Face à la montée des revendications dans la fonction publique, le gouvernement de Michel Rocard ne refuse pas le dialogue mais ne cède pas et reste ferme dans ses choix politiques, estimant l'économie « convalescente » et donc encore nécessaires l'amélioration de la situation des entreprises et la modération salariale. En revanche, le gouvernement change de procédé en passant progressivement du traitement au cas par cas à une méthode plus globale. Face à un parti socialiste de plus en plus critique envers sa politique sociale, le Premier ministre multiplie les initiatives au cours de l'automne. Partisan de la rénovation du secteur public, il propose en septembre un pacte de croissance qu'il inscrit dans le cadre de ses « 11 travaux d'Hercule » : selon le théorème des trois tiers, les fruits de la croissance doivent se répartir équitablement entre l'emploi, l'investissement et la formation, et le pouvoir d'achat. De même, une prime de croissance de 1 200 F est allouée en novembre à tous les fonctionnaires et une réforme de la grille de la fonction publique est engagée. Parallèlement, d'autres mesures plus particulières sont prises en faveur des exclus (loi sur la prévention du licenciement économique, nouveau plan emploi, RMI, logement social et crédit formation).

Dominique Colson

Budget

Les dépenses publiques sont en assez forte progression (+ 5,3 %) et atteignent 1 217,7 milliards de francs. La hausse s'explique surtout par l'accroissement des dépenses liées au paiement des intérêts de la dette (+ 17,6 %). Par l'affectation des crédits comme par la création d'emplois (solde positif net de 7 800 postes), les efforts portent dans trois directions. La solidarité s'exerce au moyen de mesures prises en faveur du logement social (+ 17 %), de l'emploi, du Revenu minimum d'insertion (RMI) et par l'aide publique au développement. La préparation de l'avenir passe par les efforts consentis en faveur de l'éducation (+ 8,7 % et création de 13 540 postes), de la formation, de la recherche (+ 7 %) de la culture (+ 7,6 %) et par la modernisation et la rénovation du secteur public : un pacte de croissance a été lancé dans la fonction publique et les secteurs privilégiés, dont la justice (+ 7 % et 2 054 nouveaux emplois) et la police (+ 7,2 %).

Avec 1 127,5 milliards de francs, le recettes publiques progressent de 6,8 %. Les allégements d'impôts représentent 16,7 milliards de francs. Dans l'optique du marché unique européen, les principales mesures favorisent les entreprises (baisse de l'impôt sur les sociétés pour les bénéfice réinvestis et crédits d'impôt pour la recherche et la réduction du temps de travail) et les revenus de l'épargne. D'autres mesures privilégient l'égalité financière : baisse de la TVA et de la taxe d'habitation pour les plus démunis, mais alourdissement de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), mesure fiscales moins généreuses pour les propriétaires et moralisation des stock options pour les cadres.

La réduction du déficit budgétaire reste prioritaire. Il passe de 100,5 à 90,2 milliards de francs. En dépit d'un accroissement des dépenses et d'un allégement des impôts, cet effort es rendu possible par la croissance de l'économie.

Dominique Colson

Politique économique

Estimant l'économie française encore « convalescente », le gouvernement poursuit la même politique économique. Ses objectifs restent la compétitivité des entreprises, seule capable d'améliorer l'emploi, et la désinflation.

La rigueur économique est maintenue : le déficit budgétaire est encore réduit ; la politique monétaire se consacre à la défense du franc par la hausse des taux d'intérêts mais aussi au ralentissement de la croissance excessive des crédits ; la modération salariale est toujours recommandée. En revanche, les mesures en faveur de l'emploi se multiplient : la loi relative à la prévention du licenciement économique et au droit à la conversion est adoptée le 2 août ; un deuxième plan emploi est annoncé le 13 septembre ; il confirme et prolonge le précédent en combinant traitement économique (encouragement à l'embauche par allégement des charges et incitation à la réduction du temps de travail) et traitement social.