Mais c'est dans son projet pour le stade Charléty qu'il surprend le plus. Au premier abord, ce « buissonnement » de mâts, de câbles, de bielles et de tirants paraît une préoccupation bien « high-tech » pour Gaudin. Mais, en dépassant ces apparences, on retrouve dans le projet toute la maîtrise de Gaudin dans l'art des imbrications. Plus qu'une hardiesse technique, il faut sans doute voir une métaphore filée du bateau (déjà présente dans l'immeuble du CNOSF associé au stade) dans cet hérissement de filins et de haubans.

Un autre hérissement, de tours, celui-ci, nous est offert par la ville de Hongkong. Dernière-née, la tour de la Banque de Chine domine ses voisines de son pyramidion tronqué perché à 315 mètres. Ieoh Ming Pei signe ici un prisme irrégulier qui lance vers le ciel sa triangulation structurelle et illustre le goût de l'architecte du Louvre pour les formes géométriques et l'expression pure des contraintes techniques.

C'est sans doute pour consacrer cette mode que le grand prix national d'Architecture a été attribué cette année au jeune Francis Soler, auteur des trois parallélépipèdes transparents du projet du futur centre de conférences du quai Branly... Puisse cet usage de la transparence favoriser la clarté des intentions architecturales de ceux qui créent notre environnement bâti.

Jacques Florent

Histoire

La triple célébration du centenaire de la naissance du général de Gaulle, du cinquantenaire de l'Appel du 18-Juin et du vingtième anniversaire du décès de son auteur a donné un regain d'actualité à l'histoire de la France des années « quarante ».

Celle de la France vaincue et humiliée dont un gaulliste de gauche, F.-G. Dreyfus, réexamine les réactions et la politique dans une Histoire de Vichy (Perrin) dont il entend souligner les échecs mais aussi les réalités occultées, ce qui n'est pas sans susciter des controverses passionnées. Celle aussi de la France du défi que M. et J.-P. Cointet font revivre dans la France à Londres : renaissance d'un État, 1940-1943 (Complexe).

L'une et l'autre sont réinsérées par Maurice Agulhon dans le cadre séculaire retenu par cet auteur pour le cinquième et dernier volume de l'Histoire de France Hachette : la République : de Jules Ferry à François Mitterrand, 1880 à nos jours, dont il estime qu'elle est dominée par la puissante personnalité du général de Gaulle.

Un an après la célébration du « Bicentenaire » de 1789, J. Tulard et B. Yvert nous rappellent que la Contre-Révolution a été l'une des composantes majeures de ce temps de rupture et qu'il y a lieu d'en étudier les origines, l'histoire et la postérité (Perrin).

Grâce à une relecture critique des sources épigraphiques et iconographiques, notre connaissance des combattants grecs et romains est renouvelée par les ouvrages de V. D. Hanson, le Modèle occidental de la guerre. La bataille d'infanterie dans la Grèce classique, traduit par A. Billault (les Belles-Lettres), de F. Lissarague, l'Autre Guerrier. Archers, peltastes et cavaliers dans l'imagerie attique (la Découverte, École française de Rome), et de Y. Le Bohec, les Unités auxiliaires de l'armée romaine en Afrique proconsulaire et Numidie sous le Haut-Empire (Éd. du CNRS).

Les apports des recherches médiévales en histoire urbaine depuis près de quarante ans sont synthétisés par J. Heers dont la Ville au Moyen Âge en Occident : paysages, pouvoirs et conflits (Fayard) met l'accent sur la diversité des rapports sociaux qui s'y établissent. J. Delumeau approfondit l'étude des comportements religieux et familiaux dans l'Aveu et le pardon. Les difficultés de la confession (Fayard) et, en collaboration avec D. Roche, dans l'Histoire des pères et de la paternité (Larousse). Sous les formes plus classiques d'un Dictionnaire du Grand Siècle ou d'une biographie, Mazarin, également publiés chez Fayard, F. Bluche et P. Goubert nous proposent, le premier une étude analytique du xviie siècle, le second une approche nouvelle du cardinal-ministre, véritable maître à penser et à agir de Louis XIV.

Pierre Thibault

Archéologie

La fondation de Rome fut longtemps considérée comme mythique ; les anciens Romains eux-mêmes répétaient l'histoire de Romulus, de Remus et de leur louve nourricière, et admettaient du bout des lèvres que la ville avait été fondée en 753 av. J.-C. ; mais ils n'y croyaient pas. Au xxe s., les érudits ont répété à l'envi que tout n'était que fables. Toutefois, vers 1900, des fouilles pratiquées au mont Palatin et au Forum avaient déjà démontré que certaines cabanes rustiques dataient du ixe s. av. J.-C. Rome existait donc déjà.