En 1990, l'archéologue Andrea Carandini a révélé les résultats de ses fouilles au Palatin : un tronçon de rempart daté de 730-720 av. J.-C, qui est l'indice certain de l'existence d'une ville. Avec cette date, qui est donc toute proche de 753, la préhistoire devient histoire.

Les Israéliens possèdent à nouveau leur Veau d'or. L'animal biblique a été exhumé à Ashkelon. Il ne s'agit que d'une statuette en bronze de dix centimètres, mais elle confirme l'existence du culte du veau divinisé, bien avant que n'éclate la célèbre colère de Moïse (1550 av. J.-C.)

En Chine, près de Xi'an, une nouvelle armée de guerriers de céramique est sortie de terre : des dizaines de milliers de statues qui escortaient la dépouille de l'empereur Jingdi (ii^e s. av. J.-C).

En France, l'activité a été considérable, mais les résultats, divers, apparaissent peu spectaculaires. Deux remarquables tombes aristocratiques à chars, des vii^e-vi^e s. av. J.-C, ont été découvertes à Diarville, en Meurthe-et-Moselle.

La recherche avance, le public suit

En cette fin de xx^e s., les résultats de l'archéologie sont brillants, grâce aux nombreuses équipes, aux méthodes scientifiques très poussées, ainsi qu'aux grands travaux qui ouvrent la voie aux fouilleurs (l'Eurotunnel, par exemple). Le champ ne manque pas de s'étendre, et le public se montre de plus en plus intéressé. L'archéologie industrielle est déjà classique : aujourd'hui, les ruines de Saint-Pierre de la Martinique, anéantie par une éruption volcanique en 1902, sont fouillées à l'instar de celles de Pompéi.

Victime de vols systématiques dans ses musées, l'Italie dilapide ses trésors. À Pompéi, le musée d'Herculanum a ainsi perdu plus de 200 bijoux anciens lors d'un hold-up.

Toutes considérations mercantiles mises à part, le public est attiré par les nombreuses reconstitutions et mises en scène. L'archéodrome de Beaune, par exemple, a été agrandi et perfectionné. Il est aussi remarquable que l'on puisse maintenant goûter à la cuisine romaine antique (approximative, il est vrai) un peu partout en Europe.

René Harot

Ventes

Pour le marché de l'art, 1990 restera une année pas comme les autres, une de ces dates charnières qui servent longtemps de référence, une saison riche en contrastes. D'une part, on a pu observer une crise sévère du marché de la peinture qui, curieusement, a semblé réjouir tout le monde ; de l'autre, la bonne santé retrouvée de certains secteurs qui semblaient délaissés et aussi l'émergence de nouvelles catégories de collections.

L'événement le plus marquant a été la dégringolade des tableaux modernes et contemporains, à tous les niveaux de prix et de qualité. Sur la lancée des grands records de novembre/décembre 1989, l'année avait pourtant bien commencé. Pour Paris notamment avec, après le record mondial sur Picasso (315 millions de F pour les Noces de Pierrette), l'apparition, fin mars, de la collection Bourdon et un nouveau feu d'artifice pour Vlaminck, Derain, Modigliani.

Quinze jours plus tard, le fiasco, à New York, de la collection Costakis de peintres de l'avant-garde soviétique (quatre vendus sur vingt !) aurait déjà dû alerter l'opinion. À New York, pourtant, deux nouveaux records venaient « confirmer » à la mi-mai la bonne santé du marché : 82,5 millions de dollars pour le Portrait du D^r Gachet, de Van Gogh, et 78,1 millions de dollars pour une version réduite du Moulin de la Galette, de Renoir, payés par le même industriel japonais ; mais ces deux ventes se soldaient, pour les autres toiles, par 40 % de rachats et des adjudications nettement au-dessous des estimations. En mai et juin, à Londres, à Paris, à Tokyo, la chute se confirma lorsque les invendus atteignirent jusqu'à 50 et parfois 60 %. Les estimations furent alors revues à la baisse de 25 à 30 %.

La drôle de crise

Les raisons de ce marasme ? L'essoufflement de la frénésie spéculative, la perte de confiance provoquée par l'adjudication contestée des Iris de Van Gogh en 1987 et le faux record de 307 MF obtenu grâce à un prêt de Sotheby's jamais remboursé ; puis la baisse du yen et la hausse des taux d'intérêt aux États-Unis et en Grande-Bretagne.