Enfin, la coordination des politiques se précise. Libéralisme oblige, la plupart des pays s'emploient à rendre leur économie plus flexible et plus efficace par un renforcement des mécanismes du marché et à promouvoir une croissance soutenue mais équilibrée dans des conditions de faible inflation grâce à des politiques monétaires et budgétaires judicieuses. De même, les pays sous-développés sont priés – ou plutôt contraints – de suivre des politiques d'ajustement structurel tandis que la communauté internationale s'engage à examiner régulièrement les moyens d'alléger le fardeau de leur dette.

La défense du multilatéralisme

L'amélioration du système commercial est tout aussi importante. L'accord général sur les tarifs douaniers et sur le commerce, communément désigné par son sigle anglo-saxon GATT, est un traité multilatéral conclu le 30 octobre 1947 (mais jamais ratifié), chargé de définir un code assurant à tous les pays membres des possibilités de commerce équitables.

Signé à l'origine par 23 pays, il concerne aujourd'hui 97 « parties contractantes », qui représentent près de 90 % des échanges mondiaux, et 28 autres pays qui appliquent de facto les règles de l'accord. Son objectif fondamental est la défense du libre-échange. À cette fin, le GATT est constitué par un ensemble de principes (réciprocité, non-discrimination, transparence...) qu'il est chargé de faire respecter tout en admettant une certaine souplesse (clause de sauvegarde, traitement différencié et plus favorable pour les pays sous-développés), en même temps qu'il représente une tribune où les pays peuvent discuter et résoudre leurs différends commerciaux et négocier entre eux en vue d'un éventuel renforcement du libre-échange.

La libéralisation s'est étendue par le lancement périodique de grandes négociations commerciales multilatérales (NCM) qui visent à affiner les règles et à supprimer progressivement les barrières aux échanges. Déjà sept cycles de négociations ont été menés : les six premiers (le Kennedy Round de 1964-1967 restant le plus important) avaient pour objectif l'abaissement des obstacles tarifaires ; le septième, ou Tokyo Round, de 1973-1979, s'attaquait en plus aux contraintes non tarifaires.

C'est dans l'environnement conflictuel actuel qu'un huitième cycle – l'Uruguay Round – est en cours de négociation. Ce nouveau « Round », qui s'est engagé en septembre 1986 à l'initiative des Américains et qui devrait s'achever à la fin de l'année 1990, va beaucoup plus loin, conformément aux souhaits de ces derniers.

La négociation porte non seulement sur les sujets traditionnels, à savoir la libéralisation plus poussée des échanges de marchandises (obstacles tarifaires et non tarifaires) et le renforcement, voire la révision des disciplines du GATT, mais s'ouvre également sur des domaines jusqu'alors protégés par l'accord même, comme le textile ou surtout l'agriculture. Elle introduit aussi de nouveaux thèmes qui n'étaient pas encore prévus par le GATT : adoption d'un code de conduite facilitant le développement des échanges de services, défense de la propriété intellectuelle (lutte contre la contrefaçon) et mesures relatives aux investissements.

Après une phase préparatoire qui a fait apparaître des contradictions flagrantes entre les partenaires, mais qui a permis la clarification et le rapprochement des positions, une réunion de mi-parcours a eu lieu à Montréal en décembre 1988. Onze chapitres ont été approuvés, mais, sur quatre autres (agriculture, textile, clause de sauvegarde et propriété intellectuelle), l'accord n'a pu être réalisé. En particulier, la mésentente sur la question agricole a bloqué l'ensemble du « Round ». Ce n'est qu'en avril 1989, lors d'un rendez-vous de rattrapage, qu'un compromis a été finalement trouvé, permettant ainsi de relancer la NCM jusqu'à son échéance.

Le succès de la négociation constitue maintenant l'ultime chance d'écarter le spectre de la guerre commerciale « ouverte ».

Le différend agricole

Le secteur agricole est considéré depuis toujours comme un secteur à part qui échappe pour l'essentiel à la discipline du GATT ; mais il est également vrai que les politiques nationales ou régionales de soutien à l'agriculture ont pris peu à peu une importance croissante. Elles visent tout autant à défendre les revenus des agriculteurs qu'à protéger les pays de la concurrence extérieure, à la fois par des obstacles à l'importation et par des subventions à l'exportation.