À Limoges, les 35 entreprises de porcelaine emploient 2 900 salariés. Ils étaient 120 000 au début du siècle. Avec les activités d'amont (construction de fours, production de matières premières...) et d'aval (décoration, commerce...), l'activité de la porcelaine assure 6 000 emplois industriels et tertiaires. Mais les 35 entreprises limougeaudes pèsent, économiquement parlant, deux fois moins lourd que la seule entreprise allemande Hutschenrerter. La perspective du marché unique obligera l'industrie locale à se moderniser tôt ou tard, c'est-à-dire à se concentrer.

Le groupe de réflexion « Limousin 2007 » s'est constitué pour établir un état des lieux et bâtir une stratégie pour les vingt ans à venir. Au passif, une mauvaise image de marque de la Région, l'enclavement routier, la dénatalité (59 % de familles sans enfant), des investissements insuffisants, une faible productivité de l'industrie. Mais aussi des atouts à mettre en valeur : le premier troupeau français de race à viande, un pôle de recherche en céramique technique, l'Institut de recherche en communications optiques et micro-ondes, sans oublier la filière bois, ni la production d'uranium et d'or.

Lorraine

Le Plan Chérèque présenté en 1988 octroie un milliard de francs à la reconversion du bassin houiller de Lorraine pour lui permettre de réduire ses handicaps et de retrouver une nouvelle force économique. Jacques Chérèque, ministre délégué à l'Aménagement du territoire et aux Reconversions, va donc mettre en œuvre un plan qu'il avait lui-même préparé alors qu'il était préfet et délégué à la reconversion de la Lorraine. Le programme porte sur six domaines principaux : les friches industrielles (300 ha de friches répartis sur vingt sites devront être traités en cinq ans), l'amélioration de l'infrastructure routière, l'aide aux entreprises, la création de nouvelles filières dans l'enseignement, la rénovation de l'habitat et enfin l'artisanat.

Créée en 1967 pour aider les régions sinistrées, la Société pour favoriser l'industrialisation des régions minières (SOFIREM), filiale des Charbonnages de France, intervient en Lorraine, conjointement avec le Fonds d'industrialisation du bassin houiller lorrain (FIBH). Les investissements se portent volontiers sur les industries plastiques, traditionnellement absentes en Lorraine, mais qui bénéficient de la présence d'Orkem et de la Solvay. La Société Rehan est devenue leader en France sur le marché des profilés PVC et Styrodel s'apprête à lancer un nouveau polystyrène révolutionnaire, le bétostyrène. Aujourd'hui, c'est près de la moitié de la population active de la Moselle qui est employée directement ou indirectement dans la plasturgie, dont 10 % d'anciens mineurs. Le groupe norvégien Norske Skogindustrier (NSI) projette d'installer une unité de production de papier-journal sur la zone industrielle de Golbey (Vosges), près d'Épinal, fief de Philippe Séguin. L'usine, qui pourrait entrer en service en 1990, produira 200 000 tonnes de pâte à papier par an (30 % de la production française) et emploiera à terme 400 salariés.

En matière de communication – puisque telle semble être la vocation de Metz –, la bataille du câble, engagée dès 1973, semble gagnée par la capitale lorraine ; Metz possède en effet le réseau câblé le plus développé en France avec 25 000 abonnés qui reçoivent 18 chaînes de télévision pour moins de 1 000 F par an. La toute première banque de données télématiques de France, Mirabel, est développée à Metz.

La technopole « Metz 2000 », premier parc technologique européen spécialisé dans le domaine du logiciel et de la communication, cher au cœur de M. Jean-Marie Rausch, maire, président du conseil régional et ministre, devient une réalité bien vivante face au parc rival de Nancy-Brabois. Une soixantaine d'entreprises y sont installées, employant mille personnes, sans compter les emplois induits.

À Hagondange, sur le terrain d'un ancien haut fourneau désaffecté, le parc de loisirs baptisé « le Nouveau Monde des Schtroumpfs » est en voie d'achèvement. Situé au carrefour de quatre pays, il peut drainer un public de 60 millions de personnes dans un périmètre de 300 km (contre 30 millions de visiteurs potentiels pour Eurodisneyland). Il ouvrira ses portes au printemps 1989 et permettra l'emploi, dans un premier temps, de 150 permanents, en attendant les 3 000 emplois prévus à terme.