C'est une enveloppe de 2,1 milliards d'écus qui a été décidée et il restera encore à répartir un reliquat d'un milliard d'écus. La France est intéressée par le premier train de projets puisqu'il s'agit d'aides aux Régions affectées par la crise des charbonnages (programme Rechar) et aux zones côtières particulièrement fragiles sur le plan de l'environnement (Envireg), notamment en Méditerranée. Le programme Stride, lui, doté de 400 millions d'écus, vise à renforcer les capacités régionales de recherche et à faciliter les contacts entre les centres de recherche, les laboratoires et les entreprises.

200 millions d'écus sont réservés à des programmes spécifiques en faveur des îles ultrapériphériques de la Communauté, à savoir les départements d'Outre-mer français, les Açores, les Canaries et Madère.

Enfin, et c'est l'essentiel, 700 millions sur 2,1 milliards entrent précisément dans le cadre de la coopération transfrontalière. En effet, à partir de 1993, ces zones, dont la caractéristique essentielle était d'être des zones frontières, deviendront des régions charnières, retrouvant non seulement leur unité géographique naturelle mais aussi une fluidité économique totale. Les zones privilégiées pour les aides communautaires sont les deux Irlandes, la frontière entre le Portugal et l'Espagne, la coopération transfrontalière de part et d'autre des Pyrénées, et, peut-être, demain les « franges » entre l'Europe de l'Ouest et les pays d'Europe de l'Est.

On a vu d'ailleurs, à la fin de 1989, se manifester, ici ou là, des idées de coopération entre régions occidentales et provinces d'au-delà du rideau de fer. À la conférence de Nantes, le 23 novembre, M. Olivier Guichard, président du conseil régional des Pays de la Loire, a déclaré : « Il serait souhaitable que des régions de l'Europe de l'Ouest s'associent pour engager ensemble une démarche concrète de coopération avec tel ou tel pays de l'Est. » Ainsi les Pays de la Loire pourraient, avec l'Émilie-Romagne ou avec l'Andalousie (avec lesquelles ils sont jumelés), proposer un contrat d'aide à la Hongrie ou à la Pologne sur des objectifs précis comme la formation de cadres. Cette déclaration intervenait quelques jours avant la réunion à Vienne de l'Association des régions d'Europe (ARE), présidée par l'Italien Emilio Bernini, à laquelle participèrent 150 régions occidentales et 25 orientales ainsi qu'un vice-Premier ministre soviétique.

Dernière dimension européenne de l'aménagement du territoire : le rôle des métropoles européennes ou, selon un j autre concept, des « eurocités ». Quelles villes françaises peuvent se prévaloir de ce label ? Paris, bien sûr, Lyon, Marseille, Strasbourg et encore Toulouse. Encore ne font-elles que partiellement ou occasionnellement « le poids » face à Londres, Bruxelles, Francfort, Milan, Barcelone... Ce qui n'empêche pas Lille, Montpellier, Bordeaux, Nantes de redoubler d'efforts pour se raccrocher au train des « grands ». Nantes, d'ailleurs, ambitionne de jouer un rôle d'entraînement pour toute la façade ouest atlantique et maritime, non seulement en France, mais de Belfort à Cadix. La métropole de l'estuaire de la Loire, en effet, voit sa situation géopolitique s'améliorer d'année en année avec un réseau d'autoroutes modernes, un aéroport flambant neuf et l'arrivée du TGV depuis septembre.

La décentralisation

La nouvelle a fait l'effet d'une petite bombe dans le monde politique, à la fin de septembre. Michel Charasse, ministre du Budget, a annoncé que l'État avait décidé de modifier les règles d'attribution de la dotation globale de fonctionnement (DGF) versée chaque année aux communes et aux départements. Le but du gouvernement est de faire des économies, d'inviter les collectivités locales à participer à l'effort général de modération des dépenses publiques et de leur demander de se mettre, elles aussi, à l'heure de l'Europe.

La DGF

Depuis une loi du 3 janvier 1979, la DGF, versée par l'État, était calculée en fonction des taux de TVA en vigueur à cette époque, et qui sont donc aujourd'hui fictifs. D'autant plus que, depuis trois ans, la France doit réduire ses taux, et par conséquent ses rentrées financières de TVA, pour cause d'harmonisation européenne. Jusqu'à ce jour, grâce à des taux garantis et à une bonne conjoncture économique, la DGF connaissait une croissance confortable et aucun élu ne voulait qu'on y touche. La DGF a rapporté 70 milliards de francs en 1987, 73,3 milliards en 1988 et 80,1 milliards en 1989, soit pour cette dernière année une progression – très forte – de 9,28 %.