Après une longue étude du dossier, la Commission européenne a donné son accord pour la construction à Dunkerque d'une usine d'aluminium du groupe Pechiney. Celle-ci, d'une capacité de 200 000 tonnes, emploiera 1 000 salariés. Elle représente un investissement de 4,5 milliards de francs et symbolise le retour en France de certaines industries lourdes grosses consommatrices d'énergie, qui avaient tendance à s'implanter dans les pays où cette dernière est peu onéreuse. Mise en service fin 1991, l'usine sera alimentée par la centrale nucléaire de Gravelines, ainsi assurée de placer son électricité.

Le tunnel sous la Manche devrait être achevé le 15 juin 1993. Son coût total atteindra au moins 54,5 milliards de francs (au lieu des 52,7 initialement prévus). Un nouvel accord conclu entre Eurotunnel, le maître d'ouvrage, et le constructeur Transmanche-Link, a entériné cette augmentation. La facture pour le matériel roulant a été revue à la hausse : elle représente 6,2 milliards de francs, au lieu de 2,2 milliards.

Le chantier du tunnel tombe à pic dans une région touchée par le chômage ; mais la main-d'œuvre disponible doit impérativement recevoir une formation spécifique. Pour financer les actions de formation, l'État a déboursé 39 millions de francs en 1989, la Région 15 millions, et l'on attend 73 autres millions dont 50 du Fonds social européen (FSE) et 23 des entreprises. Du côté français, 3 300 personnes travaillent sur le site dont 350 cadres, 400 employés et 2 500 ouvriers. La plate-forme du futur terminal de Coquerelles s'étendra sur plus de 500 ha pour les équipements liés aux transports, centres d'entretien, aires de stationnement, etc. Il faudra y ajouter 200 ha réservés aux activités économiques que les élus locaux souhaitent fixer : le terminal doit être un lieu d'attraction et non un simple lieu de passage.

La seconde ligne de métro de l'agglomération lilloise a été inaugurée le 1er avril ; elle s'étend sur 12 800 m et comporte 18 stations.

Normandie

Basse-Normandie

La dernière mine de fer de l'ouest de la France a cessé toute activité le 28 juillet. La mine de Soumont, à Potigny (Calvados), avait été ouverte en 1907. Cent dix-sept personnes y travaillaient encore. L'arrêt de l'exploitation a été dicté par le choix de la Société métallurgique SM Normandie, propriétaire et seul client de la mine, de ne plus traiter que du minerai d'hématite d'importation au lieu du minerai phosphoreux de Soumont.

Les nouvelles liaisons transmanche et les prix attractifs incitent les Britanniques à acheter des résidences secondaires en Normandie. Une chaumière dans le pays d'Auge coûte, en effet, deux à trois fois moins cher qu'un cottage dans le sud de l'Angleterre. En 1988, cinq mille Anglais sont devenus propriétaires en Normandie. À Honfleur, en 18 mois, ils ont acheté 40 % des maisons et des appartements mis en vente dans le centre ville.

Pour sauvegarder au moins 20 % du rivage, soit 120 km sur 600, le conseil régional de la Manche a élaboré avec le conservatoire du littoral un audacieux programme d'acquisition. Une vingtaine de sites prestigieux seront définitivement protégés, comme la baie du Mont-Saint-Michel, le cap de la Hague ou les polders de la baie des Veys, à l'embouchure du canal de Carentan.

Haute-Normandie

Exxon et Shell, les deux premiers groupes pétroliers mondiaux, ont décidé d'implanter à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime) la plus grosse usine chimique d'Europe par l'intermédiaire d'une société commune où ils sont associés à 50/50. L'investissement porte sur 1 milliard de francs. D'ici à 1991, 220 000 t de polyéthylène linéaire doivent être produites chaque année ; il s'agit d'un plastique résistant qui sert à la fabrication des emballages. Parallèlement, Exxon annonce la création pour son propre compte, et sur le même site, d'une usine de 140 000 t par an de polypropylène, pour la fabrication de pièces moulées destinées à la construction automobile, à la construction et à l'emballage. C'est encore 1 milliard de francs d'investissements prévus. Au total, 300 emplois seront créés sur le site, et 600 si l'on prend en considération les emplois induits.