Journal de l'année Édition 1990 1990Éd. 1990

Au classement féminin, Nathalie Tauziat a conservé la tête. La Tropézienne peut, en effet, se prévaloir d'une bonne tournée estivale américaine, qui l'avait conduite parmi les 20 premières mondiales. Sa dauphine n'est autre que son amie et ex-camarade d'entraînement, Isabelle Demongeot. Karine Quentrec apparaît en 3e position, en progression de cinq places.

Monde

Malgré ses victoires à Wimbledon et à Flushing Meadow, précédant son triomphe en coupe Davis, Boris Becker a été devancé au classement de l'ATP par Ivan Lendl qui, pour sa part, s'est imposé aux Internationaux d'Australie et dans neuf autres tournois de seconde catégorie. En valeur pure, les performances de l'Allemand ont pourtant été supérieures à celles du Tchécoslovaque, même si ce dernier s'est montré plus régulier sur l'ensemble de la saison. Le jury de la Fédération internationale ne s'y est d'ailleurs pas trompé, puisqu'il lui a décerné le titre de champion du monde 1989, ainsi qu'à sa compatriote Steffi Graf. En vedette également au cours de cette année riche en révélations, Michaël Chang, devenu, à 17 ans à peine, le plus jeune vainqueur de l'histoire de Roland-Garros, et Stefan Edberg, victorieux au mois de décembre à New York du Masters, épreuve qui réunit les huit meilleurs du moment. Groupe dans lequel ne figurait pas Mats Wilander, qui, confronté à des problèmes familiaux et las des efforts fournis en 1988 pour parvenir au sommet, s'est contenté de faire de la figuration. Or, pour rester le numéro 1 mondial, il faut être féroce, agressif et arriviste en permanence, sinon on se retrouve vite dépassé par ceux qui ont un comportement de « killer ». Le tennis actuel ressemble à une jungle terrible sur les cours et en dehors. Seuls les plus forts en sortent indemnes, à l'image de John McEnroe, dont le retour parmi les cinq premiers mondiaux a réjoui les amoureux du tennis en liberté. Et peu importe si ses caprices d'enfant gâté en indisposent certains, car le magnifique spectacle qu'il offre au public mérite bien qu'on lui pardonne ses écarts de conduite et de langage.

Comme en 1988, Steffi Graf a exercé sa suprématie sur le tennis féminin. Seule Arantxa Sanchez est, en effet, parvenue à la dominer lors d'un tournoi du Grand Chelem. À Roland-Garros, en l'occurrence, où la championne du monde en titre, diminuée par les séquelles d'une indisposition gastrique, n'a pas eu les ressources nécessaires pour repousser les assauts déterminés de sa jeune rivale espagnole, à la fois ravie et étonnée de cette victoire inattendue. En réalité, aucune joueuse sur le circuit international n'est actuellement capable d'inquiéter Steffi Graf. Malgré leur enthousiasme, son vainqueur de Paris et la future étoile yougoslave Monica Seles (moins de 16 ans) manquent encore trop d'expérience et restent surtout des spécialistes de la terre battue. Quant à la ravissante Gabriela Sabatini, depuis qu'elle s'est mise à la musculation, elle a perdu en dynamisme et en vitesse ce qu'elle a gagné en puissance. Enfin, Martina Navratilova et Chris Evert, les deux inséparables des années 80, songent plus à la retraite qu'à de nouveaux triomphes, dont elles semblent rassasiées. Hélas pour ses adversaires, le règne de Steffi Graf, tout juste âgée de 20 ans, vient à peine de commencer même si pour elle le bon temps des victoires expéditives va bientôt se terminer.

Michaël Chang : Le triomphe du « bébé dragon »

Michaël Chang est devenu à 17 ans et 3 mois le plus jeune vainqueur des Internationaux de France et a mis un terme à 34 années d'absence des États-Unis au palmarès de Roland-Garros (Toni Trabert avait gagné le tournoi en 1954 et 1955). Sa victoire en finale face au Suédois Stefan Edberg, la plus captivante de la décennie avec celle de Lendl-McEnroe en 1984, lui a donné la dimension d'un phénomène dont les matches sur le central de la porte d'Auteuil ont à la fois désorienté et enthousiasmé les spectateurs. Ainsi, en huitièmes de finale, il a réussi à déstabiliser Ivan Lendl en servant à la cuillère aux moments cruciaux de la partie ou en attendant son engagement au milieu du court. Lorsqu'on connaît le sang-froid et la maîtrise du champion tchécoslovaque, qui n'a pourtant pas l'habitude de se laisser impressionner par ce genre de pitreries, cela tient du prodige. À se demander même si Michaël Chang ne détient pas un pouvoir hypnotique qui fait perdre toute lucidité à ses « ennemis ». Plus sérieusement, le problème essentiel que pose le jeune Américain à ses opposants est celui de la conclusion de l'échange, fût-il le mieux construit. Car, doté d'un jeu de jambes exceptionnel et d'une vitesse de bras hors du commun, il a l'avantage de pouvoir jouer à l'intérieur du terrain en frappant la balle très tôt après le rebond, ce qui le rend difficile à déborder. S'il veut marquer un point, son rival est obligé de prendre un maximum de risques et, à ce genre d'exercice, il est rarement gagnant sur une surface qui favorise les défenseurs. En réalité, et l'on s'en est vite rendu compte au cours de cette quinzaine de Roland-Garros, avec son système de jeu entièrement fondé sur le contre, puisque son service est pratiquement inexistant, Michaël Chang fait mal jouer ses adversaires. C'est en quelque sorte un « briseur » de tennis. C'est là sa grande force, plus que sa foi en Dieu, qu'il a évoquée à plusieurs reprises pour expliquer son triomphe parisien.

Internationaux d'Australie
(Melbourne, 16-29 janvier)

Simple messieurs

Demi-finales : Lendl (T) b. Muster (Aut.), 6/2, 6/4, 5/7, 7/5 ; Mecir (T) b. Gunnarsson (S), 7/5, 6/2, 6/2.