Au terme de sa troisième saison, Mirapolis, le parc de Cergy-Pontoise, fait ses comptes : un endettement de plus de 300 millions et une chute de 30 % du nombre des entrées (670 000 en 1989 contre 1 million en 1988). En même temps, fort de l'expérience américaine, Euro Disneyland sort de terre près de Marne-la-Vallée : ses portes s'ouvriront en 1992 à une clientèle estimée à 10 millions de visiteurs par an... au début !

En 1988, le trafic annuel de la RATP a atteint 2,3 milliards de voyageurs, soit – malgré les grèves – une hausse de 1,6 % par rapport à 1987. C'est l'autobus qui progresse le plus avec une hausse globale de 4 %. En surface, la situation est proche de l'asphyxie. Aucun nouvel espace n'est aménageable pour la circulation ou pour le stationnement ; il entre chaque jour 1 350 000 véhicules dans la capitale ; les immatriculations ont augmenté de 10 % en 10 ans. La vitesse moyenne de circulation aux heures de pointe est de 15 km/h et de moins de 10 pour les autobus. Un milliard d'heures sont perdues chaque année. Paradoxalement, les rues tuent de plus en plus (114 morts en 1988).

Le contrat de plan État-Région Île-de-France, signé le 25 avril pour la période 1989-1993, fait la part belle aux communications : sur un engagement total de 23 milliards de francs, 11 sont consacrés aux routes et 7 aux transports en commun.

Languedoc-Roussillon

Paré du titre de « site mondial » décerné par l'UNESCO, le pont du Gard est l'un des cinq monuments les plus visités de France (2 millions de personnes par an) ; mais sa renommée s'accompagne d'une pollution grandissante et les retombées économiques sont très faibles pour la région. Un premier projet qui transformait ses abords en un Luna Park vaguement gallo-romain ayant été rejeté, la Commission nationale des sites a retenu un plan plus modeste. Après la phase de restauration et de nettoyage, viendra celle de l'aménagement avec des parkings aux extrémités nord et sud, un équipement culturel, un « parcours ethnobotanique », etc.

Le coût de l'opération est estimé à 320 millions de francs dont le quart sera financé par subvention publique ; mais elle entraînera aussi la création de 200 emplois à plein temps qui seront appréciés dans ce département qui compte plus de 11 % de chômeurs.

Le projet de barrage de La Borie, sur le Gardon de Mialet, prend l'aspect d'une « dragonnade technologique ». Il s'agit, derrière un mur de béton de 46 m de haut, de retenir un lac de 23 millions de mètres cubes d'eau qui permettra d'irriguer toute la Gardonnengue, entre Alès et Nîmes, mais qui détruira aussi une vallée sauvage, refuge de castors et de cincles plongeurs. D'où les manifestations des Verts... et des paysans cévenols attachés à leur vallée, haut lieu de la communauté huguenote qui se rassemble chaque année au musée du Désert tout proche.

Limousin

Le Limousin, qui a longtemps souffert de son enclavement, est en train de se transformer. En effet, une plateforme internationale de fret va être réalisée à Limoges, dans la perspective de la liaison autoroutière ininterrompue de Calais à Barcelone par Paris, Toulouse et le tunnel de Puymorens. Limoges, au centre de la liaison, se trouve en position d'étape idéale. Cette plateforme intéressera les transporteurs routiers, ferroviaires et aériens. Elle comprendra une aire d'accueil pour les poids lourds, des installations de stockage et de conditionnement, des bureaux de douanes et de fret.

EUROLIM : sous ce sigle, les éleveurs de bovins limousins se sont constitués en fédération, se donnant notamment pour but de généraliser la rigueur génétique qui a suscité l'engouement actuel pour la race et l'envol des prix des reproducteurs (161 000 francs pour le taureau « Don Juan », le 15 juin aux enchères). En effet, la race limousine est aujourd'hui la plus exportée dans le monde et cinquante-huit pays possèdent des troupeaux limousins dont le suivi est assuré par l'International Limousine Council.

Limoges organise le quatrième carrefour international céramique. L'effort de modernisation poursuivi par les porcelainiers a été couronné de succès, puisque leur chiffre d'affaires a augmenté de 15 % cette année.

Lorraine

Le bassin houiller de Lorraine (d'où moins de 9 millions de tonnes ont été extraites en 1988) cherche toujours des solutions de remplacement. Le groupe Orkem (ex-CDF Chimie) a lancé un plan d'investissement de 1,5 milliard de francs sur 3 ans, qui fera de l'unité de Carling-Saint-Avold en Moselle l'une des plates-formes chimiques les plus modernes d'Europe. L'enveloppe des investissements sera divisée en trois parts égales : 500 millions de francs pour la pétrochimie et l'augmentation de la production de « polystyrène choc » (utilisé pour la fabrication de pots de yaourts, des boîtiers arrière de téléviseurs ou des boîtes de disques compacts) ; 500 millions pour le développement de la chimie acrylique (l'acide acrylique entre dans la composition des peintures, papiers glacés, couches-culottes, Plexiglas...) ; 500 millions pour des opérations de modernisation des installations et de protection de l'environnement. Seule ombre au tableau : la modernisation implique davantage de suppressions que de créations de postes. Ainsi, le site de Carling emploiera 2 142 personnes en 1992, contre 2 500 en 1989.