Journal de l'année Édition 1991 1991Éd. 1991

Christian Plaziat : or au décathlon et record de France avec 8 574 pts.
Tel un seigneur, il s'est imposé dans la discipline la plus prestigieuse et, avec sa tranquille assurance, a symbolisé l'ambition retrouvée de l'athlétisme français, dont il a été le chef d'orchestre.

Monique Ewanje-Épée : or au 100 m haies en 12″ 79.
Favorite de l'épreuve à la suite de ses victoires dans les grands meetings face aux athlètes des pays de l'Est, elle a su répondre présente le jour J, sans réaliser la course parfaite. C'est à ce genre de détail que l'on reconnaît une vraie championne et aussi le label d'un entraînement mené de main de maître par Jacques Piasenta.

Daniel Sangouma : argent au 100 m en 10″ 04.
À l'origine de la flambée générale du sprint français cette saison avec son record de France à 10″ 02, il n'a pas pu empêcher le vice-champion olympique, Linford Christie, de l'emporter. Habité par la rage de vaincre, il pense d'ores et déjà à Barcelone, où il lancera un défi aux meilleurs sprinteurs américains et mondiaux.

Jean-Charles Trouabal : argent au 200 m en 20″ 31.
Grâce à ses qualités de vireur et de finisseur, il a prouvé qu'il était l'égal des meilleurs sprinteurs mondiaux. En moins d'un an, le coureur des Ulis, dont l'avenir se situe sur 400 m, est passé de l'anonymat international au podium européen. Une progression fulgurante qui est loin d'être terminée.

Dominique Chauvelier : bronze au marathon en 2 h 15′ 20″.
Sur un parcours vallonné qu'il affectionne, il a été le seul à pouvoir résister à la coalition italienne au terme d'une course pleine de courage et de panache. Il est cependant regrettable que le meilleur marathonien français de l'année, Jean-Baptiste Protais, n'ait pas été sélectionné. Il pouvait lui aussi prétendre à une médaille.

Thierry Toutain : bronze au 20 km marche en 1 h 23′ 22″.
Il a fallu dix ans pour que ce policier parvienne à gagner une médaille au cours d'une grande compétition. En prenant des risques calculés, il a réalisé la prédiction de son entraîneur, Gérard Lelièvre, frustré tout comme lui du peu de médiatisation de la marche.

Maria Lelut-Rebello : bronze au marathon en 2 h 35′ 51″.
Consécration étonnante pour cette athlète expérimentée d'origine portugaise, qui, dans les conditions éprouvantes de Split (chaleur étouffante), a réédité l'exploit de Jocelyne Villeton au Mondial de Rome en 1987.

Marie-José Pérec : bronze au 400 m en 50″ 84. Record de France.
À court de préparation à la suite d'une blessure et d'un changement d'entraîneur, la capricieuse Martiniquaise a connu une réussite inespérée et démontré qu'elle valait déjà moins de 50″. Elle est avec Monique Ewanje-Épée le plus grand espoir olympique féminin français.

Annette Sergent : bronze au 10 000 m en 31′ 51″ 68. Record de France.
Grâce à sa science du train, la double championne du monde de cross (1987 et 1989) a redoré le blason bien terni du demi-fond français. Elle a également prouvé qu'elle avait le potentiel pour préparer les Jeux de Barcelone sur 10 000 m, distance si nouvelle pour elle qu'elle en est encore au stade des découvertes.

37″ 79 de bonheur

Au tableau lumineux du stade de Split, un chiffre : 37″ 80, rectifié peu après à 37″ 79. Max Morinière, Daniel Sangouma, Jean-Charles Trouabal, Bruno Marie-Rose, dans l'ordre du relais, viennent d'améliorer le record du monde du 4 × 100 mètres, véritable chasse gardée des Noirs américains, des êtres descendus tout droit d'une autre planète. Historique, car jamais une équipe de France n'avait réussi un tel exploit. En moins d'une minute, l'utopie était devenue réalité. L'affront que les sprinteurs britanniques leur avaient fait subir sur 100 et 200 m était enfin lavé. L'objet de leur haine une bonne fois pour toute remis à sa place. La deuxième, à 19 centièmes. Sur le podium, lorsque la Marseillaise a retenti, personne n'a pleuré. Dommage pour les amateurs de contes. Ils étaient bien en droit de rêver aux cinq cercles multicolores.