Dans la recherche du leadership industriel et technologique, les inégalités de capacité et les inégalités d'adaptation expliquent les changements de position des nations industrielles au sein de la hiérarchie économique, comme le montre une étude du CEPII (Centre d'études prospectives et d'informations internationales). La suprématie du Japon (et, dans sa foulée, celle des NPI) qui cumule une bonne spécialisation – en dominant des filières comme l'électronique, l'automobile et le matériel électrique – et une forte compétitivité, est indéniable. De même, les États-Unis sont-ils assez bien spécialisés puisqu'ils restent puissants dans les produits à haute technologie et à forte demande, et bien qu'ils aient perdu leur prééminence à cause d'un déficit industriel qui reflète leur manque de compétitivité.

La CEE, en revanche, subit un déclin relatif dans la mesure où sa spécialisation est moins bien assurée que celle de ses partenaires et que la RFA reste attachée à ses avantages « acquis » en se cantonnant dans des secteurs traditionnels (mécanique, matériel de transport, chimie) qu'elle maîtrise parfaitement en raison de son excellente compétitivité. Preuve du moindre dynamisme de l'Europe, le commerce transpacifique (dans le triangle Japon – États-Unis – pays d'Asie en développement) dépasse le commerce transatlantique (Amériques – Europe – Afrique) depuis 1984.

L'inégalité des situations rend la compétition plus agressive. La nécessité d'améliorer ou, au moins, de préserver sa position pour rester dans la course économique mondiale passe par des phases successives de conciliation (par exemple, par la coopération interentreprises) et de confrontation. La bataille pour le contrôle des marchés conduit à une restructuration accélérée des entreprises qui, à terme, sonne le glas de la concurrence puisqu'elle renforce la concentration des multinationales.

Par l'intermédiaire de leurs entreprises, les nations s'affrontent et participent à cette guerre de positions. Certes, la meilleure des protections est encore d'être le meilleur, mais, inversement, pour éviter d'être éliminés, les États se trouvent parfois dans la nécessité d'intervenir pour permettre aux entreprises de combler leur retard ou pour conforter leur avance. La politique commerciale apparaît ici comme « stratégique » et à la limite de la politique industrielle où le protectionnisme – un protectionnisme délibérément offensif – est un moyen (mais non une fin) parmi d'autres de « gagner ».

Les efforts de coopération internationale

Face aux dangers d'escalade, des efforts permanents sont produits pour tenter d'améliorer la concertation internationale, surtout depuis le début des années 1980. Leur objectif est d'éviter que la confrontation des égoïsmes nationaux ne mette en péril un monde devenu étroitement interdépendant, pour au contraire privilégier l'intérêt collectif. Ses résultats sont inégaux. La coopération est mise en œuvre dans le cadre d'organisations internationales comme le FMI (Fonds monétaire international) ou l'OCDE et surtout – preuve de leur position dominante – à l'occasion des Sommets annuels où se retrouvent depuis 1974 les pays les plus industrialisés, membres du Groupe des Sept.

Toutes ces réunions soulignent la nécessité primordiale de savoir résister au protectionnisme et de corriger, si possible en douceur, les déséquilibres extérieurs. Le Japon et l'Allemagne fédérale se sont engagés à suivre des politiques destinées à renforcer leur demande interne et à réduire leurs excédents extérieurs. De même, depuis 1988, les quatre Dragons sont-ils également invités à participer à l'effort mondial de rééquilibrage. À l'exemple du Japon, ils sont incités à ouvrir davantage leurs marchés, à réévaluer leurs monnaies et aussi à investir plus largement à l'étranger. Inversement, les pays déficitaires, et en premier lieu les États-Unis, sont encouragés à dépenser moins et à réduire leur déficit budgétaire. De même, en raison de l'impact négatif sur les échanges commerciaux d'une volatilité excessive des taux de change, une coopération monétaire a-t-elle été mise en place. L'objectif commun, depuis les accords du Plaza, à New York, et du Louvre, à Paris (septembre 1985 et février 1987), réaffirmé depuis, lors de chaque réunion, notamment à Washington le 23 septembre 1989, est d'essayer de stabiliser les monnaies (et surtout le dollar) grâce à l'intervention des Banques centrales sur les marchés des changes.