignage de la laine, 85 % des filatures de coton, mais seulement 35 % des tissages et 10 % de la confection. Les gains de productivité ont été nets. Résultat : le nombre d'employés de la filière textile-habillement est passé de 200 000 à la fin des années 1950 à 60 000 aujourd'hui.

Le groupe VEV (Vitos Établissements Vitoux), qui a récupéré les dépouilles des empires Prouvost et Boussac, est au bord de la faillite. Toutes les sociétés du groupe sont concernées par des compressions d'effectifs : Intexal à Cambrai (1 200 salariés), La Lainière de Roubaix (1 250), Customagic à Commines et Halluin (250).

Dans les états-majors, on se refuse à croire que tout est perdu. Trois orientations apparaissent encore possibles : la spécialisation vers les activités d'amont (filature et tissage), qui peuvent être fortement automatisées (les salaires n'entrant que pour 15 % dans le prix du fil, les faibles rémunérations versées dans les pays du tiers-monde se font moins sentir) ; d'autre part, l'orientation vers les textiles à usage technique (médecine, aménagements routiers, protection thermique ou nettoyage industriel) peut permettre aux entreprises de ce secteur de tirer leur épingle du jeu ; enfin, la solution du « circuit court » consisterait à rapprocher distributeurs et industriels. Les chaînes spécialisées (Promod, Camaïeu) ne travaillent plus sur collections saisonnières, mais à la semaine ; elles passent commande au jour le jour. Cette stratégie pourrait permettre une relocalisation du textile dans le nord de la France après vingt ans de fuite dans les pays à bas salaires.