Journal de l'année Édition 1991 1991Éd. 1991

Victime de la partialité d'un juge et d'un manque certain de compétition qui lui a fait commettre quelques fautes inhabituelles, Margit Otto Crepin n'a terminé que quatrième, alors qu'elle méritait le podium. Par équipes, la France s'est retrouvée sixième, à un rang qui reflète bien sa valeur actuelle, puisque aucun autre de ses représentants n'avait réussi à se qualifier pour l'épreuve individuelle.

Saut d'obstacles

Or pour Éric Navet, bronze pour Hubert Bourdy. Deux tricolores sur le podium d'un championnat du monde, cela ne s'était jamais vu. Et pas ceux à qui on pensait a priori, ce qui tend à prouver que le saut d'obstacles français est en excellente santé, qu'il a de la ressource. Qui, franchement, aurait osé penser qu'Éric Navet (29 ans) cumulerait la médaille d'or par équipes et en individuel ? Opportunité ! Voilà ce qui caractérise la merveilleuse aventure vécue par l'éleveur normand de la région de Bayeux. Jamais, on peut l'affirmer sans crainte, un cavalier n'a disposé d'aussi peu de temps pour accomplir la distance qui sépare la première compétition internationale d'un cheval du titre mondial. Encore faut-il savoir que sans les forfaits tardifs de Philippe Rozier et d'Hervé Godignon il n'aurait sans doute pas été sélectionné. Restait à gagner. À finir parmi les 4 premiers pour participer à la finale disputée sous forme de tournante : après tirage au sort de l'ordre d'entrée en piste, chacun des 4 finalistes monte d'abord son propre cheval puis successivement celui de ses trois adversaires. Ce n'est pas l'importance du parcours qui importe, mais la faculté de s'adapter aux montures. Et, dans cet exercice si périlleux où il est nécessaire d'apprivoiser et de résoudre des problèmes qui se posent à une cadence soutenue, Éric Navet s'est montré le plus performant, réalisant trois sans-faute. Jeu d'enfant pour celui qui a passé toute sa jeunesse à le faire pour le compte de l'élevage familial, puis pour le sien. Un constat que Greg Best, John Whitaker et Hubert Bourdy ont voulu confirmer en saluant unaniment le vainqueur comme le « meilleur du quatuor final ». La victoire d'un vrai champion, pas celle d'un usurpateur. En Coupe du monde, John Whitaker a parfaitement dominé son sujet, tandis que Pierre Durand a prouvé que l'on pouvait encore compter sur lui.

Championnats du monde
(Stockholm, 24 juillet-5 août)

Concours complet

1. Tait (N-Z), sur Messiach ; 2. Stark (G-B), sur Murphy Himself ; 3. Davidson (É-U), sur Pirate Lion.

par équipes : 1. Nouvelle-Zélande ; 2. Grande-Bretagne ; 3. RFA ; 6. France.

Dressage

1. Uphoff (RFA), sur Rembrandt ; 2. Kyrklund (Fin.), sur Matador ; 3. Theodorescu (RFA), sur Ganimedes.

par équipes : 1. RFA ; 2. URSS ; 3. Suisse ; 6. France.

Sauts d'obstacles

1. Navet (F), 4,5 pts (Quito de Baussy, 4 ; Gem Twist, 0 ; Milton, 0,5 ; Morgat, 0) ; 2. Whitaker (G-B), 13 pts (Milton, 0 ; Morgat, 8 ; Quito de Baussy, 4 ; Gem Twist, 0) ; 3. Bourdy (F), 20 pts (Morgat, 0 ; Quito de Baussy, 12 ; Gem Twist, 4 ; Milton, 4) ; 4. Best (É-U), 24 pts (Gem Twist, 4 ; Milton, 8 ; Morgat, 8 ; Quito de Baussy, 4).

par équipes : 1. France, 18,88 pts (Éric Navet), sur Quito de Baussy, 0 + 0 ; Hubert Bourdy, sur Morgat, 4 + 0 ; Pierre Durand, sur Jappeloup, 4 + 4 ; Roger-Yves Bost, sur Norton de Rhuys, 12 + 4 ; 2. RFA, 24,56 pts ; 3. Grande-Bretagne, 29,91 pts.

Coupe du monde
(Dortmund, 11-16 avril)

Sauts d'obstacles

1. Whitaker (G-B), sur Milton, 4 pts ; 2. Durand (F), sur Jappeloup, 12,50 pts ; 3. Sloothaak (RFA), sur Walzerkönig, 14 pts.

Escrime

Hors du temps

Il faut se rendre à l'évidence. L'escrime est devenue une activité confidentielle qui va irréductiblement disparaître du paysage sportif et audiovisuel pour ne pas avoir su évoluer avec son temps. À Lyon, où se sont disputés les championnats du monde, aucune épreuve n'a été télévisée en direct. Prévue à 15 h sur FR3, la finale du fleuret masculin n'a commencé que vers 19 h, obligeant les rares chaînes de télévision étrangères qui s'intéressent encore à l'escrime à annuler leur retransmission. Jamais on n'avait eu un tel retard. Autre exemple, les journaux n'ont pas accordé la moindre place à cet événement qui tombait malencontreusement en même temps que la Coupe du monde de football. Conséquence, la victoire du fleurettiste Philippe Omnès est presque passée inaperçue. Un comble au pays de d'Artagnan ! Bilan catastrophique dû au manque de professionnalisme des responsables, à l'incompétence du directoire technique, sous le couvert d'une Fédération internationale désuète, dont les membres, cependant, n'ont pas oublié de se rendre à un seul des cocktails offerts dans le village des sponsors. Dans la capitale des Gaules, les champions n'ont pas été les seuls à trinquer.